Depuis plusieurs mois, un site Internet donne des sueurs froides aux éditeurs de journaux, bandes dessinées et autres livres. Il s’agit d’un site à l’activité totalement illégale, qui s’affiche comme un kiosque numérique de journaux et
d’ouvrages piratés. Du nom d’eBook Factory, il très bien référencé par les moteurs de recherche.Il propose, au format PDF nombre de titres de la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle sur papier, francophone ou non. Des journaux comme Libération, Le Parisien, l’Equipe, Le Soir, La libre Belgique, Le Monde, Micro
Hebdo (1), Newlook, Entrevue, pour ne citer qu’eux, y sont diffusés gratuitement et sans le moindre accord des éditeurs. On peut aussi télécharger, en toute illégalité, des bandes dessinées, ou des livres (comme la collection
‘ … pour les nuls ‘).Si le piratage de la presse et des livres est monnaie courante sur les réseaux de peer to peer ou les newsgroups, ce qui frappe ici est la facilité avec laquelle tout internaute peut s’approprier ces titres
contrefaits. Le site pirate a des allures très professionnelles et une ergonomie très simple. Il affiche la couverture, le sommaire et le lien qui permet de télécharger le journal. Il suffit de cliquer, d’attendre le transfert des données, puis de
consulter sur son ordinateur la copie pirate du titre demandé. Simple comme bonjour et totalement illégal.‘ Un journal est une ?”uvre collective, elle ne peut être copiée et nous avons une jurisprudence qui protège la presse quotidienne, rappelle Jean-Frédéric Farny, chargé du développement au Syndicat de
la presse quotidienne régionale. On pourchasse toute personne qui scanne la presse quotidienne régionale.
La loi classe ce type de diffusion comme du recel de contrefaçon. ‘
Un commerce juteux
L’intérêt, pour ce kiosque pirate, est de générer des revenus grâce à la publicité. Il reçoit en effet plus de 11 000 visiteurs par jour, d’après l’outil de statistiques Statbrain, et affiche plus de 30 000 pages
vues quotidiennes, selon les statistiques du spécialiste Alexa.Ce genre de sites s’approvisionnent auprès de sources comme les réseaux de peer to peer et les newsgroups. Eux-mêmes sont alimentés par de véritables professionnels de la contrefaçon, les
‘ warez ‘.Pour les journaux francophones, deux groupes pirates (LiBRARY et SCaN) se partagent ce ‘ business ‘ étonnant. Ceux-ci n’hésitent pas à diffuser, chaque jour, avant même leur sortie en kiosque, des titres comme
Le Monde, Libération ou Le Parisien. Pour les bandes dessinées, ils sont plusieurs groupes (iNTENSiTY, notamment) à écumer les librairies pour mettre en ligne les nouveautés. ‘ Nous
diffusons les journaux car les internautes n’ont pas les moyens de tous les acheter ‘, nous confie un pirate rencontré sur la Toile. Mais la réalité est beaucoup plus trouble, puisque ces contenus contrefaits leur servent
surtout de monnaie d’échange contre d’autres ?”uvres piratées, comme des films, qu’ils peuvent ensuite revendre. Par exemple, dix magazines pour adultes, tels Newlook ou Playboy, permettent d’obtenir le
dernier blockbuster hollywoodien avec Bruce Willis.En France, celui qui met à disposition illégalement de la presse ou des livres encourt les mêmes risques que celui qui met à disposition des films, de la musique ou des logiciels. L’article L335-2 du code de la propriété intellectuelle
punit, depuis le vote de la
loi DADVSI, les infractions de contrefaçon par une amende allant jusqu’à 300 000 euros et par une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans.(1) Edité par Groupe Tests, éditeur également de 01net.
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