Dans le centre de santé René Laborie, à Paris, c’est la panique depuis le mois de septembre. Les patients qui arrivent pour un rendez-vous prennent un numéro et poussent un soupir en découvrant la salle d’attente bondée.
Entre les quintes de toux et les coups d’?”il au compteur, où défilent lentement les numéros, des docteurs appellent leurs patients. ‘ Laissez votre carte Vitale au comptoir, vous verrez après. ‘‘ Un changement de logiciel nous oblige à ressaisir tous les détails des patients. Cela prend beaucoup de temps ‘, explique une employée, préposée à l’ouverture des droits, à tous les patients qui
s’agglutinent autour de son comptoir, visiblement agacés. Un arrêté du 24 avril impose en effet la mise en place d’un mode de transmission électronique des données de remboursement sur la carte Sesam-Vitale au 31 décembre.‘ Nous avons anticipé dès cet été et nous avons choisi le logiciel le plus utilisé par les centres de santé parisiens. Mais cela ne se paramètre pas du jour au lendemain et le basculement crée des problèmes
d’accueil pour nos patients ‘, détaille Pascale Fumeau-Demay, la directrice déléguée du centre de santé. Encore s’estime-t-elle heureuse, car certains autres centres lui ont rapporté des délais d’attente
atteignant quatre heures et, plus grave, des pertes de certaines données nouvellement ressaisies.
Encore des ratés avec la déclaration du médecin traitant
Olivier Saillenfest est le directeur des systèmes informatiques à la Mutualité Française, qui gère des centaines de services de soins et fédère 2 000 mutuelles couvrant 38 millions de personnes en France. Pour lui, les
problèmes que rencontrent les centres de santé ont plusieurs causes.‘ La conjonction de deux événements complique la situation : une nouvelle version du système d’échange de flux Sesam-Vitale, la version 1.40, et un nouveau codage des actes médicaux. Les éditeurs de logiciels
agréés n’étaient pas prêts pour la nouvelle codification et cela donne des régressions fonctionnelles ‘, explique-t-il.Selon les professionnels de la santé, un autre problème vient se greffer sur ces ceux-là. A la suite de la loi portant réforme de l’assurance-maladie de 2004, les assurés doivent déclarer un médecin traitant. Or, les caisses
primaires ont du mal à mettre à jour ces informations en temps réel.A l’arrivée, si le choix du médecin traitant n’est pas correctement consigné dans les bases de données des caisses primaires, le patient n’est pas pleinement remboursé. ‘ Les centres de santé qui
pratiquent le tiers-payant voient leurs demandes de remboursement rejetées et ce sont des sommes qui deviennent vite douloureuses ‘, raconte un professionnel du secteur.A la Mutualité Française, on est en train de passer à l’étape suivante : une carte Vitale 1.40 qui contient aussi les données concernant la mutuelle de l’assuré, afin de raccourcir les délais de remboursement de la part
complémentaire. Le déploiement a démarré à grande échelle. ‘ Nous espérons dépasser les 100 000 assurés dans deux mois et atteindre 10 millions à l’été 2008 ‘, projette Olivier Saillenfest.
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