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Un appel d’une centaine de personnalités pour faire du Black Friday un vendredi noir pour Amazon

À deux semaines du Black Friday, une tribune signée par des dizaines de personnalités s’en prend au géant du commerce en ligne et appelle à ne pas suivre la journée commerciale du vendredi 29 novembre.

« Événement majeur d’un capitalisme féroce, cette ode aux prix cassés et aux achats compulsifs a des conséquences environnementales, sociales et fiscales dramatiques ». Telle est la définition critique du Black Friday explicitée sur le site « stop-amazon » qui vient d’être lancé. Son lancement s’accompagne de la publication d’une tribune signée par une centaine de personnalités, vendredi 15 novembre dans les colonnes du Monde. À deux semaines de cette journée noire, ce collectif hétéroclite appelle au boycott.

Tous unis contre Amazon

Boycotter le « Black Friday », tout un symbole. Pour le collectif, cette journée est « en totale contradiction avec la profonde aspiration à une vie décente sur une planète vivable, exprimée notamment par les gilets jaunes ou les marcheurs pour le climat ». Les signataires s’engagent à mener des actions partout pour faire du Black Friday un véritable vendredi noir pour Amazon. Littéralement.

Parmi les signataires, il y a des personnalités connues pour leur engagement, tels que l’écrivain Alain Damasio, le réalisateur britannique Ken Loach, une des porte-parole des Gilets jaunes Priscillia Ludosky et Claire Nouvian, candidate Place Publique aux élections européennes 2019. Mais, on retrouve aussi le groupe Les Ogres de Barback, l’humoriste Christophe Alévêque, ou le comédien Yvan Le Bolloc’h.

« Une vision du monde que nous devons combattre »

Cette hétérogénéité reflète la diversité des positions à la fois écologistes, de défense des droits numériques et anticapitalistes, qui s’accordent face à l’ennemi commun : Amazon. Nom auquel est tout de même apposé « et son monde », autrement dit la course capitalistique accélérée sur la Toile et exacerbée par les Gafa. Mais l’entreprise de Jeff Bezos a l’avantage comparatif de concentrer tous les maux. 

Ras-le-bol du « jamais assez »

Le texte de la tribune s’attache d’abord aux problèmes écologiques liés aux activités d’Amazon. Il est rappelé que les « data centers [d’Amazon] ont généré autant de gaz à effet de serre que le Portugal en 2018 ». L’année dernière Amazon a, par ailleurs, jeté 3 millions de produits pourtant totalement fonctionnels pour éviter les coûts de stockage

Les signataires dénoncent ensuite les mécanismes d’évitement fiscal développés par Jeff Bezos, le patron et fondateur de la société. Sur la taxe Gafa, Amazon a ainsi sciemment choisi de répercuter le « modique » impôt sur les producteurs en augmentant ses tarifs de vente. 

« A Seattle, où est situé son siège, Amazon a fait annuler une taxe sur les multinationales en faveur des sans-abri pourtant votée à l’unanimité par le conseil municipal », peut-on lire dans la tribune.

Les élus dans le collimateur

Le contournement prend des formes différentes selon les pays mais l’objectif est toujours le même : toujours plus à moindre coût. Les signataires indiquent que pour un emploi créé par Amazon, deux sont détruits.  

« Douze ans après l’ouverture de son premier entrepôt français à Saran (Loiret), Amazon a inauguré, en présence du secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, un entrepôt géant équipé de 4 000 robots à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne », fustige le texte.

Ce n’est pas seulement un appel au boycott, c’est aussi un cri à l’égard des élus. Alors que le texte de l’économie circulaire porté par le gouvernement est en ce moment étudié par les parlementaires, l’appel condamne l’hypocrisie du monde politique. 

Le collectif critique férocement « l’aveuglement des élus et des membres du gouvernement qui préfèrent couper le ruban plutôt que de s’interroger sur la disparition de milliers de commerces de proximité pourvoyeurs d’emplois et de lien social partout en France. » Avant d’abonder : « Il est urgent de stopper la construction des nouvelles infrastructures d’Amazon et des autres entreprises du e-commerce et de nous mobiliser pour le développement d’une économie locale créatrice d’emploi, génératrice de lien social et compatible avec les impératifs climatiques. »

Source : Le Monde

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Marion Simon-Rainaud