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Un Duster deux fois plus cher : la fin du low cost chez Dacia ?

En dix ans, certains modèles de Dacia ont vu leur prix passer du simple au double. Avec l’inflation qui n’a pas aidé et le passage vers l’hybride et l’électrique, peut-on considérer qu’il s’agit toujours d’une marque low cost ? Nous faisons le point, à l’heure du lancement d’une nouvelle génération de Duster.

Sur Internet, le terme n’est plus à la mode. Le « low cost », où le positionnement pas cher que l’on utilise généralement pour parler des constructeurs automobiles ou des compagnies aériennes, n’attire plus autant les foules qu’il ne le faisait de 2004 à 2013. L’intérêt pour la requête sur Google s’est fortement réduit, et avec son adoption par l’industrie automobile. Si des compagnies aériennes comme EasyJet, Ryanair ou Transavia continuent de capitaliser dessus, le marché automobile n’y trouve plus son compte, et son grand représentant Dacia tente d’échapper à son image… sans que cela n’essouffle ses ventes.

En 2021, lorsque le constructeur roumain, filiale de Renault, changeait son logo, c’est toute une nouvelle stratégie qui se mettait en place. Dans un marché en baisse de plus de 10 %, les ventes de Dacia augmentaient de 5 %, et ses prix allaient progresser de 11 à 22 % jusqu’à aujourd’hui. En quatorze ans, trois générations de Duster ont été présentées, pour des millions d’exemplaires vendus, avec un modèle qui, malgré tout, a vu son prix quasi doubler. Il n’est pas le seul, alors que la Sandero à 7 800 euros en 2008 coûte aujourd’hui 11 990 euros.

Que les prix augmentent, c’est un fait. Que la marque quitte le low cost, et sa stratégie qui consiste à proposer des modèles plus attractifs que la concurrence, ce n’est pas si sûr. Entre la hausse des prix et la sortie de Dacia du low cost, il y a encore du chemin. Jusqu’à 2025, les prix continueront d’augmenter jusqu’à 10 % pour certains modèles, mais une marge devrait toujours exister face à la concurrence. Tentons de faire le point en distinguant en quoi la qualité et les équipements ont suivi l’évolution tarifaire de la gamme, et si l’inflation peut-être le seul argument explicatif de la hausse des prix.

La hausse des prix

7 790 euros sur le Dacia Duster

Nous avons épluché les brochures tarifaires de Dacia sur quinze ans, en commençant par celles du Duster. Le SUV de la gamme revient en 2024 sous une troisième génération qui voit son prix d’entrée de gamme très proche des 20 000 euros, à 19 690 euros. Depuis 2010 et sa première génération, il a augmenté de 7 790 euros. Il n’en coûtait effectivement que 11 900 euros en 2010, et ce jusqu’en 2019. Le seul souci qui contraignait les clients à payer plus cher concernait un malus écologique de 2 153 euros, sur le moteur SCe de 115 ch. Ce dernier baissait en 2019, mais la voiture coûtait déjà plus cher, à partir de 13 480 euros.

La hausse des prix s’est accélérée dès lors sur le Dacia Duster. De 14 490 euros en 2021 avec son moteur ECO-G 100 (essence-GPL), il passait à 15 490 euros en fin d’année, puis 16 000 euros en 2022. Au cours de l’année 2022, ses prix augmentaient encore, et l’entrée de gamme passait à 16 990 euros, pour ensuite atteindre 17 990 euros en 2023. Ce fut le dernier prix de la version de deuxième génération du modèle, avant que la troisième génération en 2024 vienne faire passer ce ticket d’entrée à 19 690 euros minimum.

4 190 euros sur Dacia Sandero

Les brochures tarifaires de la Sandero ont montré la même tendance, de 2008 à aujourd’hui. Le modèle le plus vendu avant le Duster, qui représentait 45 % des ventes Dacia en 2013, a résisté à la hausse tarifaire jusqu’en 2021. On passait alors d’un modèle d’entrée de gamme à 7 800 euros en 2008 à un modèle de 7 990 euros en 2016. À partir de 2020, la citadine était disponible à partir de 8 640 euros, puis 8 890 euros en 2021. En 2022, elle grimpait à 10 490 euros, puis 11 990 euros depuis 2023. Une nouvelle hausse est prévue au cours de l’année à venir, mais déjà la petite Sandero de Dacia a vu ses prix bondir de 4 190 euros entre la première et la troisième génération.

Dacia Duster 2024 Logo
© 01net

Pourquoi les prix augmentent-ils ?

