Le terme de multiapplication est devenu le mot en vogue dans le petit monde des cartes à puce. Tout le monde en parle, on évoque de nombreux projets, mais il y a bien peu de réalisations concrètes. L’exploit technique que représente la présence d’un ordinateur complet sur une carte à puce ne doit pas faire oublier le principal : l’aspect fonctionnel. La plupart des cartes sont centrées sur des moyens de paiement. Typiquement, une banque (ou un groupe de banques) émet une carte de crédit et y ajoute un système de porte-monnaie électronique, puis ouvre la carte à des commerçants pour des programmes de fidélisation. Ce schéma se retrouve à la fois dans le projet Vocable, qui réunit le Groupement Carte Bleue et Visa, et le projet Monéo, qui regroupe sept banques au sein de la SEME, la Société européenne de monnaie électronique. La qualité d’un projet se mesure à la bonne synergie entre les applications. Comme le souligne Fabrice Constantin, directeur commercial chez Monéo, “il faut à tout prix savoir éviter les gadgets et les fonctions marginales, même si la technologie rend tout possible.”Le modèle idéal pour l’utilisateur, c’est l’association d’une carte bancaire classique et d’un porte-monnaie électronique. Au moment du paiement, le terminal du magasin choisit automatiquement le mode de paiement en fonction du montant de l’achat. De plus, il est possible, toujours depuis le terminal du magasin, de recharger le porte-monnaie électronique de la carte, sans avoir à repasser par un terminal bancaire. Les applications, si elles sont correctement combinées, apportent un plus à l’usager. Ainsi, dans une ville où les horodateurs sont équipés de lecteurs de cartes, il devient possible pour un commerçant, ou pour un groupe de commerçants, de transformer leurs points de fidélité en crédit de stationnement. La carte iSimplify! de Bull (lire encadré) préfigure un autre aspect de la carte multiapplication. Celle-ci mémorise les mots de passe des différents services Internet auxquels l’utilisateur a souscrit, mais aussi ses préférences, ce qui permet de paramétrer automatiquement l’environnement de travail à partir de tout terminal Internet. En outre, elle peut servir de support à une application de paiement sécurisé.
Éviter la complexité
Sur le plan technique, on peut différencier deux types de cartes multiapplications. Dans le premier type, les applications présentes sur la carte sont figées une fois pour toutes. Dans le second, au contraire, il est possible de charger dynamiquement les applications sur la carte. Dans ce cas, on est contraint à des tests beaucoup plus poussés : il faut vérifier le bon fonctionnement, quelle que soit la combinaison des applications présentes sur la carte. On introduit donc un risque supplémentaire. Comme le souligne Pascal Beno”t, directeur de l’unité paiement chez Oberthur : “Avec les cartes multiapplications, on introduit de la complexité là où il n’y en avait pas. Je conseille donc à nos clients de bien réfléchir aux combinaisons d’applications : l’émission d’une nouvelle carte ne doit pas devenir une aventure technologique.”
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