Passer au contenu

Un marché qui se diversifie pour séduire les PME

4 start-up qui comptent dans le travail collaboratif : Elikéa , Infoleague, La Deuxième Tête, Mayetic

Relégué par IBM à la deuxième place mondiale sur son métier d’origine ?”les bases de données?”, Oracle a répliqué début juillet en annonçant pour la fin de l’année la sortie de sa première suite logicielle dédiée aux outils collaboratifs. Oracle Collaborative Suite s’attaque à la chasse gardée de Microsoft et d’IBM, via Lotus Notes. Il monte au créneau sur un marché qu’IDC estime à 5,3 milliards d’euros. Et selon la dernière mouture de son étude Worldwide Collaboration Application Forecast (avril 2002), ce secteur atteindrait 7,7 milliards en 2006.

L’intérêt des PME

Si les grands groupes ont franchi le pas des solutions collaboratives dès le début des années quatre-vingt-dix en s’équipant de messageries internes, la croissance annoncée du marché repose d’une part sur l’élargissement du spectre de fonctionnalités proposées, mais aussi sur l’intérêt que suscitent les outils de collaboration chez les petites et moyennes entreprises. Et l’apparition de ce dernier créneau voit arriver nombre de petits éditeurs, chacun proposant un outil spécifique, comme les intranets en ASP ou le partage d’applications, ou bien en se faisant le promoteur de technologies comme le peer to peer ou la messagerie instantanée.La palette fonctionnelle des applications collaboratives s’est effectivement élargie avec l’arrivée d’internet et le recours massif au mail. Un premier groupe d’outils, baptisé “groupware”, enrichit les messageries internes avec des fonctions comme l’agenda et le calendrier partagés, ou la gestion de disponibilité des ressources, telle la réservation d’une salle de réunion. Viennent ensuite les applications de “workflow”, qui permettent de gérer les flux de production de travaux et de documents, et les autorisations. Une dernière couche correspond à la mise en place d’espaces collaboratifs, pour des projets, qui regroupent des équipes éclatées.La vague des applications collaboratives se trouve en fait à la croisée de plusieurs tendances de l’équipement high-tech des entreprises, qu’il s’agisse de la multiplication des intranets, de l’équipement des entreprises en connexion haut débit, ou du décollage du modèle ASP (Application Service Provider), grâce auquel des éditeurs proposent leur solution en location via internet. On retrouve aussi des outils collaboratifs au c?”ur des offres de portails d’entreprises, ou de bureaux virtuels. “Le périmètre des applications collaboratives est encore flou, reconnaît Nathaniel Martinez, spécialiste du secteur pour l’Europe chez IDC. On retrouve certaines fonctions collaboratives au c?”ur de grandes suites fonctionnelles comme le CRM ou dans les ERP.” Néanmoins, IDC s’est risqué à une évaluation du marché européen qui devrait croître de 1,28 milliard d’euros en 2001 à 1,9 milliard en 2006.

La fin des grands monopoles

Et si les grandes plateformes intégrées du type IBM Lotus Notes, créées pour les grandes entreprises, et proposées à des prix prohibitifs pour les PME, constituent pour l’instant l’essentiel du marché, la croissance du secteur sera en fait assurée par tous les modules développés par de nouveaux acteurs, qui viennent enrichir ces fonctions de base. Parmi ces fonctionnalités en vogue figurent les services de messagerie instantanée telles que ICQ, Yahoo Messenger ou MSN Messenger, qui ont été utilisées par 12,7 millions d’employés de bureau en juillet 2002, selon l’institut de mesure Nielsen/Netratings.Ainsi, le quasi-monopole des grandes plateformes de groupware est en train de voler en éclat à cause du dynamisme du marché, qui tient notamment à l’équipement des grosses PME. “Pour l’instant, celles qui collaborent via internet le font de façon informelle, en agrégeant différents outils plutôt qu’en s’équipant d’outils collaboratifs formalisés. Il existe une opportunité pour les éditeurs s’ils peuvent offrir des solutions abordables, avec des retours sur investissement démontrables, et qui s’adressent aux bons segments de marché”, confirme Helen Chan, l’analyste du secteur PME au Yankee Group, dans une note du 20 août 2002 intitulée “The SMB Web Collaboration Market : Small Today but Key SMB Segments Ripe for Adoption”. Cependant, toutes les PME ne franchiront pas le pas : le mouvement devrait, selon elle, surtout concerner les entreprises qui ont plus de 250 employés, répartis sur différents sites, et dont le fonctionnement repose sur le travail de groupe.

