01net : Firefox est né en pleine domination Internet Explorer. Quelle a été l’arme fatale pour briser cette hégémonie ?
Tristan Nitot : C’est l’innovation. Microsoft a été innovant de 1995 à 1997 avec la sortie de quatre versions d’Internet Explorer. Puis il ne s’est plus passé grand-chose jusqu’en 2006, année de sortie d’IE 7. La frustration chez les développeurs Web était d’autant plus grande qu’Internet Explorer cumulait jusqu’à 94 % de part de marché. Il y avait donc une véritable attente pour autre chose. Dès le départ, Firefox était centré sur l’expérience utilisateur. Nous avons créé un système d’extensions qui permettait de satisfaire aussi bien les utilisateurs de base que les internautes avancés. Avec Firefox, nous avons également pu faire avancer les standards du Web, comme Javascript, HTML 5, WebGL ou WebRTC. Transformer le Web en plateforme applicative ouverte et compétitive est la mission principale de Mozilla, et Firefox est l’un des moyens qui nous a permis d’y arriver.
Pourtant, Firefox est en perte de vitesse depuis quelques années. Comment expliquez-vous cela ?
T.N. : C’est l’arrivée de Chrome, sans aucun doute. Lorsque nous avons créé Firefox, c’était pour redonner le choix aux internautes. Suite au succès de Firefox, les développeurs ont arrêté de créer des sites Web spécifiques comme cela se faisait pour Internet Explorer. Ils n’utilisent plus que des technologies standards et modernes. Safari et Chrome, qui sont également très respectueux des standards, en ont profité et c’est une bonne chose. C’est un signe de succès dans notre approche, qui était toujours centré sur le choix et l’innovation. Si on était une société commerciale, on pourrait s’en inquiéter, mais ce n’est pas le cas.
Le succès de Chrome ne risque-t-il pas de remettre en cause l’accord Mozilla-Google, qui représente une importante source de revenus pour la fondation et qui doit être renouvelé cette année ?
T.N. : Les négociations au sujet de cet accord sont en cours et je ne peux rien ajouter de plus. Mais je ne suis pas inquiet quant à l’avenir de Mozilla.
Firefox est assez peu présent dans les smartphones. Avez-vous loupé le coche du mobile ?
T.N. : Non, je ne pense pas. Il est vrai que le monde numérique est en train de basculer sur mobile. Depuis deux ans, il se vend plus de terminaux mobiles que de PC. Il est donc important pour Firefox d’être présent dans le mobile. A ce titre, nous avons une double stratégie. Tout d’abord, nous voulons renforcer notre présence sur Android, qui est le système d’exploitation mobile le plus diffusé. C’est pourquoi nous misons beaucoup sur Firefox pour Android. C’est un excellent navigateur qui a récolté d’excellentes notes. L’autre stratégie est Firefox OS, notre système d’exploitation pour mobile. Il permet d’écrire des applications mobiles en se servant des technologies du web comme HTML 5 ou Javascript. Nous parions sur le fait que, sur le mobile, les applications Web vont être aussi performantes que les applications natives. Et nous faisons en sorte que cela arrive. S’il manque quelque chose aux applications Web pour être à la hauteur, alors nous allons l’inventer et le rajouter dans Firefox OS. Mais il ne manque plus grand-chose. Après, ce sera surtout une question de masse critique au niveau des développeurs.
Quel bilan tirez-vous du lancement de Firefox OS à ce jour ?
T.N. : Pour l’instant, nous sommes satisfaits. Firefox OS est disponible sur des téléphones depuis 15 mois. On en trouve un peu partout dans le monde : nous comptons 12 modèles de smartphones différents, lancés par 13 opérateurs dans 24 pays. Il s’agit principalement de pays émergents, mais pas seulement. Depuis le mois d’août, on peut aussi acheter des smartphones Firefox OS en France, au travers des supermarchés Leclerc. Ils sont fabriqués par ZTE. Mais il vrai aussi qu’il n’est pas facile de gagner des parts de marché face à des géants comme Samsung, Apple ou Google…
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