Comment accompagnez-vous la mutation du marché de la photo de l’argentique au tout-numérique ?Thibaud Cainne : Sur un marché aussi concurrentiel, chaque innovation constitue un atout compétitif. A condition, toutefois, de maîtriser les coûts et les plannings. 90 % de nos développements sont
internalisés. Nous maîtrisons tout le cycle, à l’exception de la chaîne logistique, pour laquelle nous avons acquis ID Stock, d’ID Soft. L’innovation peut aussi devancer l’offre. Quand, en octobre 2002, le groupe a lancé MyPixmania, site de
tirage photo en ligne, il n’existait pas de produit dédié. Il aurait fallu se rabattre sur un progiciel traditionnel de type Vignette ou Broadvision, avec tous les surcoûts liés à la personnalisation que cela implique, pour un résultat final
imparfait. MyPixmania a été opérationnel en un mois avec un chef de projet et deux développeurs.Comment développer des projets dans des délais si courts ?Par principe, nous sortons un projet rapidement, avec le strict minimum fonctionnel. Soit les cinq ou six fonctions clés émanant de la demande utilisateur. Puis, dans la foulée, nous programmons les versions 2 et 3. Ce qui
permet de capitaliser immédiatement sur une innovation technologique. A titre d’exemple, nous avons démarré il y a six mois Sextant, notre projet de business intelligence basé sur le moteur Cognos. Aujourd’hui, 80 % des indicateurs de mesure
d’activité sont en place. Autre avantage de ce versionnage : les utilisateurs se familiarisent progressivement avec les nouvelles fonctions par autoformation.Quelle place le commerce électronique occupe-t-il ?Le groupe compte quatorze sites marchands. A lui seul, Pixmania enregistre plus de cent mille visiteurs uniques par mois. Et, à la fin de l’année, nous atteindrons les trois cent mille. La création des sites, leur hébergement et
leur maintenance sont assurés par nos soins. En industrialisant le processus, il nous faut désormais une petite semaine pour ouvrir un site dans un nouveau pays. Pixmania a été d’emblée conçu multidevise et multilingue. Il ne reste donc plus qu’à
personnaliser le site en fonction des habitudes d’achat locales. Si les Italiens sont friands des appareils high-tech dernier cri, les Portugais, eux, recherchent plutôt des produits bas de gamme fonctionnels.Quels sont les autres chantiers que vous avez mis en ?”uvre ?La base de données Brain (Base relationnelle d’articles à l’intention du négoce) recense toutes les références proposées par le groupe. Elle constitue la clé de voûte du groupe, puisqu’elle autorise la mise à jour instantanée de
l’ensemble des sites du groupe Fotovista. Chaque produit dispose d’une fiche technique, d’un visuel, d’un prix, et d’une quantité. Le tout en six langues. Un système d’alerte se déclenche lorsqu’un produit devient obsolète ou qu’un stock atteint un
niveau minimal. Autre fonction, le ‘ comparomètre ‘ permet à un téléopérateur de noter, d’un coup d’?”il, les différences entre plusieurs appareils. Une véritable aide à la vente. Nous travaillons
aussi sur l’authentification unique. La multiplication des sites augmente d’autant le nombre d’identifiants et de mots de passe. Plutôt qu’adopter les solutions de single sign-on (SSO), chères, longues à mettre en ?”uvre et cibles favorites des
hackers, nous avons préféré développer un portail qui ouvre l’accès aux différents sites en fonction des droits de l’utilisateur. La prochaine étape du programme Scud (Système centralisé utilisateurs et droits) consistera à proposer un certificat
utilisateur ?” ce dernier pourra ainsi accéder aux sites depuis n’importe quelle connexion dans le monde. Ce certificat se présentera sous forme de programme Visual Basic embarqué sur une clé USB.Quels sont vos nouveaux projets ?Nous avons débuté l’informatisation de nos forces de vente. Les vendeuses qui visitent les maternités sont équipées d’assistants personnels (PDA). Les données enregistrées sont synchronisées tous les soirs par modem. Ce projet a été
financé par la seule suppression des tâches de ressaisie, jusqu’alors effectuées au siège. Sans que cela n’occasionne de licenciements. Les équipes nomades de Press Labo Service seront également dotées de PDA avec connexion GPRS. Par ailleurs, des
bornes de déchargement de cartes numériques sont actuellement en test chez une dizaine de marchands de journaux parisiens. Conçue en interne, la borne Fotovista lit tout type de carte mémoire. Une fois gravé, le CD-ROM est remis au marchand de
journaux avant de suivre le chemin classique d’une pellicule. Pour assurer la maintenance des PDA et des bornes, un service de SAV et de hotline de trois ou quatre personnes sera monté.Pour quelles raisons avez-vous choisi le logiciel libre ?Nous avons opté pour l’open source non seulement pour le développement de sites Web ?” plate-forme Lamp (Linux, Apache, MySQL, PHP) en remplacement du mode ASP ?”, mais aussi pour toute la partie réseau
?” pare-feu, proxy, routeur… Ce n’est pas un parti pris anti-Microsoft. Notre messagerie repose sur Exchange, et nos postes tournent sous Windows. A mes yeux, le logiciel libre ne réunit que des avantages. Au-delà du coût nul
d’acquisition, l’open source s’avère plus sûr et présente très peu de bogues. Une communauté de développeurs ne sera jamais rattrapée par un éditeur, quel qu’il soit. Enfin, le côté Robin des bois du libre constitue un atout pour le recrutement. Il
attire de jeunes diplômés très motivés.
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