Lancé en septembre dernier, l’outil de traduction en ligne de Thales (ex-Thomson CSF), spécialiste des systèmes de défense, d’aéronautique et des technologies de l’information et des services, est présent dès la page d’accueil de l’intranet mondial Thalesweb. Il trône entre l’annuaire des salariés et le moteur de recherche. “Cet outil d’aide à la traduction fait partie d’une démarche plus large qui consiste à mettre des outils de groupware et de knowledge management à la disposition de nos collaborateurs, de façon à les aider dans leur travail au quotidien “, explique Philippe Faugeron, responsable des technologies et des services collaboratifs au sein de la direction des systèmes d’information (DSI) de Thales.Loin d’être un gadget, cette application participe à un nouveau mode de travail dans l’entreprise, au même titre que les agendas et les plannings partagés sous Lotus ou les téléréunions par webcam. Elle répond à un besoin réel exprimé par les salariés.
L’outil magique de traduction n’existe pas
“Depuis longtemps, nous cherchions l’outil magique de traduction ; il n’existe malheureusement pas aujourd’hui. Nous avons donc revu nos exigences et fait le tour des solutions de traduction à destination des entreprises. Beaucoup se révèlent peu satisfaisantes “, constate Philippe Faugeron. Début 2001, il teste la technologie Reverso de Softissimo, mise en ?”uvre sur d’autres intranets de grands groupes tels que Bosch, EADS ou Orange. Il la soumet ensuite au jugement d’une dizaine de collaborateurs, dont l’un s’est amusé à traduire Le Petit Chaperon rouge avec, semble-t-il, de grosses surprises. “Ce n’est pas l’outil qui résout tous vos problèmes de traduction, mais les résultats aident vraiment à la compréhension des textes et des e-mails “, indique Philippe Faugeron, rassuré également par la bonne tenue du logiciel en montée en charge.Ces solutions de traduction en ligne ne pénalisent pas en effet les ressources de l’intranet existant lorsqu’elles sont installées, comme chez Thales, sur un serveur dédié. Cette configuration autorise la traduction de fichiers assez gros et l’édition de statistiques de consultation. “Cependant, mieux vaut éviter les documents de 100 pages ou les tableaux avec des puces… Les résultats sont meilleurs si le texte de départ est bien rédigé, avec des phrases complètes comprenant sujet, verbe et complément”, constate Philippe Faugeron. Sans oublier de tenir compte du contexte.
Comme par exemple, une revue de presse : “À la différence des journaux français, la presse anglo-saxonne aime les titres sans verbe, avec des mots clés qui résument le contenu de l’article. Si vous n’avez pas lu le texte auparavant, il vous sera très difficile de le traduire correctement. Le logiciel ne fera pas mieux, reconnaît Théo Hoffenberg, directeur de Softissimo. La traduction reste soumise aux aléas du texte d’origine. Entre l’anglais et le français, les nuances s’avèrent très nombreuses. Mais si l’on écrit de manière claire et intelligible, la traduction sera bonne.”En novembre dernier, soit deux mois après sa mise en service, effectuée sans aucune publicité interne, l’outil rassemblait déjà 1 000 utilisateurs quotidiens. D’après les statistiques, 90 % d’entre eux étaient basés en France. Une action de communication est envisagée afin de sensibiliser l’ensemble des directions et des services dans le monde.
Trois applications possibles, le web, les e-mails et les fichiers
Dans la pratique, le choix de la langue (anglais et français) s’effectue en sélectionnant le petit drapeau correspondant. L’outil propose ensuite 3 options, accessibles en cliquant sur l’un des 3 onglets “Texte” (traduction de textes courts : e-mails, courrier), “URL” (traduction de pages web ou intranet) ou “Fichier” (traduction de fichiers .doc et .ppt aux formats “.rtf“, “.txt” ou “.htm“).“En entreprise, l’utilisation de l’outil en ligne porte, dans l’ordre, sur les e-mails entrants et sortants, sur les pages web externes et enfin, sur les documents internes, comptes rendus de réunions et fichiers Word”, précise Théo Hoffenberg de Softissimo. Après un simple copier-coller ou la désignation du document cible, la traduction est quasi instantanée (une page, une seconde). Lorsque le traducteur a un doute, il propose plusieurs options.Conscients des limites actuelles de la traduction assistée, les responsables de Thalesweb ne présentent pas ce service comme le couteau suisse de la traduction, mais comme “un outil qui aide, entre autres, à comprendre, ou à mieux comprendre, un document rédigé en langue étrangère.” L’utilisateur est d’ailleurs invité, via un avertissement, à vérifier et à corriger le texte traduit, si nécessaire.
Prochaine étape : la création de dictionnaires spécialisés
En version intranet, la solution Reverso comprend un dictionnaire standard. Afin d’améliorer les résultats et de coller au plus près aux besoins des utilisateurs, l’outil doit être enrichi. “Lorsqu’un nom de ville comme Colombes apparaît, il est traduit par son nom d’oiseau. D’où l’importance de créer des lexiques spécifiques, un dictionnaire généraliste où figurent des expressions et du jargon usuel, puis d’autres, plus techniques, spécialisés par métier.” Mais dresser l’inventaire des termes demande plusieurs mois. Des communautés spécifiques créent ces lexiques. Mais l’ensemble des utilisateurs contribuera à les enrichir en cours d’exploitation, optimisant ainsi la qualité des traductions.Thales souhaite également ajouter l’italien, l’espagnol et l’allemand à son traducteur multilingue.
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