Dans nos colonnes, quand il s’agit d’évoquer les différents types d’accès à Internet, nous citons les technologies les plus déployées : l’ADSL, le câble, la 3G, occasionnellement le WiMax… Mais il en est une que, pour diverses raisons pas toujours très valables (confidentialité des services, difficulté d’installation et de test…), nous avons tendance à négliger : le satellite. Omission que nous allons réparer ici. Car, à la faveur d’évolutions technologiques, de baisses de prix et de coups de pouce de la part des pouvoirs publics, l’accès à Internet par le satellite devient une solution intéressante pour les laissés-pour-compte du haut débit, trop éloignés des équipements des fournisseurs d’accès (FAI), mal couverts par la 3G, ou attendant désespérément un déploiement à plus grande échelle du WiMax. En résumé, tous ceux qui se trouvent dans ce qu’on appelle les “ zones blanches ”.
Des débuts difficiles
Pourtant, si l’Internet par satellite existe depuis le milieu des années 1990, il ne compterait aujourd’hui en France qu’une dizaine de milliers d’abonnés. Pourquoi n’a-t-il pas mieux décollé ? Plusieurs facteurs sont en cause. Le premier : les tarifs. Il y a cinq ans, il fallait compter pas moins d’une centaine d’euros par mois, hors frais d’acquisition et d’installation de la parabole et du modem (plus de 2 500 euros !), pour bénéficier d’un accès avec un débit descendant de 512 kbit/s. Dans le même temps, les offres d’accès par ADSL étaient proposées pour deux à trois fois moins cher avec des débits bien supérieurs (jusqu’à 15 Mbit/s chez Free)…Autre frein : la technologie elle-même. Comme les réseaux téléphoniques et câblés, les satellites n’ont pas été conçus pour acheminer le trafic Internet. Il y a donc eu des adaptations. Les premiers services d’accès, unidirectionnels, n’utilisaient le satellite que pour la réception – en haut débit – des données, leur envoi se faisant par une ligne téléphonique, donc à bas débit (plus récemment, des fournisseurs ont proposé des solutions employant les réseaux mobiles 3G). Comme pour les services de réception TV, ces accès s’appuyaient – et s’appuient toujours – sur une bande de fréquences spécifiques, nommée Ku (plages de 10,7 à 12,75 GHz et de 14 à 14,25 GHz). Sur les satellites en bande Ka, plus puissants et qui emploient des plages de fréquences de 18,3 à 20,2 GHz et de 27,5 à 31 GHz, la bande passante totale (ou capacité) attribuée aux connexions Internet était limitée, de l’ordre de 1 Gbit/s, à partager entre les différents abonnés au service. C’est peu, et c’est ce qui explique en partie les tarifs élevés initiaux de ces solutions techniques.
Mais aujourd’hui…
Ces défauts originels sont désormais oubliés. L’Internet par satellite est aujourd’hui beaucoup moins cher, à partir de 30 euros par mois. En outre, comme on le verra plus loin, des subventions sont accordées par certaines collectivités locales. Surtout, il est disponible dans tout l’Hexagone : inutile de se poser des questions sur son éligibilité ou sur la zone de couverture ! Enfin, l’heure est aux accès bidirectionnels. Donc, plus besoin de ligne téléphonique. La bande Ku est progressivement complétée par des satellites en bande Ka.Au lieu de couvrir une large zone avec un faisceau unique, ces satellites multiplient les faisceaux et couvrent un territoire donné avec des “ spots ” circulaires plus petits (environ 250 kilomètres de diamètre) se chevauchant les uns les autres. Un seul satellite en bande Ka propose actuellement une capacité totale supérieure à 70 Gbit/s ! L’opérateur de satellites Eutelsat, qui exploite le service Tooway, a d’ailleurs prévu de lancer en 2010 un satellite en bande Ka spécialisé dans l’accès à Internet. Sur terre, la tête de réception associée à la parabole sert aussi à l’envoi des données, avec une puissance d’émission, selon les fournisseurs, de 2 watts à 500 mégawatts. En corollaire, la parabole est plus petite : de 60 à 70 centimètres en bande Ka, contre près de 1 mètre de diamètre en bande Ku.
