Passer au contenu

Thomson Neo 10 : faut-il acheter ce PC portable à moins de 100 euros ?

Le prix des ordinateurs portables a beaucoup chuté ces dernières années. Aujourd’hui, Thomson frappe un grand coup en proposant une machine vendue sous la barre des 100 euros et qui a, en théorie, tout d’un vrai PC. Mais est-ce vraiment le cas ?

99 euros. C’est le prix du Thomson Neo 10, un petit PC portable récemment sorti dans le commerce (principalement dans la grande distribution) et qui a pour ambition de répondre à tous les besoins du quotidien sans que vous vous fâchiez avec votre banquier. Bien entendu, pour ce tarif, il ne faut pas s’attendre à avoir une bête de course sous les doigts. Ni un monstre de design. Le Neo 10, c’est – en fait – un netbook, un petit PC portable qui a connu son heure de gloire avant l’émergence des tablettes.
Interloqué et potentiellement séduit par le prix, nous avons décidé de lui faire passer tous nos tests usuels avec un objectif, répondre à une simple question : que peut-on faire avec une machine si peu cher ? Voici nos réponses.

Thomson Neo 10
LM/01net.com – Thomson Neo 10

Le Neo 10, quelques détails

De marque française, Thomson Computing, mais fabriqué en Chine, le Neo 10 se caractérise avant tout par un boîtier tout en plastique noir (ou blanc suivant la version) de qualité moyenne. L’assemblage est correct mais la rigidité n’est pas vraiment au rendez-vous. On ouvre l’écran 10,1 pouces et sans surprise, c’est une dalle mate TN encadrée de gros bords en plastiques noirs qui apparaît. Pas de doute, en matière d’esthétique, nous sommes de retour presque 10 ans en arrière.

Thomson Neo 10
LM/01net.com

Avant d’aller plus loin, bonne surprise, Thomson a installé un Windows 10 complet et non une version bridée en « mode S ». Sur le plan technique, la marque française a demandé aux intégrateurs chinois d’équiper son engin avec une plate-forme Intel très basse consommation (Cherry Trail, sortie il y a deux ans), composée d’un processeur Intel Atom x5-Z8350, de 2 Go de mémoire vive et de 32 Go d’eMMC pour le stockage.

Thomson Neo 10
LM/01net.com – Tout est soudé à la carte mère, aucun ajout matériel n’est possible. On remarque l’absence de ventilateur, de quoi assurer un silence de plomb en fonctionnement.
Thomson Neo 10
LM/01net.com – Thomson a lesté le Neo 10 avec des poids pour éviter que la masse de l’écran ne l’entraîne vers l’arrière lorsque ce dernier est un peu trop incliné.

Des programmes légèrement à l’étroit

Avant de soumettre ce portable à notre premier test, il faut démarrer la machine. L’opération prend, en moyenne, 30 bonnes secondes avant d’avoir complètement la main sur Windows 10.

Ensuite, l’heure est venue de s’attaquer aux premières épreuves, mélange d’utilisation bureautique, de mail, de surf et de quelques retouches d’images. Installer les outils nécessaires est un tour de force. L’espace de stockage est bien trop limité. La capacité de 32 Go annoncée est théorique, comme sur tous les PC mais Windows 10 et l’ensemble du parc applicatif présent sur la machine laisse en tout et pour un peu moins de… 4 Go de libres.
Il est donc impossible d’installer Word, Excel et PowerPoint. Même en désinstallant toutes les applications et les jeux inutiles préinstallés par Windows 10.

OpenOffice ? Oui, nous l’avons installé en partie avec succès car la suite bureautique libre est moins “grosse” qu’Office. Il ne restait toutefois pas beaucoup de place sur la mémoire eMMC : 1 Go, maximum. Au temps pour ceux qui préfère, question d’habitude, la suite de Microsoft.
Bilan, nous nous sommes résolus à utiliser Google Doc et consorts, et donc tous les outils disponible dans le nuage pour préserver l’espace disque d’une installation. Même chose pour la retouche d’image puisque GIMP ne pouvait pas non plus se “loger” sur le disque.

