Tout faire avec sa tablette

La tablette a peiné à s’imposer sur le marché. Et pour cause : les premiers modèles étaient chers et lourds, présentaient une interface inadaptée et souffraient d’une autonomie ridiculement faible. Ces défauts de jeunesse sont aujourd’hui presque oubliés. Les tablettes, aboutissement logique des smartphones, ont trouvé la place qui leur revient. La clé de leur succès ? Elles créent un nouvel usage. Une nouvelle forme d’interface avec le Web et ses applications mobiles, mais aussi avec toutes sortes de gadgets. Il y a une infinité de possibilités à inventer. Et, ce qui ajoute à leur attrait, elles permettent de donner tout leur potentiel aux centaines de petits logiciels, ces applications ou apps que l’on trouve sur les boutiques en ligne, l’App Store ou l’Android Market.Nous vous présentons dans ce guide de quoi défricher de nouvelles pistes : afficher tous vos fichiers, les partager avec d’autres ordinateurs, d’autres tablettes et d’autres utilisateurs. Une tablette possède de nombreux points communs avec un PC, tout en étant plus mobile. Il est donc tentant d’y adapter les outils de messagerie instantanée, de téléphonie et de visioconférence traditionnels. Par sa puissance et son écran de haute qualité, la tablette peut aussi servir de lecteur vidéo, avec lequel regarder des DivX en toutes circonstances. Et elle pourrait aussi devenir votre prochain téléviseur portable…Enfin, nous verrons comment ce concentré de technologie peut changer l’interface de vos objets quotidiens. Dès à présent, il est possible de télécommander un jouet, contrôler sa chaîne hi-fi, mesurer sa tension sanguine ou amplifier une guitare électrique avec une tablette !Nous consacrons aussi un chapitre à leur autonomie, qui reste le talon d’Achille de la plupart des modèles. Heureusement, il existe des solutions pour gagner quelques heures de fonctionnement sans fil à la patte. En sus des astuces, des applications ou des compléments logiciels, nous présentons aussi des applications à charger sur l’App Store ou l’Android Market (le plus souvent gratuites). Ainsi que quelques extensions matérielles, à connecter aux tablettes (par câble ou sans fil) afin de découvrir des usages moins connus.

Faites sauter les verrous

Pour appliquer certains de nos conseils, il vous faudra “ débrider ” votre tablette. On parle alors de “ jailbreak ” (iPad) ou de “ root ” (Android). Comme pour toutes les astuces de ce guide, nul besoin d’être un développeur ou spécialiste en Unix (le système sous-jacent d’iOS ou Android). Débrider son iPad (ou son iPhone ou iPod) permet d’accéder à des applications “ interdites ” par Apple. Un exemple ? Plusieurs sociétés, telles que Google ou Adobe, sont considérées comme “ indésirables ” aux yeux du constructeur à la pomme. Leurs applications ont donc été retirées de l’App Store. En effet, Apple bannit les applications qui menacent ses intérêts ou ceux de ses partenaires. C’est le cas, par exemple, de nombreuses applis qui permettent de partager votre connexion 3G avec votre ordinateur, d’accéder à l’intégralité des fichiers (et donc d’échanger librement des fichiers bloqués par des DRM), ou encore d’activer des fonctions cachées. Certaines, comme la commande vocale, sont limitées à l’iPhone alors que l’iPad peut les exécuter !Quelle que soit la version de l’iOS, il est donc toujours bénéfique de débrider votre machine. Le système américain du droit d’auteur l’a bien compris, puisqu’il rend explicitement légal le jailbreak et donne à chaque utilisateur le droit de passer outre les intérêts du constructeur au bénéfice de ses propres intérêts. Notez que faire un jailbreak n’implique pas que votre iPad soit désimlocké. Il est possible à tout moment de revenir à une tablette non jailbreakée (il suffit de faire une restauration via iTunes), même si, pour une raison quelconque, il y a eu un problème durant la phase de jailbreak. Cela rend donc l’opération totalement sans risque ! Et, quoi qu’en dise Apple, un iPad jailbreaké n’est ni plus, ni moins stable qu’un iPad “ normal ”. Les instabilités ne sont liées qu’aux applications présentes dans votre tablette, quelle que soit leur origine. Aucun programme présent dans les sources standards de Cydia (le Store concurrent de l’App Store) ne contient de malware. Veillez néanmoins à n’utiliser que des programmes fiables (pas de version bêta) et gratuits, c’est-à-dire ceux que l’on trouve sur le site de la dev-team (http://blog.iphone-dev.org), tels que Redsnow/jailbreakme, ou sur le site GreenPoison (http://greenpois0n.com). Et gardez à l’esprit que, dans certains cas, le jailbreak n’est pas totalement réversible. On reproche souvent à Apple de verrouiller son système. De ce côté, Google n’est pas en reste : si Android est fondé sur le noyau Linux, le code source de ses premières versions est totalement accessible, on constate désormais que Google renâcle à communiquer les sources. Le but pour le géant de l’Internet semble être la création d’un open source à deux vitesses, le code étant réservé aux constructeurs agréés. Puis, une fois les tablettes et smartphones développés et commercialisés, le code source est finalement rendu public. Libre alors à d’autres constructeurs de créer leurs produits compatibles et aux développeurs de concevoir des versions améliorées d’Android.

Et les smartphones ?

Ainsi, le code source de Honeycomb, la première version d’Android réservée aux tablettes, ne sera disponible qu’à la sortie de Ice Cream Sandwich, la version d’Android commune aux smartphones et tablettes (lire notre Événement). Par ailleurs, pour protéger certaines applications (utilisant en particulier les fichiers dotés de DRM) ou permettre aux opérateurs de contrôler les accès, Android limite les droits de l’utilisateur. À l’instar du jailbreak de l’iOS, “ rooter ” son Android ouvre un accès complet à sa machine.Si ce guide est consacré principalement aux tablettes, vous y trouverez de nombreux conseils adaptables aux smartphones, voire à de simples lecteurs MP3, à condition qu’ils utilisent le même système d’exploitation. Pour Apple, pas de problème : c’est l’iOS 5 pour tous les appareils récents (iPad 1 et 2, iPhone 3GS, 4 ou 4S, iPod touch v4). Pour Android, nous avons traité la version 3.0 (Honeycomb) disponible sur les tablettes. Mais pas d’inquiétude : nos conseils sont souvent adaptables à d’autres versions, comme Gingerbread (Android 2.3). Bien entendu, certains conseils destinés aux tablettes sont sans objet pour les smartphones, par exemple l’activation de la téléphonie !

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Stéphane Darget