L’audace économique, de Stéphane Jacquemet, contient des assertions qui ont quelque chose de déroutant. Ainsi, quand il affirme, sur le ton de la révélation, des évidences économiques. Qu’il faille favoriser l’épargne pour financer l’investissement, tout économiste ?” même débutant ?” le sait. Et ce lien entre épargne et investissement n’est le fruit ni d’une décision politique ni d’un quelconque volontarisme mais provient du constat purement mathématique de l’égalité comptable entre ces deux grandeurs. Certes, cette égalité a un côté magique et il est compréhensible qu’elle fascine. Le livre de Jacquemet serait donc sans réelle portée s’il en restait à de tels truismes. Son intérêt réside dans son analyse des capacités nouvelles que peut apporter la décentralisation de la collecte de l’épargne. Si la croissance de l’après-guerre s’est faite sur la base de l’investissement de quelques grandes entreprises nationales, ayant entraîné dans leur sillage le reste de l’économie, le développement des technologies de l’information permet, aujourd’hui, d’éclater la production en de multiples territoires et entre de multiples entités.
Décentralisation
Il est ainsi loisible à une PME de Saint-Étienne, région chère à l’auteur, de participer à la fourniture d’un service dont la clientèle est parisienne. En permettant d’échapper à la concentration géographique des machines et des gens, la nouvelle économie modifie les stratégies d’investissement. Jacquemet souhaite une adaptation rapide des circuits de mobilisation de l’épargne à cette réalité. Et, là où il fait ?”uvre originale, c’est quand il affirme, alors qu’il est de bon ton de dénigrer l’action publique, que l’État et les collectivités locales joueront un rôle déterminant dans cette évolution. Une audace indéniable pour un livre préfacé par un ancien Premier ministre résolument libéral, Alain Juppé.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.