HavenCo, société basée sur l’île d’Anguilla aux Petites Antilles, se présente comme un fournisseur d’infrastructures sécurisées offshore pour le commerce électronique. Rien de très original si ce n’est
le concept de ” offshore ” : la société a décidé d’installer ses serveurs sur une ancienne base militaire anglaise située en mer du Nord, au large des côtes anglaises.HavenCo projette de créer sur cet îlot le premier cyberparadis pour les entreprises de commerce électronique. La SSII américaine compte louer des serveurs aux sociétés Internet désirant échapper aux lois britanniques et internationales
sur la protection des données et le commerce électronique. HavenCo garantit également à ses clients d’échapper au fisc et à la surveillance de la police ou encore des services de renseignement.La nouvelle devient franchement comique lorsqu’on découvre l’histoire de cette base militaire, retracée par The Independant. Cet îlot, nommé Roughs Tower, ?” en fait, deux piliers de bétons surmontés d’un
plateau ?” servait de défense antiaérienne contre les bombardiers allemands durant la Seconde Guerre mondiale. Le 2 septembre 1967, Roy Bates, ancien major de l’armée britannique et héros de guerre, s’installe sur la base abandonnée, située
dans les eaux internationales. Après avoir tiré des coups de semonce contre la marine anglaise, Roy Bates se retrouve devant un tribunal britannique qui lui reconnaît finalement un droit de juridiction sur la base.
Prise d’otage à Sealand
En 1975, il décide d’y fonder un état indépendant, baptisé
principauté de Sealand, et s’octroie dans la foulée le titre de prince. En 1978, pendant un de ses voyages à l’étranger, un groupe d’hommes d’affaires américains et allemands en profitent pour
lancer un assaut de la base et font prisonnier Michael Bates, le fils du prince. Trois jours plus tard, Roy Bates lance une contre-attaque, libère son fils et retient à son tour le chef du ” commando d’envahisseurs “, un jeune allemand
de 24 ans, en tant que ” prisonnier de guerre “.Après les protestations du gouvernement allemand, le prisonnier est libéré et Sealand retombe dans l’oubli. Aujourd’hui, l’Etat autoproclamé de Sealand frappe sa monnaie, délivre des passeports, possède plusieurs ambassades et a adopté
l’anglais comme langue officielle. Sealand dispose aussi de sa propre police armée, composée d’anciens militaires anglais.
Des pratiques commerciales douteuses
Sean Hastings, le PDG de HavenCo, déclare avoir appris l’existence de Sealand en lisant un livre intitulé Comment construire votre propre pays. Il prend alors contact avec Michael Bates et ils décident ensemble de
créer un cyberparadis du commerce électronique où la confidentialité des données serait au-dessus des lois. Pour parer aux critiques, les deux hommes ont cependant créé une sorte de
charte déontologique visant à bannir la pornographie infantile, tout en affirmant qu’ils n’ont pas à surveiller les affaires de leurs clients. Une position ambiguë qui inquiète le
ministère des Affaires étrangères anglais qui n’a jamais reconnu l’indépendance de Sealand.Selon l’agence de presse AFP, la principauté de Sealand a été récemment mêlée à un trafic de documents falsifiés et est soupçonnée d’être liée à un trafic d’armes entre la Russie et l’Afrique. La déontologie a quelque chose de
surprenant sur lEtat de Sealand !
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