Comment s’achèvera la partie de poker que Jean-Marie Messier vient d’engager avec le gouvernement français ? Pour l’heure, le ministère des Finances, qui s’attendait à recevoir un chèque de 619 millions d’euros ce matin, n’a pas dévoilé son jeu. Sans doute surpris par le refus de dernière minute de SFR de verser la première tranche de la somme prévue pour acquérir une licence de téléphonie mobile de troisième génération UMTS, il faudra attendre demain après-midi et les questions au Parlement pour connaître l’avis officiel du gouvernement, et sa réplique…Jusqu’à présent, le discours du gouvernement était clair : le système d’attribution des licences de téléphonie mobile UMTS ne sera pas remis en cause. Prévenu pourtant par l’ART le 31 mai dernier de la nécessité de revoir les procédures, Bercy avait fait le choix de suivre rigoureusement le calendrier fixé, sans aucun assouplissement. “La situation ne fait que confirmer notre suggestion d’explorer de nouvelles pistes”, déclare aujourd’hui le porte-parole de l’autorité de régulation.Malgré ce coup de bluff de SFR, on imagine mal Bercy céder aussi facilement. Alors que les espoirs de croissance économique s’amenuisent de jour en jour, le gouvernement n’entend certainement pas voir s’échapper une somme déjà incluse dans la loi de finance.” Nous regardons toutes les implications juridiques “, a affirmé une source gouvernementale, en rappelant que SFR avait signé le contrat définitif d’attribution il y a à peine un mois.
France Télécom a payé
Entreprise détenue majoritairement par l’Etat, France Télécom a évidemment fait parvenir son chèque à Bercy en temps et en heure. Non sans que Michel Bon ait indiqué “qu’il aurait été raisonnable de ne rien percevoir tant que les conditions d’attribution des troisième et quatrième licences ne sont pas attribuées”.Parmi l’arsenal de sanctions à sa disposition, le gouvernement pourrait suspendre ou retirer à SFR sa licence UMTS, ou encore l’enjoindre de payer son dû avec une amende à la clé. Reste que si le gouvernement retire sa licence à SFR, il saborderait le processus d’attribution qui, déjà, n’a abouti qu’à la sélection de deux titulaires au lieu des quatre prévus. D’autant que SFR a réaffirmé dimanche “poursuivre plus que jamais la mise en ?”uvre de l’UMTS”, dans un communiqué de presse.Cependant, les interrogations pèsent sur les réelles motivations de Vivendi. Si les conditions d’attribution apparaissent aujourd’hui exagérées, cette volte-face intrigue, après le retrait de la participation de Cegetel au dégroupage.Pour certains analystes, le bras de fer entrepris par Jean-Marie Messier pourrait être une man?”uvre pour réduire ses investissements dans les télécommunications et céder SFR et Cegetel. “Jean-Maire Messier présente de plus en plus Vivendi comme un groupe de médias. Une sortie des télécoms serait logique”, assure l’un d’eux. Et ce, même si Jean-Marie Messier tient évidemment le discours contraire.Pour un expert d’une banque européenne, il s’agit en fait “d’une affaire politique. Messier veut certainement forcer le gouvernement à négocier plus vite pour l’année prochaine”. Ainsi, plutôt que de payer avant de connaître la révision des conditions d’attribution, SFR chercherait à inverser le mécanisme. Voir pour payer, au lieu de payer pour voir.Car, justement, l’opérateur ne semble pas s’être entendu avec le gouvernement qui refuse, jusque-là, d’assouplir le montant de la licence (4,95 milliards d’euros). A Bercy, on serait plutôt partisan d’un prolongement de la durée de la licence et de la mutualisation des réseaux.Quelles que soient ses raisons profondes, Jean-Marie Messier, vient de remettre de l’huile sur le feu dans un processus dont on se demande de plus en plus si il ira à son terme.
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