L’industrie auto, mais aussi la high-tech et les télécoms, s’accordaient sur la nécessité de standards pour la télématique embarquée. Aujourd’hui, l’équipementier Siemens VDO passe à l’acte avec TLA (Top Level Architecture), une architecture logicielle ouverte à l’ensemble des acteurs du secteur. “Nous voulons casser le cercle vicieux qui empêche l’émergence de standards, explique Bruno Dussert-Vidalet, chef de produit TLA chez Siemens VDO. Jusque-là, les fabricants d’équipements électroniques travaillaient de leur côté, et les fournisseurs des futurs services du leur. Avec TLA, tous les intervenants du marché peuvent participer au développement d’applications télématiques et donc à la création de nouvelles fonctionnalités.”Cette initiative a beau venir d’un des grands spécialistes de l’électronique automobile, aux côtés de Magneti Marelli ou de Bosch, la partie n’est pas gagnée. Pour imposer son standard, Siemens VDO mise sur l’interopérabilité et l’évolutivité. TLA définit en fait la façon dont l’ordinateur de bord interagit avec les différents composants d’un équipement télématique. Pour l’instant, il s’agit de l’autoradio, du système de navigation, ou de la téléphonie embarquée, mais la télématique devra aussi accueillir les PDA dans l’habitacle et, plus tard, l’UMTS.
Trois tranches de travaux
Pour garantir l’ouverture du système, la structure logicielle de TLA est modulaire. Une première couche normalise les interfaces d’entrée/sortie. La seconde est constituée du système d’exploitation VxWorks sous environnement Java, fourni par Wind River. Cette société californienne continue ainsi sa percée dans la télématique auto ?” elle équipe aussi Magneti Marelli ?” après avoir fait ses preuves avec des OS pour l’aérospatiale, les appareils photo numériques ou les routeurs Cisco. Enfin, la troisième couche est constituée d’applications et de services logiciels en langage Java, et garantit l’accueil de nouveaux services au standard OSGI.Les spécifications de TLA, notamment l’environnement Java et la conformité à la norme OSGI, rejoignent les choix faits par l’AMIC, un groupe de réflexion regroupant la plupart des constructeurs automobiles. “Eux aussi réfléchissent à la création de standards. En revanche, ils travaillent davantage sur l’interface homme-véhicule, alors que nous avons une offre commerciale “, précise Bruno Dussert-Vidalet. Mais pas de polémique entre voisins car le siège européen de l’Amic est à Sophia-Antipolis, où Siemens VDO a implanté un centre de R & D dédié, regroupant le gros des 300 personnes qui ont travaillé pendant deux ans sur le projet. TLA a donc nécessité de lourds investissements, mais l’équipementier préfère rester discret, se contentant d’indiquer qu’il s’agit du plus important de sa part dans le multimédia depuis dix ans, et que cela a absorbé 95 % des crédits alloués à ce créneau. Au début des années quatre-vingt-dix, Siemens VDO avait misé, avec le reste de l’industrie, sur les infrastructures routières intelligentes, sans véritable résultat.Cette fois-ci l’équipementier se distingue en prenant l’initiative. “C’est la première fois que nous lançons une offre purement logicielle, qui plus est à destination d’une grande variété d’acteurs, dont nos concurrents directs, explique Bruno Dussert-Vidalet. TLA modifie notre portefeuille de produits, même si l’objectif est aussi de fournir aux constructeurs des formules combinant matériel traditionnel et architecture logicielle. L’un d’entre eux a déjà franchi le pas pour un véhicule qui sort début 2003.”Il s’agit d’une véritable révolution chez Siemens VDO, et l’ambition est de faire de TLA “le Windows de l’automobile”. La référence au produit phare de Microsoft n’est pas anodine puis que le géant de Redmond lorgne aussi sur l’automobile depuis ses premiers kilomètres dans l’Auto PC de Citroën. De plus, il y a trois mois, Microsoft a lancé une déclinaison de “.Net” spécifique à l’automobile, “Car.Net “.Siemens VDO n’entre toutefois pas en concurrence directe avec Microsoft, qui a déjà été son partenaire, pour l’équipement de la BMW série 7 par exemple. Comme d’habitude, c’est Sun, le promoteur de Java, qui est sur le front. “Il y a deux ans, Java était incontournable pour l’automobile. Aujourd’hui, nous misons beaucoup sur Sun et Java, étant donné que TLA doit devenir une le support d’une véritable communauté de développeurs, qu’ils travaillent chez les équipementiers ou chez les prestataires de services qui préparent les applications télématiques du futur. Or l’expérience de Sun dans l’animation de ce type de communauté de développement n’est plus à prouver.” Pour autant, le portage de TLA sur “.Net” est programmé : “Ce n’est pas prioritaire, mais on ne peut pas faire l’impasse sur Microsoft et son formidable potentiel d’image.” Or, si la télématique auto est encore très technique, il lui faudra force marketing pour entrer dans la voiture de monsieur Tout-le-monde.
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