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Troisième essai pour Itesoft

Echaudé par la bourrasque boursière du printemps dernier, l’éditeur de logiciels avait rénoncé à faire appel au marché. Il tente de séduire à nouveau les investisseurs en proposant des actions qui capitalisent trente et une fois les bénéfices estimés pour l’exercice 2000. Premier signal d’une reprise des introductions ?

Il veut vraiment y aller, au Nouveau Marché ! Didier Charpentier, président et fondateur, en 1984, d’Itesoft, numéro un français des logiciels de lecture automatique de numérisation et de tri de documents imprimés, n’en est pas à son premier essai.Juste avant l’e-krach du printemps dernier, le dossier d’introduction était presque bouclé. Mais, les établissements placeurs avaient tiré, à juste titre, le signal d’alarme. Même scénario en décembre dernier… Comment séduire le marché quand la plupart des introductions programmées sont reportées chaque semaine ?Les exemples sont nombreux en la matière : Direct Finance, Capitals Events, Ever, Benchmark Group… toutes ont dû renoncer. Et Paris n’est pas une exception ! Ainsi, sur le Nasdaq, la figure emblématique qu’est Paul Allen ?” cofondateur de Microsoft ?”, qui voulait lever 100 millions de dollars pour sa société Mercata, spécialisée dans les enchères en ligne… a finalement déclaré forfait.

Premiers signes d’une reprise tranquille

La tendance va-t-elle s’inverser ? Rien n’est moins sûr. Le calendrier des introductions sur le Nouveau Marché est peu nourri : Multimédia Network Computer (intégrateur de technologies multimédias pour le grand public) ainsi que Business & Decision (services informatiques) et Tesoft feront leur introduction au Nouveau Marché d’ici le 8 février. Mais, on ne se bouscule pas au portillon…Le record de cinquante-cinq introductions au Nouveau Marché en l’an 2000 a peu de chance d’être égalé. Toutefois, le cas d’Itesoft est peut-être le signe annonciateur d’une reprise des opérations sur le marché français. D’abord, pour cette introduction, la valorisation de la société est d’au moins 20 % moindre que ce qu’elle aurait été au mois de décembre dernier.

Besoin d’argent frais

Preuve que, malgré un chiffre d’affaires estimé en forte hausse (+ 67 % en 2001, et un doublement d’ici 2002, pour atteindre la barre des 25 millions d’euros) et une rentabilité élevée (marge nette de 12,8 %, et de 16 % annoncée pour 2001 et 2002), l’entreprise a besoin d’argent frais. Les 10 millions d’euros levés lui permettront de se développer à l’international.Itesoft, numéro un français sur son secteur doit en effet grandir dans le cadre d’un marché mondial atomisé. Il est actuellement numéro trois à l’échelle mondiale, derrière le suédois Readsoft et l’américain Mitek. “De 10 %, l’activité à l’international augmenterait de 26 % “, estime Didier Charpentier. Argument du président fondateur : le marché mondial de la lecture automatique devrait connaître une croissance de l’ordre de 40 % l’an d’ici la fin 2005. Conclusion : Itesoft est condamné à grandir.Surtout, les dirigeants et la famille actionnaire n’ont pas à rougir de la valorisation des 20 % du capital qui seront mis sur le marché le 7 février. Malgré une estimation revue à la baisse, le prix d’introduction en Bourse se paiera quatre fois son chiffre d’affaires estimé pour 2000 et trente et une fois les bénéfices estimés par action du même exercice.En termes de ratios boursiers, on est loin d’une situation de crise ! L’éventuelle réussite de l’opération pourrait susciter bien dautres vocations…

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Philippe Bonnet