Tous les agents publics bientôt dotés d’un ChatGPT maison ? Jeudi 6 février, Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, et Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique et de l’Intelligence artificielle (IA), ont dressé la feuille de route du gouvernement en matière d’IA dans le service public, à quelques jours du sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle de Paris, les 10 et 11 février prochains.
Sans surprise, le gouvernement explique vouloir « accélérer » l’adoption de l’IA dans tous les secteurs publics, après plusieurs expérimentations menées ces derniers mois. « Les outils comme l’IA peuvent permettre (aux agents publics NDLR) de gagner du temps », un temps qui pourrait ensuite être passé avec les usagers, a rappelé la ministre déléguée à l’IA et au Numérique, Clara Chappaz.
Un argument déjà formulé par Stanislas Guerini un an plus tôt. Lorsque le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques d’alors lançait la première expérimentation d’usage d’une IA générative dans les services publics, il avait le même objectif : « gagner en efficacité et d’économiser du temps sur certaines tâches, et ainsi renforcer le contact humain entre les agents de services publics et les Français ».
L’IA déjà utilisée pour lutter contre la fraude, et contrôler la dépense publique…
Depuis, l’IA a été utilisée dans de nombreux services publics. « Nous ne découvrons pas l’IA en 2025 », « l’État et l’administration s’en servent déjà », a confirmé le ministre actuel de l’Action publique, Laurent Marcangeli, énumérant pêle mêle tous les domaines qui ont expérimenté la technologie.
Outre « la lutte contre la fraude et l’instruction des aides aux entreprises », des projets ont été menés dans « le contrôle de la dépense publique, les relations avec les fournisseurs de l’État », l’anonymisation des décisions pour le ministère de la Justice, ou encore la gestion de ressources humaines au sein de l’Éducation nationale.
Fort de ce socle, le ministre de la Fonction publique est venu expliquer les futures étapes de la « stratégie du Gouvernement en faveur de la diffusion de l’IA dans le secteur public », une stratégie décidée au sein d’un comité interministériel sur l’intelligence artificielle présidé par le Premier ministre qui avait lieu en début de matinée.
Les pépites françaises privilégiées
Si le ministre n’a donné aucun chiffre, il a assuré que des outils d’IA seront déployés dans tous les ministères, cette année. Le gouvernement promet que pour ce déploiement, l’État privilégiera « nos pépites françaises » du secteur, notamment en utilisant le levier de la commande publique. Il sera toutefois possible de « passer par des partenariats avec des leaders technologiques qui nous aideront à garantir l’accès aux meilleures pratiques (…) existantes », nuance-t-il.
L’annonce clé du jour était que les 5,7 millions d’agents publics pourront tous bénéficier de « l’équivalent de ce qu’on appelle ChatGPT », un agent conversationnel qui permet de faire des recherches, préparer des synthèses, des comptes rendus. L’idée est de « proposer la même chose en version française et sécurisée », a déclaré Laurent Marcangeli, sans préciser de quel LLM il est question : Albert, l’IA développée par l’État ? Mistral, l’IA développée par la start-up française ? Les agents seront tous formés à cette technologie.
(Nous ne) « vendrons pas des données publiques à des puissances étrangères »
L’objectif de la stratégie du gouvernement est de développer « une IA de confiance qui soutienne l’ambition française de redevenir un État puissant et un leader européen en matière technologique », avance le ministre. Cette IA de confiance aura toujours un agent public dans la boucle, et toujours le plus haut niveau d’exigence en termes de protection des données de sécurité, précise-t-il.
« Nous ne serons pas (…) les membres d’un gouvernement qui vendront des données publiques à des puissances étrangères », insiste Laurent Marcangeli. L’IA n’a d’ailleurs pas vocation à remplacer les agents publics, a tenu à rappeler l’homme politique, mais « à simplifier la vie » des fonctionnaires.
Qu’en est-il des associations ou de la Défenseure des droits, qui s’inquiètent justement de l’utilisation croissante de l’IA et des algorithmes par l’administration ?
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Le sujet n’a pas été évoqué par les deux ministres. En marge de l’événement, le gouvernement a aussi annoncé qu’il mettra à disposition 35 sites « clé en main » pouvant accueillir des data centers dans l’Hexagone, des infrastructures indispensables au développement de l’IA.
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