Nous avions déjà provoqué une polémique dans cette rubrique en estimant que l’industrie mondiale devrait probablement produire 3 milliards de téléviseurs dans les dix ans à venir, l’essentiel en valeur étant à
écran plat. Préparez vos sarcasmes car nous allons maintenant doubler ce chiffre, simplement en incluant les futures applications TV sur mobiles.Nous avons déjà abordé de nombreuses fois ce thème dans nos colonnes, en particulier à propos de la naissance de la norme DVB-H. Mais toute une chaîne d’acteurs, allant des fabricants d’encodeurs aux fabricants de
matériels de réception en passant par les opérateurs de radiocommunications et de télévision, travaille sur le sujet depuis de nombreux mois, commence à mesurer l’impact possible auprès du public… et n’hésite plus à afficher
officiellement une extrême motivation à poursuivre ses investigations.Ce fut le cas en particulier lors d’un colloque ‘ TVHD, télévision sur les mobiles, quelles priorités pour quels usages ? ‘ organisé le 2 novembre dernier au Sénat : les représentants de
TDF, de l’ART, Nokia, Bouygues Telecom et même France Televisions interactives, tous sont venus apporter leur soutien aux idées émises concernant la TV sur mobiles grâce à la norme DVB-H, sorte de GSM transposé à l’image diffusée en
multicast.Toutes les idées d’applications évoquées demandent l’usage des fréquences de la télévision terrestre et uniquement celles-là car elles sont les seules à combiner trois caractéristiques précieuses : faculté de pénétrer
à l’intérieur des bâtiments ; possibilités de réception à partir d’une antenne intégrée dans un mobile ou un portable ; capacité de supporter des signaux vidéo qui correspondent, si nécessaire, à des images de très bonne
qualité.Parmi les idées nouvelles émises à l’occasion du colloque, nous retiendrons que les possesseurs occidentaux de radiotéléphones à petit écran devraient être intéressés, dès l’an prochain, par la réception sur leur portable
de courtes séquences vidéo, de l’ordre de 15 à 30 secondes, correspondant soit à un besoin spécifique propre, soit à un besoin générique, par exemple un microjournal télévisé, le résultat d’une élection, ou encore une séquence de
match sportif.Dans le premier cas, le média sera la radiotéléphonie 2,75G ou 3G. Mais dans le second, ce ne pourra être que la TNT DVB-H, les canaux 2G à 3G ne pouvant encaisser des millions de réponses à des requêtes identiques sans affecter
l’activité voix.Nokia a été plus loin : la société estime que les possesseurs de terminaux portables à écran adapté à la réception multimédia (8 à 10 cm de diagonale par exemple) pourraient préférer un jour regarder les programmes de télévision
traditionnels sur leur portable, là où ils le souhaitent, plutôt que sur un écran traditionnel fixe !
Un nouveau réseau sera nécessaire
En dehors de l’application réception sur râteau, les ondes de la TNT vont donc aussi rapidement s’avérer indispensables à la majorité des applications de réception TV sans fil. Mais, pour chaque application, les conditions
de réception idéales ne seront pas les mêmes : la réception de microséquences télé sur les mobiles à petit écran et antenne intégrée exigera par exemple un signal puissant et robuste, surtout si l’on veut pénétrer à l’intérieur
des bâtiments ;la réception des programmes TNT normaux sur portables à écran de 8 cm comme évoqué par Nokia exigera en intérieur un signal au moins aussi robuste et à débit quatre fois plus élevé ; la réception des programmes normaux sur
récepteurs ‘ portatifs ‘ dits secondaires, de diagonale de 30 cm à 50 cm, dans des pièces non équipées de prise antenne exigera un signal moins robuste et moins puissant (grâce à deux antennes quart d’onde
intégrées de chaque côté de l’écran) ;enfin, la réception de programmes TNT normaux dans le dos des sièges des automobiles exigera des signaux relativement peu puissants (deux antennes quart d’onde éloignées seront intégrées dans les pare-brise) mais si possible de
même fréquence sur toute la France pour éviter des coupures en limite de zone.Sera-t-il possible de contenter tous ces besoins ? Presque tous, sans doute. Mais il va falloir les regrouper en familles DVB-T et DVB-H, peut-être avec une ou deux variantes pour mieux satisfaire telle ou telle application. Il
faudra aussi sans doute créer un nouveau réseau d’émetteurs de densité intermédiaire entre celui de la télévision pour rateaux et celui des radiocommunications. Décidément, DVB-H, c’est une grosse affaire.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 2 décembre
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