Devant les députés, Laurent Fabius a mis fin au très médiatique feuilleton de l’attribution de licences de téléphonie mobile de troisième génération ?” UMTS ?” en France. Comme le révélait le quotidien Les Echos dès mardi matin, le gouvernement a écarté le processus de mise aux enchères, pour se conformer aux voeux de l’ ART (Autorité de régulation des télécoms) notamment.Le choix des futurs rois de l’Internet mobile se fera sur dossier, mais il leur en coûtera quand même 32,5 milliards de francs chacun : la moitié dans les deux premières années, et le solde réparti sur les treize années suivantes, puisque la durée d’attribution des fameuses licences est de quinze ans. Sans compter le coût du réseau lui même, que Philippe Germond, DG de Cegetel, estimait récemment à une trentaine de milliards de francs. Au total, l’Etat peut dores et déjà compter sur 130 milliards de francs de recettes qu’il a décidé d’affecter ” pour l’essentiel “ au fonds de réserve pour les retraites.L’énormité des sommes en jeu trouve sa justification dans la convergence entre téléphonie mobile et Internet, unanimement prédite par les opérateurs de télécoms. L’UMTS, à ce titre, est pour eux un passage obligé. Avec des débits bien supérieurs à ceux du GSM actuel (384 kbit/s en régulation normale, et jusqu’à 2 Mbit/s en déplacement réduit, contre 9,6 kbit/s), la technologie UMTS laisse entrevoir la possibilité de transmettre par un mobile tous les ingrédients qui font le succès des applications de commerce électronique sur le Web : données, sons et images.
Des services opérationnels au plus tard le 1er janvier 2002
Un temps évoquée, la solution des enchères avait le mérite de faire miroiter des recettes très élevées, permettant de renflouer les caisses de l’Etat. Outre-Manche, ce sont ainsi près de 230 milliards de francs que le gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté va empocher, tandis qu’en Allemagne, les estimations s’envolent, alors même que les jeux n’ont pas démarré.Mais, devant la levée de boucliers des opérateurs candidats ?” France Télécom, SFR, Bouygues et Suez-Lyonnaise des eaux ?”, mais également de l’Autorité de régulation des télécoms ( ART), Matignon a donc privilégié une solution médiane. Non aux enchères, oui ” concours de beauté “, mais avec un ticket d’entrée et une redevance annuelle conséquentes pour ne pas donner l’impression de brader les fréquences du domaine public (dans la bande des 15 MHz). “Le concours de beauté a été retenu en fonction de plusieurs exigences, en particulier celle des consommateurs, qui doivent pouvoir bénéficier d’une nouvelle technologie au meilleur prix ; celle des opérateurs industriels, qui doivent être en mesure de développer cette technologie en respectant la concurrence ; et les intérêts patrimoniaux (…) “, a ainsi expliqué Laurent Fabius à l’Assemblée nationale, selon les propos rapportés par l’agence Reuters.L’ART doit maintenant proposer un cahier des charges d’ici à la fin du mois de juin, organiser un appel à candidature en novembre ou en décembre, les attributions devant intervenir durant le premier semestre 2001. Date prévue pour les premiers services : au plus tard le 1er janvier 2002.
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