Entre 2010 et 2023 selon l’Insee, l’inflation a atteint 25 % en France. Sans d’autres explications que la hausse globale des prix, une voiture à 10 000 euros en 2010 coûterait donc aujourd’hui 12 403 euros. À l’échelle de Dacia, une Sandero de 2008 aurait dû coûter 9 830 euros aujourd’hui et une Dacia Duster, 11 759 euros. Mais l’inflation ne peut pas être considérée comme la seule explication. C’est un facteur parmi d’autres. Comment s’explique donc le reste de la hausse ?

L’évolution des moteurs et le coût des normes antipollution

Jusqu’à ce jour, Dacia a pu profiter de coûts de fabrication plus faibles en recyclant des technologies déjà commercialisées dans le reste du groupe Renault. Et notamment les moteurs. Encore aujourd’hui, on trouve sur l’entrée de gamme un bloc ECO-G 100, à la technologie de bicarburation essence-GPL utilisée depuis 2010. Avec l’arrivée de l’hybride, Dacia profite encore des équipements du groupe, alors qu’il s’agit de la même motorisation apparue sur les gammes Clio et Captur en juin 2020.

Lire : + 4 000 euros en 1 an. La hausse du prix de la Spring est-elle scandaleuse ?

Cela dit, les constructeurs ont dû investir pour développer des moteurs plus propres et respectueux des normes antipollution. En réutilisant des moteurs existants du groupe Renault, Dacia a donc pu limiter la hausse des prix de ses modèles, mais il serait faux de dire qu’elle en a été épargnée. La réalité depuis 2021 est d’autant plus difficile que Dacia ne proposait pas, jusqu’à la Spring, de voiture électrique. Les moteurs ont dû être revus, passer sur des 3 cylindres, et les limites d’émissions de CO2 par kilomètre sont de plus en plus rudes.

Dacia Duster Ecran Habitacle
© 01net

Vers de meilleures finitions

Les équipements n’ont pas beaucoup évolué chez Dacia jusqu’en 2021. Il faut dire que sur l’entrée de gamme, une option aussi basique que la climatisation manuelle n’est toujours pas d’actualité sur la Sandero la moins chère. Sur le Duster, il a fallu attendre 2023 pour que celle-ci soit accessible, qu’importe la version. Si la finition d’entrée de gamme Access a carrément disparu en 2021, c’est aussi et surtout parce que Dacia a compris que ses clients cherchaient surtout ses modèles les mieux équipés, et donc les finitions les plus haut de gamme.

Le prix moyen pour une Dacia est de 20 000 euros, confirmait le constructeur en 2023. Et cette tendance à préférer les meilleures finitions n’est pas récente : en 2017, un Duster en finition Access ne représentait que 1 % des ventes du modèle. Sur Sandero, l’arrivée de la finition Stepway, de 3 000 à 5 000 euros plus chère que l’Access, a réussi à motiver 74 % des acheteurs du modèle, et ce un an seulement après son lancement.

Dacia a profité de cette tendance pour rehausser le prix le plus élevé des Sandero et Duster. Pour sa citadine, qui atteignait 11 000 euros sur sa finition la plus chère il y a quinze ans, il faut aujourd’hui compter plus de 19 000 euros. D’un Duster Prestige à 18 900 euros en 2010, il en coûte 29 100 euros aujourd’hui, sur les finitions Journey ou Extreme.

Un plafond de verre existe, cela dit. Même sur un modèle haut de gamme, Dacia ne propose pas d’une installation Hi-Fi digne de ce nom, et les équipements de sécurité restent inférieurs à ce que l’on pourrait trouver sur un modèle plus cher, d’un constructeur concurrent. Le régulateur de vitesse est bien là, mais il n’est pas encore question de trouver de dispositifs plus complets, d’affichage tête haute, ou d’écran plus grand que 10 pouces.

Plus d’accessoires

Pour continuer à attirer ses clients vers des finitions haut de gamme, Dacia a voulu offrir une nouvelle gamme d’accessoires. Ces derniers suivent la nouvelle image de marque qu’a décidé de se donner le constructeur, notamment avec l’arrivée du Jogger et du nouveau Duster 2024. Désormais, Dacia est aussi bien une marque accessible qu’une marque tournée sur l’outdoor, à la manière de Decathlon. On le voit dans ses publicités, et dans son nouveau Pack Sleep, un dispositif pour dormir dans sa voiture sans perdre en confort que nous avons essayé.

Dacia Jogger Test Pack Sleep 015
Le « Pack Sleep » Dacia, l’un de ses accessoires phares pour partir en week-end sans se soucier de trouver un hôtel ou de planter la tente © 01net

Le nouveau Duster s’accompagne même de nouveaux accessoires baptisés YouClip, pour le nom donné au système d’attache qui se trouve dans l’habitacle et dans le coffre du nouveau crossover. En tout, 8 zones permettent de fixer porte-gobelet, lampe, porte-manteau, mais aussi un support pour smartphone et pour tablette. Dacia veut que ses voitures restent agréables à vivre malgré les matériaux utilisés, et capitaliser sur l’aspect pratique et remplacer le besoin d’un écran d’infodivertissement complet par des supports pour nos propres smartphones.

