Paradoxalement, le DSL (Digital Subscriber Line), techno- logie de boucle locale nouvelle par excellence, est aujourd’hui exploitée selon des règles vieilles de vingt ou trente ans, héritées de la téléphonie classique. En particulier, toute intervention (tests, réparation) suppose la présence d’un technicien dans les répartiteurs généraux des centraux téléphoniques. Or, nombre d’entre eux ne comptent aucun personnel à demeure. D’où l’idée de permettre cette exploitation à distance. C’est sur ce créneau que se place Turnstone, une jeune société californienne.Le principe consiste à placer dans le central téléphonique, entre le répartiteur général et les batteries de DSLAM (DSL Access Multiplexor), un brasseur, lui-même connecté au centre d’exploitation de l’opérateur. De cette position centralisée, le technicien peut effectuer des tests sur la ligne, voire, si une carte d’interface est en panne, basculer la ligne vers une autre carte disponible. “Aux Etats-Unis, les opérateurs peuvent même effectuer des essais de préqualification de la ligne d’un abonné qui veut souscrire à un service DSL sans avoir à envoyer un technicien sur place “, note Rick Tinsley, PDG et cofondateur de Turnstone. Placée sur cette niche de marché, la société n’entre pas en concurrence avec les fournisseurs d’équipements DSL, mais elle devient leur partenaire. Ainsi, Lucent revend les produits Turn-stone en OEM. Alcatel l’intègre dans son programme Alcatel Connected, et Cisco l’a retenu parmi ses ” eco-partners “. Ses véritables concurrents se nomment plutôt Harris et Hekimian.Aux Etats-Unis, Turnstone a d’abord attaqué le marché des nouveaux opérateurs locaux (Clec – Competitive Local Exchange Carrier), et il étend son action aux opérateurs historiques (Ilec – Incubent Local Exchange Carrier). Présente en Europe dès avril 2000, où elle vise simultanément les deux marchés, la société a déjà ouvert un bureau en France – son quartier général est installé au Royaume-Uni. Cette expansion géographique, qui touche également l’Asie, lui a permis de réaliser hors Etats-Unis près de 20 % de son chiffre d’affaires du deuxième trimestre 2000.
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