L’UMTS méritait sûrement mieux que le scénario surréaliste qui se déroule depuis dix-huit mois en Europe. Dernier avatar : la volte-face du gouvernement français, qui divise par huit le prix de la licence de mobiles 3G. Une décision à porter au crédit d’une forme de courage politique, denrée suffisamment rare pour qu’on la relève. Il est vrai que l’Etat a, par la même occasion, servi ses propres intérêts en éclaircissant l’horizon financier de France Télécom, qu’il contrôle encore majoritairement.Les pouvoirs publics français ont eu l’audace de ” déconstruire ” un édifice boiteux dès l’origine. Le prix de la licence UMTS avait été fixé à 5 milliards d’euros en juin 2000, alors que la bulle financière se dégonflait et que France Télécom était déjà très endetté. L’option finalement retenue, celle d’une redevance fixe peu élevée et d’une partie variable, proportionnelle au chiffre d’affaires induit par l’activité UMTS, peut-elle rencontrer un écho en Europe ? Déjà, Michel Bon s’est déclaré favorable à une remise à plat des procédures d’attribution des licences en Europe. Mais, c’est ouvrir la boîte de Pandore.Les régulateurs britanniques et allemands ne peuvent qu’aménager les conditions d’exploitation des futures licences sur leur territoire. La dîme relative aux licences issues d’enchères faramineuses a déjà été encaissée… Promptes à tout régenter, les instances européennes ont laissé aux Etats membres le choix du mode d’attribution des licences, tout en fixant un calendrier irréaliste d’ouverture des premiers services UMTS en janvier 2002 !Qui, de la Commission ou du Parlement, s’était inquiété du fait que des conditions d’attribution aussi disparates allaient contre les règles communautaires du marché unique ? Peut-on encore redonner à la technologie UMTS l’envergure européenne dont elle n’aurait jamais dû se départir ? Certains parlent déjà de réunir tous les acteurs concernés en Europe pour remettre à plat l’ensemble du dossier. La décision française a au moins le mérite d’ouvrir le débat.
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