Le gouvernement est en train de réfléchir aux compétences qu’il pourrait donner aux collectivités territoriales en matière de télécommunications, comme la possibilité, entre autres, d’être opérateur. Que revendiquez-vous ?Il est absolument nécessaire que nous devenions opérateurs, voire opérateurs d’opérateurs au sens large, en incluant, par exemple, les services. Il faut que nous puissions, à partir des réseaux que nous construisons, apporter de la capacité aux fournisseurs d’applications. Nous avons construit une boucle de vingt kilomètres dans Albi. Mais il restera toujours les derniers cent ou deux cents mètres pour aller jusqu’à l’entreprise. Je ne suis donc pas certain que l’on puisse toujours se reposer sur l’initiative de l’opérateur privé.Pourquoi aller jusqu’à ce niveau de compétence ?La concurrence doit jouer à tous les niveaux, sur les réseaux comme sur les services qu’ils soient classiques (voix et données) ou relatifs à la fourniture d’applications. Sans notre intervention, un fournisseur de services de type ASP [Application Service Provider, ndlr] serait cantonné aux zones blanches, peu ou pas rentables, sans pouvoir aller dans les c?”urs de villes visés en premier par les opérateurs télécoms. Cela ne servirait à rien que les collectivités locales soient opérateurs uniquement dans les communes de moins de 300 habitants. Il ne faudrait pas que la future réglementation aboutisse à un système en forme de peau de léopard dans le désert de Gobi.Mais, en devenant opérateur, la collectivité locale ne prendrait-elle pas des risques économiques trop importants ?Entre 1996 et 1998, on croyait que tout le monde allait construire des réseaux alternatifs à ceux des opérateurs publics. En réalité, nous savions très bien qu’en plaçant les télécoms sur le marché concurrentiel, les collectivités locales en seraient affectées. Or, la communication est aujourd’hui aussi utile que l’eau et cette notion de service public n’a pas été prise en compte. Une collectivité locale qui investit pour le bien général n’a pas vocation à réaliser des marges bénéficiaires. Elle contribue à l’aménagement du territoire au même titre que lorsqu’elle construit un collège. Elle n’attend rien d’autre qu’un impact social et économique. Certes, nous devons faire en sorte que les investissements engagés pèsent le moins possible sur la collectivité, mais cela ne veut pas dire qu’il faille rentabiliser à tout prix. Imaginons qu’un opérateur ne vienne jamais ? Et bien il ne se passera rien. La question n’est pas de savoir qui prendra le risque.
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