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Un an après, le paradoxe des 35 heures

Avec le recul, la loi sur la réduction du temps de travail révèle quelques surprises : créée pour augmenter les emplois, elle facilite la rupture de contrats.

Un DRH racontait récemment avoir repéré, par le biais de la loi sur les 35 heures, une raison de rompre les contrats de travail. La cause : les cadres, sous pression, doivent accomplir plus rapidement au moins autant de travail. Résultat : ils peuvent incriminer ce changement de modalités rendant plus difficile l’accomplissement de leurs tâches.Entreprise et salariés ont ainsi trouvé leur compte : la première, parce que cela lui évite des licenciements secs ?” période de restriction oblige ?”, les seconds ?” pour la plupart proches de l’âge de la retraite ?”, parce qu’ils peuvent ainsi partir avec indemnités et droit aux Assedic !A croire que l’on marche sur la tête : l’application de la loi sur les 35 heures a abouti, dans ce cas, à l’effet exactement inverse de celui qu’elle était censé obtenir ! Sans compter que cette entreprise s’est apparemment refusé à entrer dans le système des notations, qui risque effectivement de nuire aux moins alertes, qui sont moins capables donc d’effectuer plus rapidement le travail.La réduction du temps de travail, avec le recul d’un peu plus d’une année, conduit à un réel paradoxe pour certains : la satisfaction d’obtenir davantage de journées de congés en même temps que l’augmentation du stress dû à l’overdose de travail !La toute dernière étude de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres) le confirme : la moitié des cadres interrogés estiment leur charge de travail excessive, et 66 % d’entre eux déclarent qu’elle a même augmenté en 2002 par rapport à l’année précédente. Mais il serait injuste d’imputer cet accroissement du stress aux seules 35 heures ! La crise économique actuelle y contribue largement, les sociétés cherchant par tous les moyens à réduire leurs coûts.Parallèlement à cela, nombre d’entre elles veulent éviter les licenciements ?” secs ou non ?” dans l’attente d’une hypothétique reprise… en septembre. Et les salariés ne s’y trompent pas : récemment, un jeune informaticien en intercontrat dans une société de services informatiques reconnaissait qu’il était cher payé pour ne rien faire. Mais pas assez, ajoutait-il avec humour, pour sa dose dennui quotidienne.Prochaine chronique lundi 13 mai

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Anne-Françoise Marès