Quelle question ! Depuis des années, l’accent est mis sur les autres compétences d’un DSI : gestion des ressources humaines, vision management, dialogue avec les DG. . . Loin de moi l’idée de minimiser ces compétences indispensables ; la question est de savoir si l’on peut être un bon DSI sans avoir aussi une compétence technique.Que signifie, pour un DSI, être compétent techniquement ? Il ne s’agit pas de savoir écrire un driver DVD en Java ou d’installer l’OS de serveurs octoprocesseurs ! Une compétence technique maîtrisée permet de construire des SI performants et d’alerter les dirigeants sur les potentiels métier des nouvelles technologies.Rares sont les entreprises dont les métiers ne sont pas “impactés” par de nouvelles technologies, telles que l’internet mobile ou les hauts débits à coût raisonnable. On ne peut pas demander à des dirigeants de découvrir eux-mêmes ces potentiels. Un DSI doit alerter les DG, les responsables marketing ou commerciaux sur toute technologie qui pourrait mettre en danger des activités existantes ou créer de nouveaux marchés. MP3, technique simple de compression sonore qui a chamboulé toute l’industrie de la musique, en est un bon exemple. Un DSI qui n’aura pas présenté de quatre à dix alertes technologiques métier chaque année au comité de direction doit se poser des questions sur sa compréhension des évolutions techniques. Analyser toute innovation à la lumière des métiers de son entreprise est aujourd’hui une activité stratégique de tout DSI.Cette compétence technologique maîtrisée l’aide aussi à choisir les outils pour réaliser des systèmes d’information fiables, rapidement, à des coûts raisonnables. On ne peut plus construire des SI performants sans s’appuyer sur les réseaux tout IP, Linux pour les serveurs, le tout-navigateur, les composants métier objet, les webgiciels, les outils de groupware et de business intelligence. . .Comment manager cette compétence technique ? Les sources d’information sont la presse professionnelle, les fournisseurs et internet. Des entreprises performantes organisent cette veille multicanal grâce à un forum interne, auquel participent des spécialistes de la DSI. Chacun y apporte sa compétence, ses centres d’intérêt et ses sources spécifiques. Un débriefing périodique, sous la responsabilité du DSI, permet de détecter les nouveautés qui peuvent avoir un impact sur les métiers ou le SI. Fedex a organisé ce processus pour les contacts avec les fournisseurs, transformant ce qui était auparavant un pensum en un plus pour l’entreprise et. . . les fournisseurs (*).Un DSI techniquement compétent apporte beaucoup de valeur à son entreprise : il aide les dirigeants à anticiper les impacts métier des technologies ; il met à la disposition des informaticiens des outils adéquats pour construire un SI performant ; il ne se laisse plus imposer ses choix par le marketing des fournisseurs et évite le sort des rats suivant le flûtiste de Hamelin ; il ne suit pas les modes, surtout avec retard !Cette compétence technique est encore plus cruciale dans les grandes structures, qui ont des temps de réponse. . . importants. Une dernière remarque : se poserait-on cette question pour dautres fonctions, telles les ressources humaines ou les finances ?
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