Fin de l’Etat de grâce pour Nicolas Sarkozy, interviews du président de la Ligue des droits de l’Homme et du directeur d’Amnesty International, micro-trottoir de députés dans les couloirs de l’Assemblée nationale… C’est une
partie du sommaire d’un nouveau journal télévisé apparu jeudi 10 janvier 2008. Un Web-JT, plutôt, puisqu’il va être diffusé en ligne chaque jeudi à 18 h 35, sur le site
six35.fr (un horaire choisi en référence à l’année de création de la première agence de presse et de publicité par Charles-Louis Havas : 1835).Présenté par Magali Lacroze, étudiante en journalisme à l’Institut supérieur de formation au journalisme, censé durer douze minutes (même si la première édition en fait plus de seize), ce journal bénéficie d’une réalisation soignée
(éclairages, gros plans, effets de montage, zooms, musique), la même qui présidait au
PoliTIC’Show. Logique, puisque le créateur de cette Web-TV dédiée à la vie politique française est le même que celui de
six35.fr, Nicolas Voisin. ‘ Nous avons de la DV, de la HDV, nous avons un monteur pro, un cadreur pro… C’est le B.A.BA de l’exigence, pour ne pas créer trop de déceptions. ‘De même qu’une durée de douze minutes doit permettre de ne pas perdre trop de spectateurs en route, la vidéo sur le Web ayant plus de difficulté à fixer l’internaute que la télévision. D’ailleurs le projet lui-même n’est pas sans une
certaine contradiction : ‘ Faire de l’information nécessite de donner un rendez-vous, même si sur le Web ce n’est pas tellement la culture ‘, reconnaît Nicolas Voisin.
Faire entendre d’autres voix
Si six35.fr a un objectif plus généraliste que le PoliTIC’Show, il reste assez focalisé sur le petit monde d’Internet. D’abord concernant les sources qu’il cite : les journaux en ligne Rue89, LePost et Mediapart, les blogs de
Versac ou du journaliste Jean-Michel Apathie, la Web-TV politique iPol. Mais aussi dans ses sujets. L’édition de jeudi dernier proposait une séquence sur les v?”ux de début d’année incluant des vidéos d’internautes, un sujet sur l’éventuelle
influence d’Internet dans les primaires pour la présidentielle américaine et se terminait sur une rubrique ‘ Médias et Internet ‘.Cette coloration est une volonté forte du projet, qui veut ‘ renverser la pyramide de l’information ‘. Autrement dit, trouver d’autres sources que les médias traditionnels, faire entendre
d’autres voix, vieux fantasme d’Internet symbolisé par des sites comme
AgoraVox. Mais Nicolas Voisin ne se voit pas en remplaçant des journaux télévisés de 20 heures et récuse l’idée de
‘ révolutionner l’information ‘.Six35 n’est en tout cas pas la première tentative d’un journal télévisé sur le Web. Il y a un an, John-Paul Lepers lançait LaTeleLibre.fr, mais plus sur un mode magazine (reportages, entretiens) et avec le ton impertinent et le
dispositif de mise en scène faussement décontracté propre à l’ancien journaliste du Vrai Journal de Karl Zéro. Lequel avait trouvé refuge sur AOL.fr avec un
talk-show politique à l’automne 2006, après l’arrêt par Canal Plus de son émission. La politique donne également sa matière au
magazine hebdomadaire iPol, Web-TV à la fois sérieuse et insolente, qui décrypte en images et voix off l’actualité de notre classe dirigeante.Mais c’est le quotidien breton
Le Télégramme qui propose la formule la plus proche de celle d’un JT en ligne. Tous les soirs à 17 heures, les rédacteurs basculent sur le Web pour 5 à 7 minutes d’informations sur le
site du journal.
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