Les opérateurs télécoms, l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), les institutions européennes et le gouvernement reprennent leur souffle, au lendemain de la décision prise par Bercy d’abaisser le ” ticket d’entrée ” de la licence UMTS à 619 millions d’euros, soit huit fois moins qu’initialement prévu.Cependant, le débat sur le prix et l’attribution des licences UMTS est loin d’être achevé. Revue de détails de ce qui reste à régler ou est en passe de l’être.
28 milliards d’euros par an jusqu’en 2015
Les opérateurs ignorent quel sera le montant du chiffre d’affaires généré par l’activité UMTS. Or, le gouvernement a prévu de prélever une part variable ?” 1 à 2 % ?” des recettes liées à la norme UMTS, en plus du ticket d’entrée.Cette part variable apporterait entre 5,3 et 7,3 milliards de recettes au Fonds de réserve pour les retraites (FRR). Un chiffre que l’on peut juger ambitieux. En effet, le ministère de l’Economie et des Finances table sur un chiffre d’affaires moyen de 28 milliards d’euros par an, pour l’UMTS, jusqu’en 2015.Or, Orange France ?” 48 % du marché français de la téléphonie mobile ?” a généré 3,2 milliards d’euros de recettes au premier semestre 2001. Sur l’année 2001, le chiffre d’affaires de la téléphonie mobile en France est donc estimé à 13,2 milliards d’euros.Les revenus des opérateurs mobiles devront donc plus que doubler pour que l’Etat français voit ses prévisions se réaliser.
Possible coup de force des opérateurs en Europe
La Commission européenne a appuyé, mercredi, la décision française d’assouplir les conditions d’octroi des licences 3G. Cependant, les autorités européennes pourraient être poussées à agir en tant que telles.En effet, Michel Bon avançait mercredi matin que : ” La solution prise par la France pourrait utilement inspirer d’autres pays européens et devrait conduire la Communauté européenne à se préoccuper des trop grands écarts qui existent entre les conditions de licence des différents pays de l’Union.”Concrètement, France Télécom veut désormais obtenir une ristourne du gouvernement allemand (prix de la licence compris entre 8,3 et 8,4 milliards d’euros par opérateur) et britannique (entre 6,4 et 9,6 milliards d’euros par opérateur).La marge de man?”uvre d’Erkki Liikanen, commissaire européen aux Entreprises et à la Société, est toutefois étroite. ” La décision du gouvernement français sert naturellement un objectif commun : celui de faciliter le rôle de l’UMTS en Europe, a ainsi déclaré Per Haugaard, porte-parole d’Erkki Liikanen. Cette décision semble prendre en compte la nouvelle donne économique. “Avant d’ajouter que ” les gouvernements européens ont demandé et obtenu que la vente des licences relève de leur compétence. Conséquence, Bruxelles ne pourra pas infléchir le prix de la licence, même si le rôle de la commission sera “plus fort à l’avenir“. “
Relancer la procédure…
C’est à l’ART qu’incombera la tâche de procéder à l’attribution des dernières licences. L’ART estimait le 31 mai dernier que le marché français de l’UMTS “ n’existera véritablement que s’il est réellement concurrentiel et ne se réduit pas à un duopole “.De ce point de vue, Laurent Fabius tente aujourd’hui de susciter des vocations en cassant le prix du ticket d’entrée. Mais, il n’est pas sûr que cela suffise à attirer un quatrième candidat. En revanche, il apparaît certain aujourd’hui que Bouygues Telecom sera candidat à la troisième licence.Le temps presse pourtant. L’ART soulignait en mai que l’appel à candidatures complémentaires devait intervenir au plus tard au premier semestre 2001, pour permettre aux entreprises ” du deuxième train de rejoindre les entreprises du premier train au moment où le marché de l’UMTS s’ouvrira effectivement à partir de la fin 2003. “Tout retard supplémentaire risque de provoquer l’échec de l’UMTS pour les troisième et quatrième opérateurs qui seront retenus par l’ART.
… et trouver les candidats
Bouygues Telecom, le troisième opérateur français de mobiles, qui, après avoir refusé de participer au premier tour pour des questions de prix, a jugé que ” les nouvelles conditions allaient dans le bons sens “.En revanche, les analystes sont très partagés sur le cas du quatrième ticket d’entrée à l’UMTS. ” Si les marchés boursiers étaient florissants, il n’y aurait pas pénurie de candidats potentiels, mais avec des bilans déjà tendus et la révision à la baisse des projets d’expansion de la plupart des opérateurs de mobiles, il n’est pas sûr qu’il y ait preneur pour une licence nue dans un marché abritant trois joueurs bien installés “, relève ABN Amro dans une note.” Il y aura forcément des candidats, prédit Gilles Le Blanc, économiste à l’école des Mines de Paris. Aucun opérateur n’est dans une situation idéale, mais les sommes en jeu ne sont plus colossales. “Elles restent toutefois significatives puisque, en sus du prix de la licence, l’opérateur doit au minimum prendre en compte le coût de construction d’un réseau UMTS en France, coût estimé par l’Idate à 5 milliards d’euros. A cela, il faut ajouter les dépenses de commercialisation de l’UMTS auprès du grand public.A ce jour, seul Suez a clairement indiqué qu’il ne serait pas candidat au second appel d’offres. Ils restent donc trois candidats potentiels : Deutsche Telekom, Telefonica et les deux asiatiques Hutchinson Whampoa et NTT DoCoMo
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