Dacia, toujours low cost ?

Malgré les évolutions tarifaires jusqu’en 2021, Dacia a toujours présenté ses modèles plusieurs milliers d’euros moins cher que la concurrence. Un Duster de 2019, malgré son malus sur le moteur le bloc essence SCe 115 ch d’entrée de gamme, était toujours nettement moins cher qu’un Nissan Qashqai à 25 000 euros, ou qu’un Renault Captur à 18 000 euros. Sur la Sandero Stepway, en février 2013, il en coûtait toujours 5 000 euros de moins au minimum que chez la concurrence.

Entre-temps, les augmentations de prix se sont accélérées et le prix d’un Duster a presque doublé. Il se rapproche des 30 000 euros dans sa version la plus aboutie et on a déjà vu des concessionnaires en profiter pour proposer des offres de LOA (location avec option d’achat) et dépasser les 45 000 euros de prix d’achat au total, en comprenant cinq ans de financement et une offre d’achat du véhicule à plus de 17 000 euros… Des dérives qui existent partout, mais qui font d’autant plus parler chez Dacia.

Car malgré ses augmentations, il reste difficile de trouver moins cher. Un Suzuki Vitara coûte 5 000 euros de plus que le Dacia Duster, et monte jusqu’à 33 000 euros. Un Renault Captur coûte au minimum 25 800 euros, avec des prix eux aussi jusqu’à 33 000 euros. Le Duster reste donc le moins cher des SUV.

Qui plus est, Dacia arrive à maintenir une valeur résiduelle importante, de quoi faire tenir leur cote et permettre aux clients de ne pas perdre trop d’argent sur leur achat. « Au bout de 24, 36, 48 mois, les valeurs résiduelles de nos voitures sont 10 à 15 % plus élevées que celles de la concurrence », assurait à 01net.com Thomas Dubruel, le directeur commercial de Dacia en France.

Dacia Concession
© Dacia

Dacia reste-t-elle une marque low cost ? Si l’on se tourne vers les équipements d’entrée de gamme, il y a de quoi « se rassurer ». Sur sa présentation intérieure et extérieure, Dacia pratique toujours la politique du minimum syndical. Pas d’écran tactile, compteurs physiques, jantes de base et roues de 16 pouces… Il faudra au minimum payer 2 000 euros de plus pour pouvoir avoir une dotation à la hauteur des standards 2024.

La gamme de motorisation confirme bien le niveau de Dacia en 2024. Le moteur GPL ECO-G 100 est toujours maître sur les finitions de base, et l’électrique n’est pas encore d’actualité. Il faut, au maximum, opter pour une motorisation hybride de 140 ch pour un soupçon de modernité, même si ce dernier n’est pas des plus intéressants puisqu’il alourdira la voiture, augmentera les consommations sur autoroute, et se montrera plus bruyant (à cause du bloc 1.6 essence).

Sur les deux finitions haut de gamme, Journey et Extreme, Dacia ne fait pas non plus aussi bien que la concurrence. Et contrairement aux autres marques, il ne sera pas possible d’avoir un système audio à la hauteur, même en mettant le prix. Notre essai du Jogger en finition Extreme, sur un road trip de cinq jours, nous l’avait bien fait comprendre. Le système Arkamys 3D à six haut-parleurs ne permet pas une qualité optimale, alors qu’il manque particulièrement de basse et de puissance.

Bilan : où en est Dacia ?

Dacia a donc bel et bien augmenté ses prix, mais pas plus que ce qu’ont pu faire ses concurrents. En prenant cette voie, la marque a pu augmenter ses marges, et changer son marketing pour quitter l’image péjorative du low cost. Cependant, les équipements et les motorisations montrent bien que Dacia continue de suivre sa stratégie, la même qu’il y a quinze ans, avec une proposition très légère sur l’entrée de gamme. En reste que le niveau de prestation augmente sur le reste des finitions. Les clients continuent de privilégier les plus élevées, et ce pour le plus grand bonheur de Renault qui continue d’y recycler ses pièces en fin de carrière.

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Votre opinion
    1. Je pense que dacia doit suivre les augmentation de la matière première,, certaines marques de voitures on augmenté de 2023 à 2024 de 6000€ a 10000€ voir plus. sur 10ans je trouve cela normal pour le groupe dacia

  1. Il faudrait comparer avec l’évolution des coûts des modèles des autres marques:
    clio
    208
    C3
    DS3
    Qu’est ce que cela donne ?

Les commentaires sont fermés.