On n’y croyait plus vraiment. Mais l’Autorité de régulation des mesures techniques relative à la loi du 1er août 2006
sur le droit d’auteur (DADVSI) a fini par voir le jour. Un décret est paru le 4 avril dernier au Journal officiel. Et, à quelques jours de la fin du
gouvernement Villepin, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres a officiellement installé la nouvelle structure.Composée de six membres désignés pour un mandat de six ans, cette autorité administrative indépendante (c’est-à-dire de même statut juridique que le CSA ou l’Arcep) aura pour mission d’assurer l’interopérabilité des mesures techniques
et la garantie de la copie privée, a rappelé le ministre. La mise en place physique de cette nouvelle structure intervient dans un contexte sensiblement différent de celui qui a présidé à sa création législative.Car le débat sur l’interopérabilité a évolué. Des blocages subsistent et, en matière musicale par exemple, les consommateurs qui achètent des fichiers sur certaines plates-formes de téléchargement en ligne ne peuvent pas forcément
écouter ces morceaux sur n’importe quel baladeur numérique. Mais des progrès ont été accomplis. Des catalogues indépendants sont désormais proposés sur des boutiques en ligne, comme celles de VirginMega et de Fnacmusic, sans mesures techniques de
protection et, en début de semaine,
Apple et EMI sont parvenus à des accords de diffusion similaire.
Elle fixera le nombre minimal de copies privées
Commentant l’actualité, le ministre de la Culture en a profité pour se décerner un satisfecit en rappelant ‘ qu’il y a un an, d’aucuns n’hésitaient pas à faire le procès de la France et qu’Apple menaçait de
quitter notre territoire. […] Cela fait d’ailleurs mentir ceux qui caricaturaient le débat parlementaire sur la loi DADVSI, en prétendant que les mesures techniques seraient rendues obligatoires ‘.Cela signifie-t-il pour autant la fin des DRM (les mesures techniques qui limitent la copie des ?”uvres) ? Pas vraiment. Car, explique le ministre, ces verrous permettent aussi d’innover et de proposer au public de nouvelles
offres et de nouveaux modèles qui ne pourraient exister sans eux, comme la vidéo à la demande en téléchargement définitif ou en location.L’Autorité de régulation, qui va prendre ses quartiers dans les prochains jours, devrait donc jouer un rôle central dans l’équilibre de la loi DADVSI, voire dans sa pérennité. C’est elle qui fixera notamment le nombre minimal de copies
privées d’une ?”uvre qu’un consommateur pourra effectué. Certains prédisent déjà que ce nombre pourrait, dans bien des cas, être égal à… zéro !A défaut de mesures volontaires de la part des titulaires de droits, l’Autorité pourra être saisie par les consommateurs, les bénéficiaires des exceptions de copie privée (personnes handicapées, par exemple) ou les associations agréées
les représentant.
Une imposture selon l’UFC-Que choisir
Cette question de la saisine suscite de vives réactions chez les associations de consommateurs. Pour Julien Dourgnon, directeur des études à l’UFC-Que choisir, la présentation qui a été faite relève de l’imposture et de la
poudre aux yeux. Car selon la loi DADVSI, explique-t-il, les associations de consommateurs n’ont en fait pas le droit de saisir la nouvelle autorité sur une question aussi fondamentale que l’interopérabilité. ‘ On se moque de
nous sur ce sujet, comme on se moque de nous au niveau des nominations. ‘Dans ce registre, le représentant de l’UFC-Que choisir dénonce un ‘ véritable conflit d’intérêts ‘ dans la nomination, au sein de la nouvelle structure, du président de la commission
de la rémunération pour la copie privée, Tristan d’Albis. Il est tout aussi critique vis-à-vis des autres personnalités qualifiées, notant au passage qu’‘ on peut-être qualifié et engagé ‘.S’agissant de l’interopérabilité proprement dite, l’Autorité a le pouvoir d’ordonner l’accès aux informations essentielles pour garantir sa mise en ?”uvre par les éditeurs de logiciels et de matériels. En cas de problèmes persistants,
elle aura le pouvoir de prononcer des injonctions sous peine d’astreinte financière pour faire exécuter ses décisions voire, le cas échéant, de décider de sanctions pécuniaires.En conclusion de sa présentation, le ministre de la Culture, qui assume ‘ le rôle ingrat qui a pu être le sien ‘ dans la période récente, a estimé que le dispositif législatif sur le droit
d’auteur vise, in fine, à mettre la technologie au service de la création et de la diversité culturelle.
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