Premier objectif des fabricants de cartes à puce : passer le cap du concept et montrer que “ça marche”. Coup de bluff technique ou véritables produits,…
Premier objectif des fabricants de cartes à puce : passer le cap du concept et montrer que “ça marche” . Coup de bluff technique ou véritables produits, les Gemplus, Schlumberger, Bull, Oberthur, Orga et autres développeurs d’applications pour cartes disposent désormais d’une arme redoutable : le logiciel. Et, avec la montée en puissance des composants matériels, l’imagination des chercheurs se débride. Ainsi, alors que le porte-monnaie électronique n’en était qu’à ses balbutiements en France, des expériences voyaient le jour ponctuellement aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, ce sont les déve- loppements pour cartes SIM (Subscriber Identity Module, pour la téléphonie mobile) qui mobilisent le plus de matière grise. De façon générale, les pays nordiques – Suède en tête – se révèlent moteurs. Finalement, tout cela arrive en France. Et marche plus ou moins. Voici quatre exemples, choisis chez les quatre principaux fabricants de cartes. Quatre voies représentatives des possibilités de la carte, tant en termes de support mémoire – sa vocation initiale – qu’en matière de sécurisation de dialogues et de calculs. Des exemples tout droit sortis des laboratoires, qui donnent une idée du potentiel de la carte à puce.
Plus de frontière entre mobiles nord-américains et européens Schlumberger, avec Simera Gait voudrait s’imposer aux Etats-Unis.
Les fabricants de cartes à puce ont fait leur le rêve américain. Or, Schlumberger pourrait le voir se réaliser avec sa carte Simera Gait, qui ouvre à la fois la porte du GSM, de l’AMPS et du TDMA. Elle donne ainsi accès à la fois au réseau de téléphonie mobile européen (GSM) et nord-américain (AMPS et TDMA). Avec un tel produit, un opérateur présent sur les deux continents proposera des services identiques à ses abonnés, d’où qu’ils viennent et où qu’ils se trouvent. La technologie fonctionne classiquement sur des processeurs à 8 ou 16 bits et des cartes à mémoire Eeprom de 32 Ko. Bien sûr, la carte est compatible avec les spécifications SIM Tool Kit, et elle peut embarquer des applications Java. Les opérateurs GSM étant très avancés en matière de services, l’astuce de la Simera Gait consiste à permettre aux abonnés outre-Atlantique de bénéficier des services de la carte à puce. Mais là, la question relève du marketing, les Américains n’ayant pas encore – loin de là – adopté cet outil si familier dans l’Hexagone.
Des agents intelligents, et le dialogue s’instaure entre la carte et le Web La carte iSimplify!, développée par Bull, dialogue directement avec Internet.
Désormais, la carte à puce communique directement avec la Toile. Bull vient en effet de doter un modèle de fonctions lui permettant de dialoguer selon le protocole IP, en mode client ou serveur. iSimplify! – c’est son nom – est censée concilier deux mondes aux cultures diamétralement opposées : Internet, pour le sécuriser, et la carte, pour y introduire enfin un standard. Principales applications : la connexion à distance, la gestion des sites favoris, et celle des mots de passe. Une fois la connexion établie, la carte prend possession du numéro IP de son hôte – il peut s’agir d’un téléphone mobile, d’un PC, d’une Web TV ou d’une borne Internet. Ensuite, elle dialogue directement avec le Web. En mode client, elle initie la session IP ou lance des requêtes sur le réseau. En mode serveur, elle reçoit et traite des requêtes provenant d’un client distant. La carte peut même contenir une page d’accueil personnelle. Contrairement à un serveur distant, elle est toujours disponible. En revanche, les opposants à cette solution lui reprochent la puissance réduite des processeurs embarqués actuels, ses faibles capacités mémoire, et la difficulté à gérer cette mémoire. Le dialogue entre la carte et le Web repose sur une technologie baptisée Oversoft. Elle utilise des agents, les ” smart agents “, modules spécialisés dans les différents protocoles disponibles sur Internet (HTTP, FTP, Gopher, IRC, etc. ). Ils permettent à la carte de traiter une requête de niveau IP en la traduisant dans un langage qu’elle comprend. Une requête lancée par la carte suit le schéma inverse. L’utilisation de cette carte impliquera l’installation de plug in sur le navigateur, que l’on pourra, selon Bull, télécharger de son site. Cette architecture autorise donc des échanges directs entre la carte et Internet, et non plus un simple passage de relais vers un hôte plus puissant – par exemple, un PC.
Une carte SIM dotée d’une mémoire d’éléphant La carte Pinocchio, conçue par Gemplus, réussit l’exploit de contenir 2 Mo de mémoire.
En matière de cartes à puce, l’un des événements du dernier Telecom Genève, qui s’est tenu à l’automne 1999, a sans nul doute été Pinocchio. Cette carte SIM, prototype conçu par Gemplus, adresse quelque 2 Mo de mémoire. Objectif avoué à l’époque : montrer que la carte peut largement dépasser les 64 Ko, voire les 128 Ko au maximum actuels. Et envisager, par exemple, d’enregistrer plusieurs milliers de contacts. Mais la prouesse technique ressemble davantage à un coup publicitaire, car le numéro un mondial de la carte à puce se trouve bien en peine lorsqu’il s’agit de penser fabrication à grande échelle. Pour atteindre cette quantité de mémoire, les ingénieurs de Gemplus ont associé une mémoire Eeprom (Electrically Erasable and Programmable Read Only Memory) à une autre, de type Flash. La première, utilisée dans toutes les cartes à puce, présente l’avantage d’un adressage très fin, bit par bit. Un atout considérable compte tenu de l’importance de la moindre parcelle de mémoire. L’atout de la seconde réside dans la densité. Mais elle utilise un type d’adressage plus grossier, puisque par blocs de plusieurs Ko chacun. En principe disponible à partir de mi-2001, Pinocchio devrait se décliner en deux versions. La première se contentera de 1 Mo et sera soumise pour conformité avec la troisième génération de cartes SIM à l’Etsi (European Telecommunication Standards Institute). La seconde, une carte SIM de type plug in, sera dotée de 2 Mo.
Des connexions sécurisées entre un téléphone WAP et un serveur SIMphonIC, d’Oberthur : la carte SIM s’adapte au WAP.
Oberthur Card System a présenté une carte WIM (WAP Identity Module, par analogie à SIM), qui fait actuellement l’objet de tests et d’expériences pilotes. Elle est dotée d’une machine virtuelle Java et est chargée avec une application Java lui conférant les fonctionnalités WIM. Une telle carte donne à un téléphone WAP les moyens d’établir des connexions sécurisées entre téléphone et serveur. Elle servira, par exemple, à des transactions secrètes, comme l’achat d’actions en Bourse ou la consultation de comptes bancaires. Cette simple application Java peut être chargée sur une carte SIM ou sur une plate-forme Java générique – par exemple, pour une utilisation dans un téléphone mobile bifente. La première fente est utilisée par la carte d’authentification délivrée par l’opérateur GSM. La seconde, par la carte générique contenant l’application WIM, qui peut être fournie par un tiers – une banque, par exemple.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp .