Au Royaume-Uni et en Allemagne, où ces coûts sont déjà publics, un certain désenchantement commence à poindre son nez. Le prix de location de la paire de cuivre n’est pas en effet le seul coût qu’il faut prévoir. Bien d’autres frais doivent être pris en charge. Ils sont de nature à donner des sueurs froides, si l’on en croit un article de Judy Reed Smith paru dans la dernière livraison de The Voice of Competition in Europe, le magazine de l’ECTA (European Competitive Telecommunications Association).C’est ainsi que l’opérateur historique allemand a été autorisé à demander une charge de 40 000 dollars rien que pour la mise à disposition d’un espace de 18 pieds carrés dans un commutateur d’abonnés. Au Royaume-Uni, British Telecom réclame 63 000 dollars pour un espace de 10 pieds carrés.Outre-Manche, il faut en outre payer une taxe de 163 dollars, rien que pour obtenir un premier rendez-vous avec l’opérateur historique. Puis il faut prévoir une dépense de 2 000 dollars pour pouvoir contrôler et gérer à distance chaque point de co-localisation. Ainsi un opérateur de services DSL alternatifs doit-il prévoir pour quelque 700 sites sur une charge de 1,4 à 2,1 millions de dollars, avant même de pouvoir disposer du moindre espace de colocalisation.Faut-il alors se contenter de revendre les services DSL de l’opérateur historique ? Mais cette solution de facilité est, elle aussi, d’un rendement aléatoire au Royaume-Uni comme en France et en Belgique.Dans sa nouvelle étude Broadband Access : New Business Models, le cabinet britannique Ovum croit lui aussi devoir mettre les nouveaux entrants en garde contre le coût et la complexité du déploiement des services DSL dégroupés. Jusqu’ici en effet a prévalu le mythe d’un accès large bande économique. Mais force est de reconnaître que nombre de business plans ont été par trop optimistes, surtout qu’il leur a été difficile de respecter leur calendrier.“
Les coûts de la technologie, souligne Yum Petkovic, l’auteur de l’étude, ne sont que la face apparente de l’iceberg. Ils sont souvent surpassés par les coûts d’interconnexion, sans parler des coûts de déploiement du réseau. Pas étonnant alors si les nouveaux entrants ne sont jamais très nombreux à se disputer les avantages du dégroupage, dans les pays où celui-ci est déjà autorisé.”Aussi, le cabinet Ovum en vient-il à marquer sa préférence pour la boucle locale radio. Celle-ci se prête idéalement à une stratégie de court terme. Les revenus qu’elle génère peuvent dépasser rapidement les coûts marginaux. Elle constitue la meilleure façon de stimuler la compétition. Les modems câbles multiservice semblent eux aussi plus prometteurs que le dégroupage, surtout dans les pays se caractérisant déjà par une forte pénétration des abonnements au câble.La Commission européenne se garde, cependant, de tout pessimisme. Erkki Liikanen, commissaire aux entreprises et à la société de l’information, est convaincu que le dégroupage de la boucle locale à partir du 1er janvier prochain fera baisser les coûts d’accès à lInternet ( www.ectaweb .com) ( www.ovum.com).
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