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True Crime : Hong Kong, nerveux comme un film de John Woo

Après deux épisodes prometteurs mais ratés, la licence renaît de ses cendres et pourrait bien, enfin, avoir atteint le niveau d’excellence attendu.

Donner enfin du lustre à une licence qui a bien mal démarré sa carrière : le développeur canadien United Front Games est parfaitement conscient de l’ampleur de sa tâche. Sorti en 2003,  True Crime : Streets of LA, réalisé par le studio Luxoflux, avait marqué les esprits… par son incroyable manque de finition : son éventail de bugs était resté dans la mémoire des joueurs de la première Xbox.

Sur le papier, le titre ne manquait pourtant pas de panache, se posant à l’époque comme une alternative policière au bad boy qu’était Grand Theft Auto : des graphismes et une gestion de la physique réalistes, un monde ouvert situé dans une vraie ville, une histoire principale digne d’un polar, des missions secondaires, du combat à mains nues ou avec des armes à feu, la possibilité de piloter tous les véhicules que l’on trouve… Il y avait de quoi frémir d’excitation, mais la finition catastrophique de Streets of LA faisait plutôt trembler de rage et de frustration. Activision étant têtu, un second épisode (New York City) sortira deux ans plus tard, et, là encore, le titre passera complètement à côté de son sujet.

Devenez le king de Hong Kong

Mais Activision, en plus d’être très têtu, est aussi très riche. Et il se voit bien tenir entre les mains un succès équivalent à celui de GTA, son concurrent de Rockstar. L’éditeur américain donne donc le feu vert à True Crime 3. Le développement est cette fois confié à United Front, avec pour mission de concevoir ce que l’on appelle un reboot de la franchise, un phénomène à la mode dans l’industrie de l’image : citons Mission impossible, L’Agence tous risques ou Battlestar Galactica.

True Crime : Hong Kong reprend donc les fondamentaux de la série, mais, cette fois, le résultat se révèle extrêmement séduisant. Les fondamentaux sont respectés, avec un monde ouvert situé dans une métropole réelle. Le choix de Hong Kong est astucieux : la cité n’est pas aussi étendue qu’une ville américaine, la densité de population est affolante, il y a des immeubles partout (très pratique lorsque l’on veut ménager la puissance de calcul de la console pour afficher des personnages, au lieu de l’utiliser dans la profondeur de champ)… Sa topographie vallonnée, combinée à un réseau routier labyrinthique, en fait donc un excellent choix pour un jeu où le mot d’ordre est pourchasser les criminels. La population y est omniprésente : où que l’on aille, il y a du monde ! Les développeurs ayant inclus plus de 800 vêtements ou accessoires de mode, les passants affichent des looks variés. On n’a pas l’impression de se retrouver dans une ville peuplée de clones comme dans d’autres titres en monde ouvert.

Chen mou ? Plutôt dur à cuire !

Dans ce nouveau True Crime, on incarne Wei Chen, un agent de police américain chargé d’infiltrer la mafia locale. A cause de ses origines asiatiques – il est né à Hong Kong – et de sa tragique histoire personnelle (sa sœur est morte d’une overdose), Wei Chen accepte cette mission, qui l’amènera souvent à naviguer en eaux troubles.

Afin que les malfrats baissent leur garde, il n’hésite pas à se comporter comme eux en leur rendant de menus services : racket, cambriolages, etc. Chacune de vos exactions aura des conséquences sur le comportement des habitants de Hong Kong à votre égard : le degré de confiance est calculé par le face system. Plus votre réputation sent le soufre, moins vous bénéficiez du soutien de la population. Les marchands peuvent refuser de vous servir, et vous serez peut-être repoussé à l’entrée d’une boîte de nuit.

Pour regagner l’estime des Hongkongais, vous pourrez, par exemple, interpeller un voleur en pleine rue ou rendre de menus services, comme livrer des marchandises – légalement, cette fois ! Chen est un sportif accompli et n’aime rien mieux que courir comme un yamakazi sur les toits de la ville (souvent avec une douzaine de gangsters armés à ses trousses). Le jeu prend alors des allures de titre de plates-formes à la Mirror’s Edge : ça change radicalement de la raideur arthritique de Nico Bellic, le héros de GTA IV !

