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Trois questions à… Patrice-Martin Lalande et Patrick Bloche

Concurrence, équipements des ménages, infrastructures, rôle de l’État… Les députés Patrice-Martin Lalande et Patrick Bloche présentent leur vision d’une France engagée dans la société de l’information.

Patrice-Martin Lalande est Député RPR du Loir-et-Cher, coprésident du groupe d’études sur les nouvelles technologies de l’information à l’Assemblée nationale.Patrick Bloche est Député PS de Paris, coprésident du groupe d’études sur les nouvelles technologies de l’information à l’Assemblée nationale.

Le Nouvel Hebdo :
Les candidats s’accordent à dire que le haut débit est un levier de croissance de l’économie numérique. Quel rôle l’État doit-il jouer pour le développer ?
PML : Certes le haut débit est un levier déterminant, mais cela ne suffira pas à rattraper le retard d’usage que la France a déjà dans le bas débit par rapport à la plupart de ses voisins européens. Notre pays a pris du retard à cause, notamment, du coût de connexion trop élevé, du manque d’intérêt (contenu insuffisant, téléprocédures embryonnaires, etc.) et de l’insécurité (respect de la vie privée, sécurité du paiement, etc.).PB : Le bilan du gouvernement de Lionel Jospin en faveur de la société de l’information vient confirmer, s’il en était besoin, le rôle de l’État pour, non seulement créer l’environnement nécessaire aux investissements et équipements, mais avant tout garantir l’aménagement de tous les territoires. Cette place est donc essentielle, mais les responsabilités sont partagées avec les opérateurs. Pour vous, France Telecom représente-t-il un frein ou un atout en faveur de l’accès pour tous à l’internet haut débit ? PML : France Telecom, grand opérateur mondial, est une chance pour notre pays à condition que sa position d’ex-monopole ne lui donne pas les moyens de freiner la concurrence, voire de l’éliminer. Le gouvernement n’a pas su accompagner la sortie de monopole de France Telecom. Par exemple, pour le dégroupage, trop longtemps retardé ; ou pour les tarifs d’interconnexion, trop coûteux et qui empêchent les nouveaux opérateurs d’offrir aux internautes un accès forfaitaire illimité à prix raisonnable ; ou encore pour la diffusion de l’ADSL, faite de manière à écarter toute concurrence de la boucle locale radio [BLR, diffusion d’internet par voie hertzienne, ndlr].PB : L’exemple de la téléphonie mobile montre l’intérêt de la concurrence pour le consommateur, qu’il s’agisse des services ou des tarifs. Obligation communautaire, le dégroupage est une étape essentielle du développement du marché des télécommunications et des accès à haut débit. Il faut qu’il soit accéléré et amplifié. Une modification des règles de calcul permettrait une économie générale du dégroupage et une baisse du prix d’accès au réseau. FT est le premier acteur sur le marché des télécoms en France, mais la concurrence est réelle. La réussite de FT est importante pour ses salariés comme pour l’économie française.Qu’est-ce que pourraient être, selon vous, les principales caractéristiques d'” une présidence de l’information ” pour la France ? PML : Le président de demain, que j’espère être Jacques Chirac, devra considérer qu’internet n’est pas seulement une ” nouvelle technologie ” mais le catalyseur d’une nouvelle organisation de notre société dans ses dimensions culturelles, économiques, sociales, civiques… Le futur chef de l’État devra aussi être le président d’une société de l’information ” à la française “, c’est-à-dire prenant en compte nos valeurs, par exemple le respect de la vie privée, la juste rétribution des créateurs de contenus, ou le pluralisme culturel. Je souhaite aussi que le président de la République contribue à mieux faire partager la francophonie et ses valeurs sur la toile.PB : Une ” présidence de l’information “, c’est une présidence qui, par ses choix stratégiques, assure l’aménagement, la solidarité et la cohérence du territoire de façon concrète, encourage l’innovation, crée l’environnement juridique et économique favorable à l’économie numérique, stimule la formation ?” initiale et continue ?” pour combler le fossé numérique. C’est ensuite une présidence qui défend en Europe un plan d’équipement et d’infrastructures adaptés au haut débit, avec un soutien public direct. C’est enfin une présidence qui institue une autorité de régulation européenne pour organiser la concurrence…

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Propos recueillis par SF