Que la télévision numérique terrestre française soit considérée comme un succès par le public, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : qualité des émissions et multiplication des programmes sont bien au rendez-vous. Pourtant,
techniquement, seul le plus facile a été fait : ce sont les pylônes des émetteurs existants qui ont été utilisés et seules des normes rodées ont été adoptées.Reste maintenant à répondre à des volontés politiques autrement plus délicates à traduire sur le terrain, comme couvrir 100 % du territoire ou trouver de la place pour les actuelles ou futures télévisions locales ; reste
aussi à trouver le moyen de transmettre plus de deux programmes TVHD (pour les deux premières, voir notre numéro du 3 novembre dernier) ; puis à préparer le terrain pour de futurs besoins non encore exprimés, comme
recevoir un bouquet TNT sur la même fréquence partout en France pour une visualisation à bord des véhicules, et surtout capter la télévision à l’intérieur des bâtiments sur un récepteur ‘ de poche ‘ de
17 cm de diagonale sans antenne visible. Si, en plus, les ondes UHF pouvaient être le vecteur de diffusion des émissions petit format à destination des radiotéléphones, cela ne pourrait être que mieux.Mais tous ces usages demandent tout de même beaucoup de ressources hertziennes à partager. Il convient donc de reposer la question : pour quels usages les ondes actuelles de la TNT sont-elles vraiment indispensables ou seulement
bien adaptées ? Pour quels usages existe-t-il des alternatives ? Pour quels usages n’a-t-on politiquement pas le choix ?
Aux frontières, 3 choix possibles
Commençons par ce dernier point puisqu’il constitue sans doute le souci n?’ 1 du CSA, chargé de gérer les ondes VHF/UHF en question. La priorité des priorités, politiquement parlant, est que ‘ tous les
Français ‘ reçoivent la TNT, même à proximité des frontières, par nature perméables aux émissions de nos voisins, ce qui limite le spectre disponible.Trois mesures (combinables) vont sans doute être prises pour accélérer le mouvement : émettre la TNT en MPEG-4 dans certaines régions pour économiser le spectre ; ne pas utiliser les sites d’émission historiques qui
rayonnent aussi à l’étranger mais multiplier des émissions de puissance moyenne à partir de plusieurs sites répartis le long de la frontière et ne rayonnant que vers la France ; enfin, utiliser un satellite pour émettre un bouquet supportant
tous les programmes gratuits de la TNT. Cette dernière solution est de loin politiquement la plus rationnelle puisqu’elle permet de toucher 100 % des sites isolés pour un coût de location de moyens satellites de 0,1 M d’euros par an et par
programme.Mais 30 % des foyers ne peuvent pas avoir accès au satellite en ville pour différentes raisons. Cette solution devrait donc être complétée, pour les villes, par un émetteur local, éventuellement unidirectionnel. Cette solution
satellite se heurte toutefois à au moins deux lobbies : celui des industriels (TDF et les fabricants d’émetteurs), qui perdraient alors des marchés, et sans doute celui des opérateurs de télévision, qui verraient dans ce cas se constituer un
bouquet gratuit (avec les chaînes gratuites émises depuis l’étranger) quelque peu concurrent de leurs bouquets payants.
Le ‘ portable d’intérieur ‘ arrive
Sur le long terme, toutefois, le plus important est bien d’exploiter ‘ l’indispensabilité ‘ des ondes VHF/UHF pour de nouveaux usages. Ces ondes ont en effet deux propriétés
précieuses : elles pénètrent beaucoup plus facilement à l’intérieur des bâtiments que les hyperfréquences utilisées par la radiotéléphonie, et leur propagation est nettement moins entravée par les obstacles en rase campagne.Il serait donc souhaitable que les ondes VHF, proches des ondes FM (six multiplex à attribuer lorsque Canal+ aura arrêté ses émissions en analogique), soient réservées à de futures émissions isofréquences sur tout le territoire, entre
autres pour la réception TV à l’arrière des véhicules.Les ondes VHF/UHF sont également indispensables pour la ‘ réception d’intérieur ‘, déjà mentionnée : plusieurs études ont en effet récemment mis en relief que 50 % à 70 %
des possesseurs de radiotéléphones recevant la télévision DVB-H regardent les émissions chez eux. C’est donc bien qu’il existe un marché significatif, déjà évoqué dans ces colonnes, pour une réception de la TNT pleine définition sur des appareils
portables de 17 cm de diagonale avec antenne intégrée.De tels appareils exigent toutefois un champ fort, ne pouvant provenir que d’un réémetteur de village ou de quartier émettant sur la même fréquence que celle de l’émetteur régional. Sur ce point, le déblocage de la situation ne
dépendra que du bon vouloir du CSA, qui pourrait autoriser de telles réémissions en deçà d’une certaine puissance, par exemple 2 W, et à la condition qu’elles ne gênent personne, ce qui ne devrait pas poser de problème.Dernier domaine où l’émetteur TNT régional apparaît bien adapté à l’application : celui des programmes TV locaux ; mais seulement locaux et à très petit budget, car, rappelons-le, louer une présence sur un satellite en
MPEG-4 ne va bientôt plus coûter que 0,1 M d’euros par an !Quant aux applications de réception TV sur les radiotéléphones, soyons francs : l’utilisation des ondes UHF est souhaitable si les opérateurs de programmes de télévision sont maîtres d’?”uvre mais elle n’est pas indispensable
si la maîtrise d’?”uvre revient aux opérateurs de la radiotéléphonie.Ces derniers possèdent en effet déjà un réseau de sites d’émission très dense qui pourrait supporter des antennes d’émission DVB-H ou autres diffusant dans des bandes supérieures au gigahertz. La vraie question n’est donc pas
technique mais bien : ‘ Qui va être maître d’?”uvre de la réception TV sur les mobiles ? ‘.* Rédacteur en chef d’ Electronique InternationalProchaine chronique jeudi 11 mai
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