Technologies de pointe

Fortement influencé par le cinéma de Hong Kong, True Crime propose une mise en scène pour le moins… percutante. C’est certainement l’un des jeux les plus violents que nous ayons vus, les phases de combat à mains nues étant particulièrement agressives. Grâce aux dernières technologies de programmation, le jeu offre une très grande liberté d’action dans les bagarres : la plupart des objets présents à l’écran peuvent être utilisés pour se battre. La démo montrait une baston démarrant dans un salon : deux malfrats occupés à jouer à Guitar Hero se font attaquer par Chen. Les guitares en plastique sont bien entendu mises à profit, mais également l’écran LCD et le mobilier alentour, Chen aimant nettoyer les tables avec les joues des bandits…

Au bout de quelques minutes, la pièce ressemble à un intérieur post-Katrina, tout ou presque ayant été brisé ou déplacé. La castagne se poursuivra jusque dans les toilettes, où l’on achèvera le dernier criminel en le noyant dans la cuvette des WC. Le système de combat permet d’enchaîner les coups de manière fluide, que l’on soit armé ou non. L’intelligence artificielle est excellente : là encore, les dernières technologies font merveille. Sachez en effet que vos adversaires utilisent eux aussi ce qui les entoure pour mieux vous cogner ; on les verra par exemple se jeter au sol pour récupérer un couteau ou reculer pour se mettre hors de portée d’une batte de base-ball. Truands, certes, mais pas idiots. La qualité de programmation est telle qu’il est possible d’afficher une quarantaine de personnages simultanément : on franchit la frontière du beat’em all pour frôler le simulateur d’émeutes !

L’art de la course-poursuite

Le studio United Front accueille d’anciens salariés d’Electronic Arts Black Box ayant travaillé sur la série Need for Speed. Leur savoir-faire se fait vite sentir dans les séquences de course : les véhicules montrent un comportement routier réaliste, et la sensation de vitesse est bien présente. Comme il est possible de les réduire en miettes, les voitures n’affichent pas de marque, mais la qualité de leur modélisation fait oublier ce détail. On reconnaîtra des clones de berlines allemandes et américaines à la mode, ainsi que de gros cubes nippons. Il sera également possible de piloter des bateaux, Hong Kong étant l’un des plus grands ports du monde. Pas d’avion ni d’hélicoptère, en revanche.

Comme dans GTA, il y aura des stations de radio à écouter lorsque l’on sera en voiture : une dizaine d’ambiances musicales sont annoncées par United Front. Activision possédant les droits d’une pléthore d’artistes avec ses Guitar et DJ Hero, on pressent que les playlists seront de haute qualité.

Soliste

Attendu pour cet été – après avoir été retardé de plus d’un an –, True Crime : Hong Kong a le profil du jeu qui va se faire remarquer, tant par ses qualités techniques que par son ultraviolence, certes justifiée par l’ambiance à la Hardboiled (le film de John Woo) qu’il veut véhiculer. Les séquences que nous avons vues nous ont réellement impressionnés, et c’est peu de dire que nous étions frustrés de ne pas pouvoir prendre la manette… Le démonstrateur n’avait pas l’air de suer sang et eau pour diriger efficacement Chen.

True Crime : Hong Kong, cependant, a un très gros talon d’Achille, que ses graphismes sublimes ne pourront pas faire oublier : on peut seulement y jouer en solo. Aucun mode multijoueur n’est prévu pour l’instant ni, semble-t-il, pour plus tard. Lorsque l’on connaît le succès des modes multijoueurs dans les autres jeux à monde ouvert, on ne peut qu’être perplexe devant ce choix. Nous restons tout de même positifs : beau, nerveux et varié, ce nouveau True Crime saura certainement se trouver une place en tête de classement des grands jeux de 2011.

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Frédéric Brunet