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Un journaliste expulsé de Turquie pour avoir critiqué le gouvernement sur Twitter

Mahir Zeylanov a publié des tweets pour dénoncer la lenteur de certains services à arrêter des hommes soupçonnés de corruption. Cela n’a pas plu au Premier ministre turc.

Deux jours après avoir renforcé le contrôle de l’Etat sur le Web, les autorités turques ont expulsé, le 7 février 2014, un journaliste azéri travaillant pour le quotidien Zaman pour avoir critiqué le gouvernement sur Twitter. Le journal qui l’emploie est proche de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen, actuellement en conflit avec son ancien allié, le Premier ministre turc Recep Erdogan.

Selon Zaman, Mahir Zeylanov a été placé sur une liste de citoyens étrangers jugés indésirables par Ankara pour avoir diffusé des tweets visant de hauts responsables de l’Etat, en vertu d’une loi qui autorise l’expulsion de ceux dont le séjour en Turquie est préjudiciable à la sécurité publique et aux exigences politiques et administratives. D’après l’employeur de M. Zeylanov, le Premier ministre turc avait déjà engagé une procédure judiciaire contre le journaliste fin décembre 2013, estimant que ses tweets constituaient des insultes incitant à la haine et à la malveillance.

Pour Zaman, les tweets de Mahir Zeylanov redirigeait simplement vers des articles concernant le refus de la police d’exécuter un mandat d’arrêt visant des dizaines de personnalités soupçonnées de corruption. « Les procureurs turcs ordonnent à la police d’arrêter des proches d’al-Qaïda, les chefs de la police nommés par Erdogan refusent d’obtempérer », avait écrit le journaliste dans un des tweets incriminés.

Une décision disproportionnée

Pour Dunja Mijatovic, la représentante de l’Organisation pour la paix et la sécurité en Europe pour la liberté des médias, cette décision est complètement disproportionnée et la liberté d’expression ne doit pas se limiter aux seules déclarations considérées comme appropriées par les autorités. « Le pouvoir mène une campagne inédite de nettoyage de l’appareil d’Etat, les journalistes n’y échappent pas », a répondu à l’AFP le représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Turquie, Erol Onderoglu.

Les journalistes ne sont pas la seule cible du gouvernement Erdogan. Tout Internet est concerné par ce tour de vis. L’une des dernières mesures adoptées par le parlement turc donne le droit à l’autorité gouvernementale des télécommunications (TIB) de bloquer, sans la moindre décision de justice, tout site Internet contenant des informations portant « atteinte à la vie privée » ou jugées « discriminatoires ou insultantes ». La TIB pourra aussi requérir auprès des fournisseurs d’accès toute information sur les sites visités par un internaute et les conserver deux ans.

Source : Zaman

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Cécile Bolesse