4 start-up qui comptent dans le travail collaboratif

Elikéa (FR)Date de création : juillet 2001

Fondateurs : O. Ratovo, D. Kéon

Nombre de salariés : 4

Fonds levés : aucun

Fonds recherchés : 500 000 euros

CA prévisionnel 2002 : 300 000 euros

Partenaires stratégiques : Sun Cobalt, W4 et MediappsDepuis le 1er trimestre 2002, Elikéa commercialise Com Office, une solution de travail collaboratif destinée aux PME et aux collectivités locales. “Groupware sans fioritures”, selon ses promoteurs, l’offre propose des services de messageries qui ne rivalisent pas en terme de fonctionnalités avec les plateformes du type Lotus Notes, destinées aux grandes entreprises. D’abord éditeur, Elikéa mise aussi sur l’ajout de prestations d’intégration, en proposant une offre packagée Software + hardware. La formule s’adresse à des entreprises sans service informatique, ou à des structures éclatées géographiquement, tels des services municipaux. Pour 8 000 euros, Com Office est livré avec son serveur Sun Cobalt sous Linux, qui permet de gérer l’espace collaboratif de 150 personnes.Infoleague (FR)Date de création : 1999

Fondateurs : B. Lebovici, A. Kouznetsov, P. Diss

Nombre de salariés : NC

Fonds levés : aucun

Fonds recherchés : 400 000 euros

CA prévisionnel 2002 : 100 000 euros

Partenaires stratégiques : NCLes Fondateurs ont commencé par s’intéresser à différentes briques, qu’il s’agisse de technologie, comme le peer to peer, ou de fonctionnalité, comme la messagerie instantanée. Pour passer à la phase commerciale, le tout a été assemblé en une suite d’outils collaboratifs qui se veut constituer un véritable intranet. Cette offre, Intranet Pager, est disponible depuis juin 2002. Elle agrège plusieurs modes de communication : notes écrites échangées par messagerie, communication vocale via internet, et partage d’applications d’ordinateur à ordinateur. Seul problème, selon ses concepteurs, un prix paradoxalement trop modeste par rapport au service rendu. Mais si la vente de licences aux utilisateurs finaux a débuté, l’objectif reste de placer Intranet Pager dans la suite d’un grand éditeur.La Deuxième Tête (FR)Date de création : juillet 2000

Fondateurs : Q. Gallet, D. Salmon, P. Le Lannic, M. Lanoe

Nombre de salariés : 8

Fonds levés : 1 million d’euros

Fonds recherchés : 1 million d’euros

CA prévisionnel 2002 : 60 000 euros

Partenaires stratégiques : la communauté open sourceLa Deuxième Tête (L2T) propose un outil collaboratif dérivé de ses recherches sur le peer to peer (P to P). L2T travaille principalement avec les grands éditeurs de logiciels et les opérateurs télécoms pour défricher le potentiel du P to P, mais certains modules développés en interne sont proposés directement aux entreprises. Lancée en 2001, leur solution de groupware, Bleu, n’a pas rencontré son public car elle utilisait à la fois le P to P et un navigateur internet, avoue-t-on en interne. Mais avec Taz, un système de dossier virtuel qui permet à plusieurs personnes de travailler sur un même document, L2T parie sur la simplicité d’utilisation. Le logiciel peut être installé sur le serveur de l’entreprise ou rester hébergé chez L2T, et en octobre, il sera possible de télécharger Taz directement en ligne.Mayetic (FR)Date de création : février 1996

Fondateurs : B. de Beauregard, M. Membrado

Nombre de salariés : 20

Fonds levés : aucun

Fonds recherchés : 2,2 millions d’euros, en cours de bouclage

CA prévisionnel 2002 : 2,7 millions d’euros

Partenaires stratégiques : IBM, Mediapps, Colt TelecomÀ l’origine société de conseil et de services concentrée sur l’univers collaboratif, Mayetic est devenu éditeur d’une solution collaborative dérivée d’IBM Lotus en 2000. Son offre, Mayetic Village, met à disposition un espace collaboratif en ligne, les outils de production de documents et de workflow associés, le tout pouvant être structuré en sous-espaces affectés à un projet donné. Initialement proposée aux PME, en ASP, et gratuitement jusqu’à 200 Mo de données, la solution est aujourd’hui utilisée par des grands comptes. À rebours de ses concurrents qui débutent souvent par une offre de groupware, Mayetic ne proposera la sienne que dans quelques semaines, gratuitement, pour répondre aux besoins des collectivités locales qui n’ont pas toujours de système dinformation propre.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Maxime Rabiller