Lilliput au pays des géants de l’infiniment petit, jeune pousse insolente dans le marché déprimé des semi-conducteurs, découverte miracle liée à une nouvelle technologie, aventure industrielle fragile d’une entreprise de 200 salariés, cotée au Nouveau Marché et dont le capital n’est pas contrôlé par les fondateurs… Tels sont les ingrédients du cocktail explosif qu’est désormais la société Soitec qui double trimestre après trimestre son chiffre d’affaires !La crise du Nouveau Marché a hissé cette valeur au rang de première capitalisation boursière (563 millions d’euros, soit 3,7 milliards de francs) loin devant DAB Bank (432 millions d’euros) ou Wavecom (282 millions d’euros), tandis que Tiscali ne fait plus partie du top 10. Pourtant, l’entreprise évolue dans le secteur en pleine difficulté des semi-conducteurs.
À contre-pied
Les signes sont pourtant alarmants… Dès le premier semestre, l’indice de référence Philadelphia Semiconductor chutait de 50 %. Depuis, les principaux instituts envisagent un recul de 35 % des ventes mondiales en raison de la crise de l’industrie du PC. Dès lors, comment expliquer des taux de croissance du chiffre d’affaires de plus de 100 % ?Aux dires des professionnels du secteur comme des fondateurs de l’entreprise, cette réussite tiendrait en trois lettres : SOI (Silicon On Insulator), c’est-à-dire la production de plaques de silicium sur isolant qui offre des performances accrues par rapport au silicium classique, puisqu’il accélère la vitesse des puces et diminue la consommation de leurs composants électroniques.Reste à savoir s’il s’agit d’une niche technologique ou d’une nouvelle donne industrielle ? “Nous ne sommes pas installés sur une niche mais sur un marché qui va devenir mondial “, pronostique Ian Murray, directeur financier de Soitec, avant de citer les études du cabinet Dataquest selon lesquelles la technique du SOI représentera en 2008 la moitié du marché de l’industrie du silicium, soit quelque 8 milliards de dollars (8,7 milliards d’euros) ! Cela explique sans doute pourquoi Soitec a bien résisté à la crise du Nouveau Marché en limitant la casse à 50 % contre une moyenne de 80 %.Pourtant, à l’exception de la banque SG Equities, qui considère la valeur comme un “véhicule anticyclique pour le secteur des semi-conducteurs “, peu d’analystes recommandent cette valeur à l’achat. Pourquoi un tel dédain face à un tel potentiel d’expansion ? “En raison de la survalorisation de l’action, qui oscille autour de 23 fois les bénéfices attendus pour cette année”, explique Harald Liberge-Dondou, de Fortis Banque.Ce rapport est cinq fois plus élevé que la moyenne du secteur. La comparaison avec des sociétés comme l’Allemand Aixtron, l’Américain Applied Material ou encore le Britannique ARM Holdings a-t-elle un sens ? On peut en douter. En matière de SOI, Soitec n’a pas de concurrents, ou presque. À défaut d’avoir pu séduire la communauté financière, la société a décidé de procéder à un rachat de ses propres actions afin de soutenir son cours en Bourse… et dentretenir le moral de ses fidèles actionnaires. Une mesure plutôt utile pour une entreprise “opéable “.
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