‘ Selon l’ordinateur, vous effectuerez le parcours de recherche d’emploi numéro un. ‘
Voilà une phrase à laquelle devront peut-être bientôt s’habituer les personnes au chômage.A partir du printemps prochain, un logiciel de profilage des demandeurs va, en effet, être utilisé par l’Assédic pour l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) afin de déterminer s’ils sont ‘ employables ‘
rapidement ou s’ils présentent un risque de chômage de longue durée. Cette fiche informatique indiquera leur parcours et l’aide qu’ils recevront dans leur recherche d’un travail.Ce tri des personnes sonnera comme une petite révolution. De fait, c’est l’Assédic, jusqu’ici uniquement en charge de l’assurance chômage, qui effectuera ce profilage pour le compte de l’ANPE. A partir d’une liste très vaste de
critères, comme les diplômes, les métiers exercés, le sexe, l’âge ou la nationalité, le logiciel dira si la personne devra suivre un parcours 1, 2 ou 3, selon qu’elle est en position de trouver très vite un emploi, qu’elle doit se former, ou qu’elle
se trouve ‘ loin du monde professionnel ‘.L’ANPE prendra ensuite le relais et validera ou non ce diagnostic par un entretien personnalisé. Le parcours définitif sera alors fixé, dans le cadre du suivi désormais mensuel des demandeurs d’emploi. Les personnes en parcours 1 auront
droit, par exemple, les trois premiers mois, à un entretien chaque semaine, à l’ANPE ou à l’Assédic. Les demandeurs en parcours 3, eux, seront reçus une fois par mois, puis pris en charge par des partenaires privés de l’ANPE au bout d’une certaine
période.
Les syndicats méfiants
Pour Adecco, spécialiste du travail temporaire, cet outil de tri est logique. ‘ Nous avons aussi des processus informatiques, pour rapprocher l’offre et la demande. Nous nous servons de nombreux critères comme
l’aspiration du demandeur, l’expérience, la formation, les compétences…, indique Tristan d’Avezac, responsable des relations extérieures d’Adecco. Dans le cas de l’Assédic et de l’ANPE, l’ordinateur ne décide pas de tout.
Il y a une intervention et un accompagnement humains, comme chez nous. Quand les sites d’emploi sur Internet sont apparus, certains y voyaient un danger pour les agences que nous sommes. Les choses ne sont pas si simples que ça pour être réglées de
façon mécanique. ‘Mais la mise en place d’un tel outil n’est pas sans provoquer des interrogations, notamment au sein des syndicats, qui redoutent un encadrement trop rigide. ‘ Ce qui nous gêne, c’est le côté froid, mécanique de
cette solution, considère Loïc Barboux, secrétaire général adjoint de Force ouvrière ANPE. De plus, l’ANPE est un service public, ouvert à tous. Cela nous choque qu’on utilise des critères personnels comme la nationalité, l’âge
ou le sexe. Nous ne souhaitons pas les utiliser dans l’entretien individuel à l’ANPE et nous réagirons si c’est le cas. ‘Selon Loïc Barboux, le logiciel, qui a déjà été testé dans plusieurs villes (Orléans et Saint-Cyr-sur-Loire, par exemple) pour les métiers du bâtiment, fait apparaître des erreurs de diagnostic. ‘ Le taux d’erreur
s’établit dans certains cas à 15 % ‘, précise Loïc Barboux. Le Journal du dimanche, qui a révélé l’existence du logiciel, évoque jusqu’à 50 % de difficultés. ‘ Pour les
agents ANPE, il est délicat ensuite de dire à quelqu’un qui avait le profil 1, et qui s’attend donc à retrouver un emploi rapidement, qu’il a plutôt, après entretien, un profil 2, plus problématique. La déception peut alors être très
forte ‘, conclut Loïc Barboux.
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