Pour le stockage de documents, de photos ou de morceaux de musique, notre conseil est aussi de recourir au nuage ou à la bonne vielle clé USB. Voire à une carte mémoire microSD puisque le Neo 10 propose un lecteur adhoc. En revanche, nous déconseillons son utilisation pour installer des programmes. Les performances en lecture/écriture n’étant pas forcément suffisante.

Le manque d’espace de stockage est un problème auquel on se confronte rapidement et qui devrait poser souci dans le futur. Que se passera-t-il au moment de faire digérer une grosse mise à jour Windows 10 au Neo ? Il y a fort à parier que le manque d’espace disque pose, là aussi, de gros soucis.

Thomson Neo 10
LM/01net.com

Le Neo 10 est-il taillé pour le travail quotidien ?

Second constat : utiliser le Neo 10 pour surfer sur le Web n’est pas évident. Il faut sans cesse jouer avec la mise à l’échelle pour que les polices n’occupent pas la moitié de l’écran ou pour ne pas avoir à faire défiler une page sans cesse pour en lire le contenu.

Thomson Neo 10
LM/01net.com – Le touchpad du Neo 10 est l’un des plus mauvais que nous ayons eus sous les doigts.

D’ailleurs, nous devons préciser que le touchpad du Neo 10 est vraiment décevant. La réactivité ou encore la reconnaissance des gestes à plusieurs doigts (défilement, zoom, etc.) sont extrêmement mauvaises. Impossible de faire défiler une page sans craindre de réduire sa taille d’affichage involontairement par exemple. Et, attendez, on ne vous a pas encore parlé du clavier.

Sur notre exemplaire de test, le plateau interne était partiellement bombé, que l’accès à certaines touches en devenait un peu délicat. Pas étonnant donc que certaines touches n’aient pas répondu systématiquement. Bonheur.

Autre souci, format de boîtier 10,1 pouces oblige, saisir du texte au kilomètre est fatiguant. D’une part, les touches sont plus petites que sur un clavier normal. D’autre part, les mains sont tournées vers l’intérieur du clavier et ne reposent pas entièrement sur le repose-paume, pour ne rien arranger.

Le Neo 10, l’ami des soirées vidéo ?

Reste que nous nous sommes tout de même forcés à écrire l’intégralité de cet article sur le Neo 10. Ce qui nous a permis, enfin, de nous rendre compte à quel point l’écran mat est de piètre qualité. Une impression confirmée par notre sonde de test, le score est sans appel : 270 cd/m2 pour la luminosité et 470:1 pour le taux de contraste. Ce n’est pas médiocre, c’est mauvais.

Thomson Neo 10
LM/01net.com – La technologie d’écran TN n’est pas connue pour ses angles de vision très ouverts. Pourquoi l’utiliser dans ce cas ? Parce que les dalles de ce type ne coûtent plus grand-chose à produire.

De plus, comme la dalle TN n’offre pas d’angles de vision très ouverts, à peine joue-t-on sur l’inclinaison de l’écran que les couleurs s’assombrissent et se déforment.

Avec une définition si basse et une qualité d’affichage si mauvaise, inutile de dire qu’apprécier un film ou de belles photos est difficile sur le Neo 10. Difficile, voire impossible. Il faut utiliser la sortie vidéo mini HDMI (une prise de moins en moins utilisée) de la machine et un écran externe pour retrouver un peu de confort visuel. Autant dire qu’on perd un peu de l’intérêt de la chose.

Thomson Neo 10
LM/01net.com – Une sortie vidéo mini HDMI et une prise USB 3.0 font partie de la connectique assez réduite de la machine.

De plus, si vous comptez streamer des vidéos depuis Netflix ou YouTube, il faut vous armer de patience. Le temps de chargement de la page d’accueil du service de vidéos en ligne de Google prend 23 secondes en moyenne.

Thomson Neo 10
01net.com – Pas facile de regarder un live d’un concert sur un écran si petit quand, en plus, la vidéo est souvent saccadée ou interrompue.

Une lenteur qu’on retrouve ensuite. Durant nos tests, avec le Neo 10 connecté en Wi-Fi sur notre Box, nous avons eu plusieurs grosses coupures lors des visionnages de films ou vidéos en Full HD. Pourtant, Windows 10 nous indiquait que la réception était optimale. Sans doute la machine peinait-elle à placer le contenu en mémoire tampon, de quoi causer des interruptions agaçantes. Brancher la machine en filaire ? Impossible, faute de prise Ethernet.

