“Des lois sociales rigides, des impôts excessifs et trop de bureaucrates : la France est un pays qui ne devrait pas marcher. Pourtant, il marche.” Cette opinion définitive s’étalait il y a peu à la Une de Fortune. J’adore la manière avec laquelle les Américains nous regardent, comme si nous étions des singes savants enfermés dans une cage protectrice posée au milieu de la jungle du libéralisme.Or, ils auraient dû se méfier. Nous, on est adeptes de la phrase de Churchill, à moins que ce soit de Kennedy : “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.” Continuer à être productifs en travaillant 35 heures est un mystère qui étonne la terre entière. Il ne faut surtout pas divulguer notre méthode.Personne ne doit savoir la vitesse à laquelle se répandent les informations dans nos entreprises, par la technique dite du “Corridor’s Noise”, 100 fois supérieure à celle du net. Surtout ne pas avouer que nous prenons nos décisions à la cafétéria entre 9 heures 30 et 10 heures, à l’heure où tout bâillement est un acquiescement. Même sous la torture, nous n’expliquerons jamais quelle logique implacable suit un repas d’affaires, à partir de la quatrième bouteille. Les étrangers ne peuvent pas imaginer la somme de réflexions que nous emmagasinons durant nos congés (“Ta marque de crème, c’est quoi déjà ?” est une phrase codée que jamais la CIA ne pourra décrypter). Quant au rôle de l’État, ne dites pas que c’est un leurre, car les ministères sont remplis de gens qui font des affaires toute la journée. C’est ça le génie. On n’y peut rien, on est né comme ça, avec un nez qui sent immédiatement le bon coup quand il faut des heures de travail à Arthur (Andersen) pour arriver au même résultat. Parfois on se trompe, quand on essaye de copier les autres, mais on rectifie vite. Par exemple, fabriquer des ordinateurs. Nous les Français, on nest pas fous, on a abandonné ce business bien avant les Américains.
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