« Consternants et stupides », c’est en ces termes que Tim Berners-Lee qualifie les agissements des agences de sécurité britanniques et américaines. Pour être plus précis, après avoir déjà condamné les écoutes généralisées en juin dernier, le père du Web qualifiait ainsi le cassage des chiffrements par les espions anglophones.
Ce sont en effet des centaines de millions d’utilisateurs qui ont vu leurs données personnelles censément protégées offertes aux yeux scrutateurs de la NSA et du GCHQ.
La nécessité d’un contre-pouvoir
Tim Berners-Lee a également appelé à un « débat public franc et entier » sur ces politiques de surveillance. Il reconnaît l’utilité des services secrets mais s’inquiète de leur impunité. « Nous avons besoin de services puissants pour lutter contre les activités criminelles en ligne – mais n’importe quelle agence doit pouvoir être surveillé et contrôlée. A en croire les récentes révélations, il semblerait que le système actuel de contre-pouvoir et de contrôle ait échoué », déclarait-il dans une interview au Guardian, quotidien britannique à l’origine des premières révélations d’Edward Snowden.
Le besoin d’être en confiance
Il indiquait par ailleurs qu’il n’était pas surpris que les agences de sécurité nationale mettent en place des programmes comme Prism, mais c’est l’ampleur de ces outils qui l’a abasourdi. Sa crainte est désormais que ces violations du droit à la vie privée en ligne sape la confiance des utilisateurs dans le Net et nuise en définitive non seulement à ce média mais également, par ricochet, à l’humanité : « quand vous supprimez les espaces de confiance, vous retirez beaucoup aux humaines pour qu’ils puissent résoudre des problèmes », prévenait-il.
Tirer vers le haut
D’autant qu’utiliser ou créer des failles pour surveiller les utilisateurs est dangereux selon lui. Il faudrait en effet être naïf pour penser qu’on sera le seul à les utiliser, complétait-il, pragmatique. Puis jugeant le cassage des chiffrements par la NSA d’un point de vue éthique, il assénait : « N’importe quel pays démocratique doit choisir la voie de la vertu. Il doit incarner ses principes. Je soutiens les tentatives d’augmenter la sécurité pour lutter contre le crime organisé, mais vous devez vous distinguer des criminels ».
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