Bref, pour regarder une courte vidéo sur le Web, le Neo 10 fait l’affaire mais pour les longues séances en streaming, passez votre chemin. Ce qui s’applique à l’image, s’applique aussi à l’audio. Oubliez les enceintes plus que mauvaises, et passez par un casque, dont la prise est – par ailleurs – mal isolée. Nous avons constaté quelques “buzz” aléatoires, lorsque nous heurtions la prise jack par inadvertance ou après le lancement d’un programme.

Le Neo 10, l’ami des joueurs occasionnels ?

Difficile à dire. Il aurait fallu pouvoir installer un jeu récent pour trancher. Même un titre comme Hearthstone occupe plus de 3,5 Go une fois téléchargé et installé et occupe donc presque tout l’espace disponible, de quoi faire hurler Windows qui n’a plus assez de place pour faire ses petites mises en cache et autres opérations quotidiennes.
Pour faire tourner des émulateurs et vieux jeux bien rétros pas trop gros, en revanche, la puissance du processeur Intel Atom et de son contrôleur graphique suffit.

Il y a toutefois une dernière solution pour transformer occasionnellement le Neo 10 en machine de jeu : souscrire à un service de gaming dans le nuage. On pense notamment à Shadow et son PC virtuel de jeu ou encore au PlayStation Now de Sony sans oublier, le service de Nvidia – le GeForce Now – actuellement en phase bêta fermée et donc, un jour, accessible à grande échelle.
Pour ces trois services, inutile d’avoir un PC de course, simplement une bonne connexion Internet. Seuls bémols : le module Wi-Fi qui, comme nous l’évoquions plus haut, n’est pas d’une fiabilité à toute épreuve, et l’écran toujours aussi peu convaincant.

Le Neo 10 est-il très endurant ?

Nous aurions adoré que le Neo 10 soit un monstre d’autonomie, cela lui aurait permis d’incarner à merveille le rôle de machine à écrire occasionnelle auquel il prétend. Mais, soumis à nos tests d’endurance habituels, ce petit appareil n’a pas fait d’étincelles. Seulement 3h14 en lecture vidéo 1080p, 5h25 avec du contenu à peine HD et 6 heures en utilisation polyvalente. Pas de quoi tenir toute une journée, tranquillement, loin de la prise.

Vous ne pourrez d’ailleurs jamais vraiment vous en éloigner lors des phases de recharge, le câble ne mesure que 1,15 mètre. Le Neo 10 a tout l’air d’être le roi des petites économies plutôt que celui de l’endurance.

L’heure du bilan : est-on convaincu ?

Soyons clairs. Le Neo 10 n’est pas du tout un bon investissement. Même à ce prix. Le manque de puissance et le peu de confort offert par la machine pour les longues sessions de travail ou de visionnage de vidéos ont eu raison de nous. Sans parler de l’endurance ricrac. Enfin dernier regret, alors que cette machine est limitée en 2018, elle ne pourra pas évoluer pour coller aux évolutions des besoins de ses éventuels utilisateurs.

Sa batterie ne peut pas non plus être changée du tout. Et, il y a fort à parier qu’en cas de panne, le Neo 10 et ses composants finissent à la poubelle, sans autre forme de procès. 

Reste que pour établir un premier contact avec les méandres de l’informatique et de Windows 10, il peut faire l’affaire si on essaie de ne pas être trop regardant et qu’on le destine surtout à de très jeunes enfants. Ce n’est pas forcément un service à leur rendre, mais en cas de casse, ce ne sont que 100 euros qui seront perdus… et non plusieurs centaines.
Mais ce n’est en aucun cas une machine pour la famille ou un PC pour étudiant. Sauf à vouloir provoquer une implosion de la cellule familiale ou être à l’origine d’un échec scolaire retentissant. Détournez-vous de cette voie !

Selon les porte-parole de Thomson, le Neo 10 devrait être disponible dès cet été chez Leclerc et Amazon et à la rentrée dans d’autres enseignes, toujours de la grande distribution. Une dernière fois, un conseil, achetez plutôt un pot de géranium, vous serez moins déçu.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.