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TikTok à nouveau attaqué aux États-Unis, cette fois pour son effet néfaste sur la santé mentale des Jeunes

Un réseau social peut-il être condamné parce qu’il est conçu pour être utilisé de manière compulsive et excessive par les jeunes ? Outre Atlantique, plus d’une douzaine d’États américains ainsi que le district de Columbia ont intenté une action en justice contre TikTok. Au cœur de ces nouvelles actions en justice : la santé mentale des mineurs.

Un nouveau front judiciaire vient de s’ouvrir pour TikTok aux États-Unis : après avoir fait l’objet d’une loi qui contraint la maison mère du réseau social à céder la plateforme, sous peine d’être interdit, TikTok est attaqué par 13 États américains, ainsi que le district de Columbia. Le réseau est accusé de ne pas assez protéger les jeunes utilisateurs, rapporte Reuters, mercredi 9 octobre. Pour Rob Bonta, le procureur de Californie cité dans un communiqué, TikTok « cible volontairement les enfants puisqu’ils n’ont pas encore la capacité de se protéger de ces contenus addictifs ».

Cela fait longtemps que la plateforme préférée des Jeunes est accusée de nuire à la santé mentale des adolescents. Son algorithme rendrait le réseau très addictif. Il serait conçu pour que les enfants regardent le site le plus longtemps et le plus souvent possible avec ses notifications push, ses achats in-app et le fait que les vidéos défilent indéfiniment. Autre problème : il mettrait en avant des contenus problématiques comme des vidéos prônant l’anorexie ou des jeux dangereux.

La procureure générale de New York, Letitia James, a expliqué dans un communiqué que des Jeunes américains étaient morts ou avaient été blessés en relevant des « défis » sur TikTok. De nombreux autres mineurs se sentiraient « plus tristes, plus anxieux et plus déprimés à cause des caractéristiques addictives de TikTok », ajoute-t-elle.

Avec ses filtres beauté, les adolescents auraient tendance à détester leur corps. Cet algorithme serait à l’origine de « profonds préjudices psychologiques et physiologiques » comme de l’anxiété, de la dépression, de la boulimie et d’autres problèmes durables, peut-on lire dans la plainte. L’objectif des 14 procédures est de contraindre TikTok à changer ces pratiques, avec des dommages et intérêts à la clé.

Des accusations « inexactes et trompeuses », selon TikTok

Face à l’annonce de ces nouvelles poursuites, TikTok a déclaré, mardi 8 octobre, que de telles accusations étaient « inexactes et trompeuses ». La plateforme regrette que les États américains aient choisi d’intenter des poursuites « plutôt que de travailler avec nous à des solutions constructives pour relever les défis qui se posent à l’ensemble de l’industrie ». TikTok propose des fonctionnalités par défaut pour les moins de 16 ans, comme des limites de temps d’écran ou des paramètres de confidentialité, a ajouté l’entreprise.

À lire aussi : Comment les réseaux sociaux détruisent la santé mentale des enfants et des adolescents

Cela fait plusieurs années que ce réseau social de vidéos courtes est accusé de nuire à la santé mentale des adolescents et des enfants. En 2021, une enquête du Wall Street Journal montrait déjà à quel point cet algorithme peut très vite enfermer les utilisateurs dans une thématique toujours plus précise, une sorte de niche de contenus, une bulle. Une personne mélancolique verra apparaître majoritairement des vidéos sur la tristesse et la dépression au bout d’une seule journée, écrivaient nos confrères.

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En mars 2022, huit États, dont la Californie et le Massachusetts, avaient lancé une enquête nationale sur l’impact du réseau social chinois sur les jeunes. En août dernier, c’est le ministre de la Justice américain qui a poursuivi TikTok, accusé de ne pas protéger la vie privée des mineurs sur la plateforme. 

Des actions similaires contre Meta (Instagram/Facebook)

En France, les parents d’une adolescente de 15 ans avaient aussi porté plainte contre TikTok, le réseau social préféré des adolescents, après le suicide de leur fille, en septembre 2023. Ils pointaient également du doigt l’algorithme de la plateforme chinoise, qui aurait accéléré le passage à l’acte de la jeune fille.
Le fait que plusieurs États américains joignent leur force pour défendre la santé mentale de leurs jeunes contre un réseau social n’est pas non plus nouveau. En octobre 2023, 41 États américains et le district de Columbia avaient attaqué Meta, la société mère d’Instagram, de Facebook, et de WhatsApp. L’action était aussi présentée comme une « bataille vitale pour la santé mentale des adolescents », avec en figure de proue le même procureur général de la Californie, Rob Bonta. Le groupe de Mark Zuckerberg, qui regroupe Facebook et Instagram, était accusé d’« exploiter des technologies puissantes et sans précédent pour attirer (…) et (…) de piéger les jeunes et les adolescents ».

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Stéphanie Bascou