Le marché méditerranéen est celui qui a le plus rapidement subi le revirement de la conjoncture économique. Les difficultés que connaissent les secteurs des télécoms et des composants électroniques ont conduit les grands donneurs d’ordres de la région, comme Alcatel, Philips, STMicroelectronics, Lucent, Nortel ou HP-Compaq, à couper dans leur budget de sous-traitance. “Aujourd’hui, l’offre est très nettement supérieure à la demande”, estime Thierry Audier, directeur régional de SII, une société de services fortement implantée en Paca avec plus de trois cents collaborateurs. Cette situation succède à un fort mouvement de concentration, qui s’est opéré en 1999 et 2000. Des SSII locales telles CR2A ou Ariane2 ont été rachetées. L’année 2001 s’est soldée par 30 % de disparitions d’entreprises… compensées par autant de créations.Le paysage des services informatiques a ainsi mûri en faveur des plus gros. Les SSII nationales se hissent en tête du palmarès des SSII en Paca (voir tableau). Face à ces mastodontes, une multitude de petites sociétés de services se partagent le marché. Celles qui ont anticipé et diversifié leur portefeuille de clientèle et de prestations tirent leur épingle du jeu. Comme partout ailleurs, les contrats en régie régressent très nettement au profit du forfait. Là, si les grandes SSII souffrent de leurs coûts de structures face aux prix attractifs de leurs cons?”urs plus petites, elles ont les moyens de se placer sur des projets plus globaux. “Les prestataires qui étaient positionnés sur l’assistance technique ont beaucoup souffert, explique Pierre Caravac, directeur régional de Bull Services. Mais les budgets d’intégration de systèmes et l’infogérance sont en croissance et ont connu une bonne année 2002.”
Administration et défense, des marchés à fort potentiel
Les collectivités locales ont pris le relais de l’industrie. Les projets de portail citoyen et l’orientation open source lancée par l’Administration représentent des marchés à fort potentiel, comme ceux de la finance ou de la défense. Ainsi Eurocopter, Thalès, la DCN de Toulon et le CEA à Cadarache contribuent-ils aujourd’hui à maintenir un certain taux d’activité chez leurs sous-traitants. Chez CS, l’Administration et la défense représentent près de la moitié du chiffre d’affaires régional.L’informatique technique représente un tiers de la demande. “La région a bâti sa réputation sur des compétences élevées en systèmes embarqués et en développement autour des réseaux et des télécoms. Une spécialisation que maintiennent des donneurs d’ordres comme Amadeus et Air France”, explique Eric Ménard, de Pierre Audoin Conseil. Si cette image reste très forte, on voit émerger des prestataires spécialisés dans l’informatique de gestion. Des entreprises comme Pytheas ou Viveo, l’une des rares SSII locales indépendantes, ont su s’expatrier pour gagner des marchés. “Notre chance a été d’ouvrir tout de suite une agence en région parisienne. Aujourd’hui, c’est elle qui rapporte le plus de contrats”, explique André Jeannerot, directeur commercial de Viveo.Mais la région est loin d’être homogène. L’activité industrielle cantonnée aux trois départements côtiers a drainé tout le tissu régional de sous-traitance, aux dépens de l’arrière-pays. Marseille, avec une forte spécialisation dans la fabrication de matériels, et Sophia-Antipolis sont les deux poids lourds de la région en termes d’emploi. “A Sophia, la créativité est une donnée locale très forte, qui permet de trouver des applications nouvelles et de se diversifier. L’e-learning, la cartographie et l’edutainment [les formations ludo-éducatives ?” NDLR] peuvent compenser les difficultés des grands industriels, explique François Kester, directeur de Côte d’Azur Développement. Ce n’est pas pour le marché local que les sociétés s’implantent ici, mais pour le pôle technologique.”
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