Installation complexe
Les FAI par satellite fournissent tout le matériel nécessaire pour se connecter. Non seulement le modem spécifique et les câbles (Ethernet et coaxial), mais aussi la parabole. La mise en œuvre est cependant plus complexe que pour l’ADSL. Les plus bricoleurs peuvent assembler eux-mêmes leur kit et le fixer : les modes d’emploi sont détaillés, les outils pour orienter correctement l’antenne parabolique fournis. Les ennemis de la perceuse et du tournevis n’auront quant à eux pas d’autre choix que de s’adresser à un distributeur ou à un antenniste pour réaliser l’installation (moyennant finances). À noter que si vous possédez déjà une antenne satellite pour la réception TV, vous ne pourrez pas utiliser cette dernière pour Internet.La suite des opérations est beaucoup plus simple : branchement de la parabole sur le modem satellite à l’aide de câbles coaxiaux et connexion de l’ordinateur en Ethernet ou en Wi-Fi, selon le modèle de boîtier fourni par l’opérateur. Il n’y a pas de paramétrage particulier à réaliser sur l’ordinateur, qui peut être aussi bien sous Windows, Mac OS ou Linux.
Des débits moyens
Le satellite propose du haut débit, certes, mais bien en deçà de l’ADSL dégroupé. Les vitesses de connexion sont même, pour l’heure, plus proches de celles d’un accès non dégroupé. Les offres s’appuyant sur le service Astra2Connect de SES Astra atteignent 2 Mbit/s en réception (avec des offres à 512 kbit/s et 1 Mbit/s) et 128 kbit/s en émission. Celles employant le service Tooway d’Eutelsat sont sensiblement plus rapides : 3,6 Mbit/s en réception, 384 kbit/s en émission.Toutefois, il ne s’agit pas d’offres 100 % illimitées. Certes, il est possible de rester connecté en permanence, mais les volumes de données échangés sont restreints. C’est ce que les prestataires de services nomment FAP ou FUP (Fair Access Policy ou Fair Usage Policy). Ce système de quotas n’est pas nouveau : il était déjà utilisé lors des débuts du haut débit, notamment avec le câble. Dans les faits, selon le type d’abonnement choisi, l’utilisateur se voit attribuer une certaine quantité de données qu’il peut échanger sur Internet, en envoi et en réception. En cas de dépassement, le débit de la connexion est bridé, et d’autant plus s’il est important (les vitesses sont proches de celles du bas débit en 56 kbit/s dans les cas les plus extrêmes). Amateurs de peer-to-peer, passez votre chemin… ou faites preuve de modération.
Des services payants
Si les tarifs de l’Internet par satellite se rapprochent de ceux de l’ADSL pour les offres d’appel – soit, rappelons-le, à partir de 30 euros par mois -, il faut garder à l’esprit un point essentiel : seul l’accès à Internet est compris dans ce prix. Les services de téléphonie sont optionnels et sont facturés à partir de 9 euros mensuels. La télévision n’est pas non plus proposée directement. Les abonnés Astra2Connect se voient proposer en option une tête spécifique pour leur parabole, qui leur permet de recevoir également des chaînes de télévision (bouquet TNT et chaînes étrangères), moyennant 80 euros. Un système similaire est proposé pour certains abonnements – ceux exploitant la bande Ku – par Numéo, distributeur du service Sat2way ; la tête coûte 70 euros. Cependant, les fournisseurs d’accès à Internet par satellite travaillent à l’élaboration d’offres double et triple play, plus proches de ce qui se fait dans le monde de l’ADSL.
Subventions publiques
En octobre 2008, Éric Besson, alors secrétaire d’État chargé du Développement de l’économie numérique, a présenté le plan France numérique 2012. Parmi les quelque 150 mesures retenues figure la généralisation de l’Internet à haut débit : l’ensemble de la population doit avoir accès à des offres au débit minimal de 512 kbit/s, à un tarif inférieur à 35 euros par mois. L’Internet par satellite entre dans ce cadre : certains départements proposent des subventions couvrant le prix de la fourniture et de l’installation du matériel (soit 400 euros environ). Tous les départements ne sont pas concernés ou n’ont pas encore mis en place cette mesure. De plus, dans certains d’entre eux, seule l’offre spécifique d’un FAI par satellite permet l’attribution de cette subvention. Le plus simple est de consulter le site Web de chaque prestataire (voir tableau ci-dessus) ou de vous renseigner auprès du conseil général de votre département.
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