Triste palmarès. Seuls 15% des foyers français abonnés à Internet avaient accès au très haut débit en juin 2015, contre 30% en moyenne dans l’Union européenne. Nous plaçant ainsi à la 26e place sur 28 des pays membres de l’Union européenne. Le Plan France Très Haut Débit, lancé en 2013, vise à rattraper ce retard. La Cour des comptes a dressé un premier bilan sévère de cette initiative. Elle estime que les coûts seront dépassés, que les échéances finales ne seront pas tenues et que la priorité donnée à la fibre n’était peut-être pas une bonne idée.
Rappelons que le Plan France Très Haut Débit a pour objectif d’apporter une connexion de plus de 30 Mbit/s dans chaque foyer, chaque local professionnel et chaque bâtiment de service public à l’horizon 2022 en s’appuyant à 80% sur la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH). Coût de l’opération : 20 milliards d’euros.
Un plan à 35 milliards d’euros
Or la Cour des comptes estime qu’il coûtera presque deux fois plus, en dépassant les 35 milliards d’euros ! Des différences qui tiennent en partie au fait que la juridiction a choisi d’inclure le coût de raccordement final de l’abonné. Elle souligne à cette occasion l’écart entre l’objectif fixé et les attentes de la population, qui imagine une couverture immédiate -comme pour le mobile- à partir du moment où les infrastructures seront déployées. Or, il peut s’écouler « 25 ans entre la prise de décision d’investissement et le raccordement final du dernier abonné » peut-on lire dans le rapport.
Petite note positive : l’objectif intermédiaire de 2017 sera atteint en avance. Il prévoyait d’atteindre les 17,5 millions de logements et locaux éligibles au très haut débit. C’est chose faite depuis 2016. Mais à mi-parcours, il reste encore 7 millions de logements à couvrir d’ici 2022 en zone d’initiative publique et 14,2 en zone d’initiative privée. Impossible à tenir, selon la Cour des comptes.
Seule solution, recourir davantage aux technologies alternatives en dehors des zones denses. Comprenez : le satellite, la 4G comme avec la 4G Box de Bouygues Telecom, la montée en débit du cuivre et la modernisation du câble. Un mix technologique déjà envisagé par le Plan Très haut Débit mais seulement à la marge, en visant 15% des prises des RIP (Réseaux d’Initiative Publique).
Le retour en grâce du cuivre ?
On pensait le débat clos en France : le FttH est la meilleure des technologies et la priorité pour tous. Si la Cour des comptes ne remet pas en cause ses performances, elle revient cependant sur le choix stratégique qui a été fait par notre pays de couvrir 80% de la population avec.
« Les solutions alternatives à la fibre optique jusqu’à l’abonné ne manquent pas d’attrait, surtout lorsque le réseau en cuivre est de qualité et l’habitat dispersé », écrit encore la Cour des comptes. Elle cite aussi en exemple nos voisins, qui n’ont pas opté pour le déploiement forcené du FttH. « La plupart des autres États ont privilégié la modernisation du câble ou la montée en débit sur la partie terminale du réseau en cuivre. L’ampleur de l’« opticalisation » des derniers mètres des réseaux constitue une question majeure en raison des coûts d’établissement dans les zones à habitat dispersé », peut-on lire.
La Cour des comptes souligne que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont même privilégié la montée en débit du cuivre pour déployer le très haut débit dans les zones non câblées.
Tout cela ne devrait en tous cas pas déplaire à SFR* qui bataille toujours pour que soient reconnus les avantages du FttB qui représente 8,1 millions de prises éligibles sur les 9,3 que compte son parc en très haut débit.
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