Le client de messagerie libre Thunderbird 3 – dont la version bêta est accessible en téléchargement – sera disponible avant la fin 2009. De passage à Paris, David Ascher, responsable de Mozilla Messaging, l’entité en charge du développement du logiciel, revient pour 01net. sur les nouveautés de cette troisième mouture, la concurrence avec les webmails et le projet connexe Raindrop.
01net. : Quelles sont les principales nouveautés de Thunderbird 3 ?
David Ascher : La plus importante, à mon sens, est le nouveau moteur de recherche. Les utilisateurs reçoivent un nombre croissant d’e-mails, il est donc de plus en plus difficile de retrouver un message dans les archives. Nous avons voulu répondre à cette problématique. Avec Thunderbird 3, les résultats d’une recherche pourront être affinés de manière simple et efficace.
Un exemple : vous recherchez un e-mail comportant le mot « Paris » mais vous obtenez plus d’un millier de réponses. Vous vous rappelez qu’il y a une pièce jointe dans le message que vous recherchez. Avec Thunderbird 3, vous pourrez alors intégrer ce critère dans la recherche et obtenir un nombre de messages moins important.
Vous pourrez encore affiner la recherche avec d’autres critères comme le compte mail utilisé, le nom du correspondant ou le marquage des messages importants grâce à notre système d’étoiles, déjà proposé dans Thunderbird 2. A mon avis, cette nouvelle fonction va vraiment changer l’image de Thunderbird dans le monde de la messagerie. J’espère même qu’elle inspirera Gmail et autres à améliorer leur moteur de recherche.
Une autre nouveauté de Thunderbird 3 est d’aider l’utilisateur à ne plus commettre certaines erreurs classiques, comme l’oubli d’une pièce jointe. Thunderbird peut reconnaître les mots « pièce jointe » dans le texte de l’e-mail et, si vous oubliez finalement de la joindre, vous le rappeler. Un système similaire est proposé pour éviter de répondre à tous les correspondants lorsque l’on souhaite ne répondre qu’a un seul, ou l’inverse.
Alors que les webmails comme Gmail deviennent de plus en plus évolués, quelle place reste-t-il à un client de messagerie tel que Thunderbird ?
Même si le Web évolue très vite, il y aura toujours une part du marché qui préférera un client de messagerie classique. Cela pour au moins deux raisons. La première, est le haut degré de personnalisation qu’offre un client de messagerie. C’est particulièrement vrai avec Thunderbird pour lequel il existe un grand nombre d’extensions proposant des fonctions correspondant à des usages spécifiques. Cette personnalisation est impossible avec un webmail, car basé sur une configuration centralisée.
La seconde raison est liée au contrôle des données personnelles. Pour des messages requérant un haut niveau de confidentialité, le client de messagerie est plus approprié. Si vous avez un compte Gmail, Google peut lire vos messages afin de vous proposer de la publicité ciblée. Cela n’est pas forcément du goût de tout le monde.
C’est pour cela que la gendarmerie française a déjà déployé Thunderbird sur 70 000 postes tout comme votre ministère de la Défense, sur plusieurs dizaines de milliers de comptes (1). Lorsque vous envoyez des ordres militaires, il est très important que la messagerie soit sous le contrôle de l’administration concernée et non d’un prestataire externe.
« Raindrop n’est pas une réponse à Google Wave »
Un rapprochement est-il prévu entre Thunderbird et Firefox ?
Il n’y a pas, à proprement parler, de rapprochement prévu entre les deux logiciels. Mais, d’un point de vue technique, Thunderbird a rattrapé Firefox, qui évoluait plus rapidement. Désormais, les deux programmes utilisent le même moteur de rendu : Gecko 1.9.1.
En revanche, je peux vous confier qu’il y aura une extension « Web » pour Thunderbird 3. Elle permettra de lire des pages Web à l’intérieur de la messagerie. Vous pourrez par exemple afficher une invitation Facebook, sans avoir à ouvrir un navigateur en parallèle. L’affichage se fera par un onglet de visualisation Web intégré à Thunderbird. Vous ne retrouverez pas toutes les fonctions de Firefox. Juste de quoi afficher la page sans avoir à changer d’application.
Mozilla vient de dévoiler le projet Raindrop, que certains voient comme votre réponse à Google Wave. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce nouveau programme ?
Ce n’est pas une réponse à Google Wave, car nous avons commencé à travailler sur Raindrop bien avant l’annonce de Google. Raindrop sera un outil d’agrégation de l’ensemble des sources de messagerie : Twitter, YouTube, Facebook, flux RSS, messagerie instantanée et bien entendu de multiples comptes e-mails. L’interface doit permettre de visualiser toutes ces sources en un coup d’œil et de les organiser en quelques clics.
Nous réfléchissons par exemple à la manière de séparer les messages provenant de correspondants humains de ceux issus d’autres sources, comme votre banque, une newsletter, etc. Cela pourrait apparaître dans deux colonnes séparées ou dans une grille avec des cases de couleurs différentes. Il s’agit d’un projet encore très jeune de Mozilla Labs. Nous en sommes à une version 0.1 et il n’y a pas encore de calendrier précis. Mais nous sommes très motivés, car cela répond à un réel besoin des internautes.
Où en est l’évolution de Mozilla Messaging, filiale créée en septembre 2007 ? Avez-vous un budget important et le nombre de développeurs que vous souhaitiez ?
Notre budget répond à nos besoins de manière appropriée. Nous avions 3 millions de dollars pour 2008/2009. La communauté est bien impliquée, à la fois pour les rapports de bogues et pour l’écriture du code. Nous comptons quelques dizaines de développeurs volontaires dans le monde, plus une demi-douzaine de permanents à Mozilla Messaging. Mais nous espérons que cette communauté va s’accroître et appelons toutes les bonnes volontés à développer des extensions pour Thunderbird 3.
(1) Voir aussi notre article « Mozilla Thunderbird installé sur 130 000 postes de l’administration fiscale »
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