Le Nouvel Hebdo : Vous avez investi dans l’hebdomadaire News Bourse. D’autres prises de participations dans les médias sont-elles prévues et dans quelle logique ?
Thierry Ehrmann : Ce qui nous intéressait chez News Bourse ce n’était pas le support papier mais plutôt le fonds d’informations. C’est là que se situent les synergies avec notre activité de base, la production de banques de données. Nous recherchons de l’information d’agence qui puisse être vendue sous toutes ses formes, transformée et, de préférence, avec une qualité internationale ou mondiale. C’est ce que nous allons faire avec News Bourse : le transformer en banque de données. Mettez-vous en cause les capital-risqueurs ? Le drame de la nouvelle économie, ce sont ces tours de table énormes avec un nombre tout aussi important d’investisseurs dans des structures très légères. Cette situation empêche clairement toute tentative de recomposer l’actionnariat. Les capital-risqueurs raisonnent comme s’ils étaient sur un paquebot coté en Bourse et ils ont une lâcheté effroyable à dégager. Qu’ils assument leur rôle réel d’actionnaire, qu’ils montrent qu’ils sont capables de s’impliquer dans les sociétés qu’ils ont fondées !Comment expliquez-vous la crise traversée par l’investissement aujourd’hui ? Les marchés financiers en Europe sont totalement plombés par l’UMTS pour des raisons politiques, financières, technologiques, culturelles. Après l’explosion du GSM, opérateurs et équipementiers ont considéré que les gens allaient passer du mobile à Internet en oubliant la structure fixe, en oubliant l’ADSL [internet rapide par une ligne téléphonique classique, ndlr], la BLR [boucle locale radio] et le bon sens. France Telecom a fait un emprunt obligataire de 1,2 milliard d’euros (7,87 milliards de francs) uniquement pour le mois d’octobre : cela représente les fonds levés au Nouveau et au Second Marché depuis un an. Quelles conséquences auront les déboires de l’UMTS ? Alors qu’Internet suit une croissance exponentielle, l’Europe s’engouffre dans cette technologie. Les États-Unis ont 18 millions de lignes haut débit, l’Europe en a 4,5 millions, mais possède l’UMTS ! Plus aucune aventure financière, quel que soit le marché, n’est possible, car les investisseurs déduisent de l’échec de l’UMTS qu’internet ne marchera pas. Faux : la perte de capitalisation des valeurs internet se situe à moins de 2 %, ce n’est rien par rapport à celle des opérateurs et des équipementiers. Il n’y a donc plus de marché pour introduire des valeurs Internet ? Non, et ce sera encore pire avec Euronext : les sociétés cotées sur Next Economy feront entre 1 à 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires. On est en train de faire une Bourse de géants dans laquelle seules les sociétés qui ont déjà mangé toute la croissance vont être cotées. Elles n’iront plus en Bourse pour faire de la croissance mais pour avoir une valeur finale. Dans le domaine des banques de données, avez-vous d’autres projets, après Artprice qui est spécialisée dans l’art ? Il y a trois foyers d’information mondiale : les marchés de l’art, des matières premières et financiers. Ces trois marchés ne peuvent vivre que de manière mondiale et ce sont les seuls. Notre prochaine mégabanque de données concernera les matières premières. Il y a de bonnes chances pour que, comme Artprice, elle parte en cotation. Notre métier n’a pas beaucoup changé avec Internet. La seule différence, c’est que le réseau force à baisser le prix de l’information, tout simplement parce qu’il s’agit d’un canal mondial.
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