Lors de la grand-messe annuelle de l’Afic (Association française des investisseurs en capital) en février dernier, Patrick Artus, le directeur de la Recherche et des Etudes de CDC IXIS Capital Market, démontrait que la rentabilité du
capital-risque était bien supérieure à celle de la Bourse. D’accord. Mais encore faudrait-il que les capital-risqueurs investissent ! Les chiffres du premier trimestre en Europe montrent clairement qu’ils ont plus que jamais fait preuve de
frilosité.En effet, seuls 639 millions d’euros ont été investis dans le non-coté, d’après la dernière étude d’Ernst & Young et VentureOne. En 2002, c’est plus du double qui avait été investi au cours de la même période. Depuis le plus
fort de la bulle internet, en 2000, les capital-risqueurs ont divisé leurs investissements par 8. Il faut dire aussi que beaucoup de fonds ont depuis arrêté leur activité.’ Les événements géopolitiques ont eu des répercussions sur l’investissement privé dans le monde entier et l’Europe n’y fait pas exception ‘, a commenté dans un communiqué Gil Forer,
la directrice du département Capital-Investissement d’Ernst & Young. Oui, mais la politique ne doit pas faire oublier que le capital-risque souffre d’une crise plus profonde : les investisseurs sont encore
‘ empêtrés ‘ dans leur portefeuille, à soutenir les sociétés qui peuvent être sauvées. Par la force des choses, ils se consacrent peu aux nouveaux dossiers, d’autant que la taille de leurs fonds a été réduite et leurs
équipes aussi.
Tous les secteurs ont été touchés
Ainsi tous les segments industriels ont-ils pâti de la défection des fonds. Mêmes les secteurs jugés sûrs par les investisseurs. La cote des biotechnologies est en baisse. Elles n’ont récolté que 147 millions d’euros au cours du
premier trimestre, contre 298 millions l’année précédente pour la même période.Quant au secteur refuge qu’est le logiciel, il dégringole. Alors qu’il glanait encore la coquette somme de 425 millions d’euros au premier trimestre 2002, il n’en a obtenu que 130 sur le début de l’année.Seul le commerce de détail semble tirer encore son épingle du jeu. Ou tout au moins une société : ainsi, le supermarché britannique en ligne Ocado a réussi à lever 48,5 millions d’euros auprès de ses investisseurs historiques,
la chaîne de magasins John Lewis et la banque UBS.La France n’échappe pas à l’atonie générale. Même si elle reste l’un des pays les plus actifs, avec 60 opérations conclues au cours du premier trimestre. Les capital-risqueurs ont investi 97 millions d’euros dans les sociétés
technologiques hexagonales.Par rapport à 2002, la chute est abyssale. Les investisseurs avaient alors consacré près de 256 millions d’euros aux entreprises françaises. Les annonces du gouvernement sur l’innovation et
son financement nont pas suffi à redonner confiance à un milieu en plein doute. Ni à donner naissance à de nouveaux acteurs.
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