Mail désemparé dans ma boîte personnelle – ça y est, je fais partie du club des amis d’un ami rattrapé par la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet : “ Je me suis fait chopper par l’Hadopi, et je ne vois pas comment. Je ne télécharge plus de musique depuis que je suis abonné Premium à Spotify ; quant aux films, à part les Tom et Jerry pour les enfants… mais je ne les pensais pas surveillés ! ”. La fleur au fusil, il demande illico des explications à l’Hadopi. Bim ! Une semaine plus tard, la réponse le ramène à la réalité : il avait juste oublié deux choses… D’abord, une clé USB, truffée de MP3 récupérés via BitTorrent, offerte à Noël à son filleul dont il ne partage pas les goûts musicaux (“ ça me faisait mal d’acheter les morceaux qu’il me demandait ! ”). Ensuite, le crash de son PC qui l’oblige à tout réinstaller. Là, il craque à nouveau en se tournant vers Azureus pour récupérer le dernier Office de Microsoft. Et il oublie de vider son dossier partage… La patrouille TMG (Trident Media Guard, qui relève les infractions pour le compte des ayants droit) lui tombe dessus pour l’un des morceaux téléchargés à Noël.Pas de chance pour lui, quelques jours plus tard, TMG se fait à son tour remonter les bretelles : des milliers d’adresses IP collectées par ses soins fuitent sur le Net. Cet été, l’entreprise devra donc se plier à un audit de sécurité et une procédure de contrôle de la Cnil (le défenseur de nos données personnelles), en conséquence de quoi l’Hadopi a suspendu l’interconnexion avec son système d’information.La Haute autorité se contente donc pour l’instant de traiter les anciennes infractions. Elle assure déjà qu’aucun dossier ne sera transmis à la justice : selon elle, les récidivistes (pris trois fois par TMG) ne seraient que quelques dizaines d’internautes qui auraient partagé des fichiers non autorisés sans en être conscients ! Soit on nous a menti sur les ravages du piratage, soit l’Hadopi elle-même n’ose pas appliquer ses sanctions, en effet excessives… Ce qui serait déjà un premier pas. À moins qu’il ne s’agisse que d’une courte trêve. Notre ami piégé, lui, ne s’en fait pas : c’est l’été… Bonnes vacances à tous !
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