On entend beaucoup parler de vous, mais on ne sait pas toujours exactement ce que vous faites. Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre rôle dans un micro ?Pour schématiser, on peut considérer que je suis à la fois le squelette du micro, sur lequel viennent se greffer les différents constituants, et son système nerveux, c’est-à-dire le moyen de communication entre ses membres. C’est sur moi que viennent se brancher le processeur, la mémoire vive, les contrôleurs de disques, le bios, le jeu de circuits, les bus, ainsi que les cartes d’extension internes, pour la vidéo ou le son, par exemple.Tout cela paraît bien complexe… Vous parlez par exemple des bus, de quoi s’agit-il ?Les bus sont des moyens de communication entre deux composants d’un ordinateur. Vous savez, par exemple, que le processeur d’un micro est en dialogue permanent avec la mémoire vive où sont stockées les instructions qui composent les programmes en cours de fonctionnement et les données sur lesquelles ils travaillent. Eh bien, ces échanges entre la mémoire vive et le processeur se font au travers d’un bus. En électronique, les informations sont véhiculées sous forme d’impulsions électriques. Le bus est donc constitué, d’une part, d’un ensemble de fils électriques qui transmettent les impulsions et, d’autre part, d’un circuit électronique, appelé contrôleur, qui joue le rôle d’aiguilleur. Selon qu’une information doit aller du processeur à la mémoire ou dans le sens inverse, l’aiguilleur fait transiter les impulsions électriques dans un sens ou dans l’autre sur les fils.Chaque transmission d’information passe donc par un bus ?Oui. Le bus que je vous ai cité en exemple, qui dessert la mémoire, est appelé bus mémoire… Il en existe d’autres aux noms moins évocateurs : le bus AGP, par exemple, pour la carte graphique, le bus PCI pour les cartes internes, le bus IDE pour les disques durs… Chacun de ces bus est géré par un contrôleur. J’intègre donc un contrôleur mémoire, un contrôleur IDE, etc. Mais si, sur les premières cartes mères, chaque bus était indépendant, aujourd’hui, ils sont regroupés dans un même composant, appelé le chipset.Ah, le fameux chipset ! Mais il ne sert pas qu’à cela ?Il sert d’abord à cela. Quand on choisit une carte mère, il faut impérativement s’intéresser à son chipset, car de ses possibilités dépendent directement les miennes ! Par exemple, en fonction de mon chipset, mon contrôleur mémoire va savoir gérer des types de mémoire plus ou moins rapides. Du coup, le PC dans lequel je prendrai place sera plus ou moins performant. Mais, en effet, le chipset ne contient pas que les contrôleurs de bus. Sur de nombreux micros, par exemple, il contient aussi une puce graphique. Dans ce cas, pas besoin de carte graphique pour l’affichage, c’est le chipset ?” donc moi, la carte mère ?” qui se charge de tout ! Idem pour le son : certains chipsets font également office de carte audio. Dans ce cas, leurs fonctions sont souvent limitées à la restitution de sons en stéréo. Mais depuis quelque temps, certaines cartes mères sont équipées d’un chipset capable de restituer du son 3D !Pourquoi cette intégration ? C’est mieux ?Ce n’est pas forcément mieux en matière de performances. Elles sont même souvent moins bonnes que celles réalisées par une carte graphique et une carte son. En revanche, c’est moins cher. Les cartes et les circuits électroniques sont des composants coûteux. En les intégrant au chipset, on augmente certes le coût de ce dernier, mais dans des proportions bien inférieures. On peut donc produire des PC moins chers sans renoncer à des fonctions que le public demande. C’est pourquoi la course à l’intégration se poursuit : on trouve déjà des cartes mères intégrant un circuit de lecture pour cartes à puce ou, par exemple, pour les cartes mémoires des appareils photo numériques et autres baladeurs MP3 !Tout à l’heure, vous nous avez parlé d’un autre de vos composants, le bios. Lui aussi est pour beaucoup un illustre inconnu. Quelle est sa fonction ?Le bios est un petit programme écrit sur une mémoire non volatile, c’est-à-dire qui ne s’efface pas lorsqu’on coupe l’alimentation électrique. Lorsqu’on allume le micro à l’intérieur duquel je me trouve, je lance l’exécution du programme du bios. Il va commencer par s’assurer que les composants nécessaires au fonctionnement de l’ordinateur sont bien connectés : processeur, mémoire vive, carte graphique, disque dur et ainsi de suite jusqu’au clavier. Le bios est, en quelque sorte, l’intendant du micro : il vérifie que chacun est à sa place. Il joue également le rôle d’horloge et fournit au système d’exploitation la date et l’heure actuelles.Mais comment peut-il décompter le temps quand l’alimentation du micro est éteinte ?Décidément, rien ne vous échappe. Eh bien, je possède tout simplement une pile qui fournit l’énergie nécessaire pour faire fonctionner un minuscule circuit électronique appelé horloge. C’est cette horloge qui va décompter le temps qui passe, même quand le PC est éteint. Pour que votre information soit complète, je dois vous avouer que le bios contient, en fait, deux mémoires. En plus de celle que nous avons déjà évoquée, une seconde, beaucoup plus petite, contient la date et l’heure actuelles. C’est elle que l’horloge va modifier à chaque seconde. Cette mémoire contient également les informations de paramétrage du bios : le type de système d’exploitation du micro, la vitesse du processeur, le nombre de disques durs installés, leurs caractéristiques, etc. Pour revenir au bios, il faut que vous sachiez qu’il est particulièrement bavard. Il a tendance à expliquer tout ce qu’il fait, au fur et à mesure. Ce sont les nombreuses lignes de texte qui s’affichent en blanc sur fond noir lorsqu’on démarre un PC.Sur certains micros, on ne voit rien de tel. Est-ce que cela veut dire qu’ils sont dépourvus de bios ?Non ; on ne les voit pas parce que je les cache ! Je sais que de nombreux utilisateurs d’ordinateurs ne comprennent pas vraiment le charabia affiché par le bios. Plutôt que de le leur infliger, je préfère afficher une petite image ou une animation, c’est tellement plus joli ! Certaines de mes cousines vont même jusqu’à s’accompagner d’un programme pour personnaliser l’image qu’elles affichent au démarrage. Du coup, on peut troquer le logo du constructeur du PC pour un cliché du petit dernier ou un souvenir de ses dernières vacances à la mer.Ce n’est pas une fonction très courante !Pas encore, mais elle se répand petit à petit. On commence également à trouver des cartes mères qui parlent ! Ne faites pas cette tête, c’est sérieux. Elle possède une mémoire dans laquelle sont stockées des phrases toutes faites pour chaque message d’erreur. Avec une carte mère normale, si le bios détecte un dysfonctionnement au démarrage, l’absence de carte graphique, par exemple, il émet une série de bips. Pour comprendre le message d’erreur, il faut donc compter le nombre de bips et se reporter au manuel de la carte mère. Avouez que cest quand même plus simple quand la carte mère annonce tout simplement : “Absence de carte graphique” !
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