La frontière entre le serveur d’applications et internet est si ténue qu’il arrive à Benoît Léger, directeur adjoint du groupe de consulting et d’ingénierie Owendo, d’accoler incidemment à cette brique d’infrastructure le terme “web “. Et d’insister sur la place de ce serveur au sein de l’entreprise : “Le serveur d’applications web définit le nouvel environnement de traitement de l’architecture des systèmes d’informations.” La filiation avec le web se justifie par les choix des entreprises de miser sur les technologies internet et l’utilisation de navigateurs pour l’accès aux applications. “Le serveur d’applications a été introduit par la naissance des sites web dynamiques, puis par les extranets. Le processus de “webisation” a gagné les applications de gestion des entreprises”, constate-t-il désormais sur le terrain. Deux raisons ont généré cette tendance : la centralisation côté serveur des applications et la suppression de la question du déploiement. “Au regard de cette architecture, le serveur d’applications devient un élément indispensable”, conclut Benoît Léger.
Comme un système d’exploitation
Confirmant la prédominance de cette brique au sein des systèmes d’information, Benoît Tanguy, consultant sénior du cabinet Solucom, schématise le rôle du serveur d’applications. “L’analogie avec le système d’exploitation de l’ordinateur est assez pertinente”, souligne-t-il. De fait, le serveur d’applications s’apparente à un système d’exploitation dévolu aux applications. Gérant les traitements, organisant l’utilisation des ressources, il assure la coordination en fournissant les services de communication entre applications. De ce dernier aspect, naît bien souvent la confusion dans l’usage entre le serveur d’applications et d’autres éléments d’infrastructure. En premier lieu, les outils d’EAI sont sur la sellette. Ces derniers, interfaces de communication entre les applications, sont complémentaires du serveur qui, lui, gère le fonctionnement même des applications. À une autre échelle, les serveurs d’applications ne s’opposent pas plus aux services web. “Ils ne s’affranchiront pas de la brique du serveur d’applications, puisqu’ils reposent dessus”, précise Benoît Léger. Alors que le serveur d’applications dessert l’architecture du système d’information, les services web font le lien entre les entreprises et leurs systèmes d’information. Ils “offrent aux sociétés des traitements mutualisés et réutilisables à travers le net, compléments additionnels des serveurs d’applications tels que le portail d’entreprise.”Le serveur d’applications facilite le travail des entreprises en permettant aux développeurs de faire la distinction entre les différentes couches des applications. Cette brique constitue le ciment entre ces couches. “Tel développeur pourra se concentrer sur la partie ergonomie alors que tel autre sera focalisé sur la partie métier”, explique Benoît Tanguy. Au serveur d’application de faire le lien entre les différents composants. En déportant des fonctions telles que la répartition de charge et la distribution des traitements sur le serveur d’applications, les entreprises résolvent la question de l’évolutivité des applications. Ainsi, lorsqu’une application conçue pour une dizaine d’utilisateurs doit en desservir quelques centaines du jour au lendemain, inutile de “casser” le code pour tout recommencer. Le serveur d’applications assure la montée en charge de l’application.
Le nerf d’une nouvelle guerre
Le serveur d’application est devenu un enjeu tel qu’il est devenu le nerf de la guerre entre Sun et Microsoft. Ces ennemis héréditaires structurent le marché avec leurs standards respectifs : J2EE, l’ensemble de spécifications Java (langage créé par Sun), et la plateforme “.Net”, qui rassemble sous une architecture commune l’ensemble des logiciels de Microsoft. L’imbrication est ainsi très forte entre, côté système d’exploitation, Windows.Net Server et, au-dessus, le serveur d’applications de “.Net” auquel s’ajoute l’outil de développement Visual Studio.Net. C’est sur cet atout que mise Microsoft pour déloger J2EE des entreprises. La bataille sera rude, deux tiers d’entre elles faisant confiance au standard basé sur Java. Du côté de J2EE, deux mastodontes laissent peu de place à la concurrence : IBM avec Websphere et BEA avec Weblogic. “En tournant le dos depuis très longtemps à Java, et en persistant dans cette démarche, Microsoft se pose en alternative à tous ceux qui ne souhaitent pas adhérer [au langage de Sun], affirme Benoît Léger. Une offre de développement facilité d’applications sous son environnement est l’arme que peut opposer Microsoft à J2EE.”
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