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Un blog juridique américain ferme, par peur de la surveillance des réseaux

Spécialisé dans les affaires high-tech, Groklaw.com arrête ses publications. La créatrice du site, Pamela Jones, estime qu’Internet ne garantit plus le niveau de confidentialité nécessaire pour faire ce travail.

Clap de fin pour Groklaw, célèbre blog juridique spécialisé dans les procès-fleuve du monde high-tech. Créé en 2003 par la juriste Pamela Jones, ce site a été une source précieuse pour tous ceux – y compris les journalistes – qui cherchaient des analyses pointues sur les batailles juridiques de SCO, la guerre de brevets entre Samsung et Apple, les licences open source, etc.

Mais l’auteure a préféré jeter l’éponge, dégoutée par les révélations sur la surveillance massive des services secrets américains. Dans son message d’adieu, elle explique que c’est la fermeture du fournisseur de services e-mails Lavabit qui l’a convaincu de tout laisser tomber, car il n’y avait plus aucun moyen d’assurer la confidentialité de ses échanges avec les informateurs et les contributeurs au site. « Il n’y a pas moyen de faire Groklaw sans e-mails », souligne-t-elle, avant de comparer la surveillance du Net à un viol de la sphère privée : « Des personnes que je ne connais pas peuvent fouiner dans mes pensées, mes espoirs et les desseins que j’ai formulés dans mes e-mails avec vous (…) Je ne peux pas rester en ligne sans perdre mon humanité, maintenant que je sais que la protection des données est impossible. »

Vague d’amertume

Cette fermeture a généré une vague d’amertume dans la communauté des logiciels libres, avec laquelle Pamela Jones avait tissé de nombreux liens. Ainsi, l’ex-président de Free Software Foundation Europe, Georg Greve, trouve que « c’est un triste jour pour les technologies de l’information et la cause des logiciels libres. (…) Groklaw a été la plus importante plate-forme pour contrer le lobbying des grandes entreprises. Il a été un site pour lanceurs d’alertes bien avant Wikileaks. »

Pamela Jones ne vivra pas en ermite numérique pour autant. Elle restera joignable par e-mail, mais de préférence au travers d’un fournisseur suisse, Kolab.com, créé d’ailleurs par Georg Greve. « A court terme, c’est la meilleure solution que j’ai trouvée pour me protéger de la surveillance », explique-t-elle.

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Gilbert Kallenborn