Passer au contenu

TF1 et Vivendi : vers un nouveau Yalta ?

” Côté Vivendi, une paix des braves scellée sur le mode World Company ?” la France à TF1, le reste du monde pour nous ?” ne serait pas sans logique, compte tenu de l’américano-tropisme du groupe. “

Si l’état de santé de l’exception culturelle française a occupé, grâce à Jean-Marie Messier, les débats d’une ?” relative ?” trêve des confiseurs, pour de nombreux experts, les développements intervenus entre les deux réveillons pourraient ancrer la France dans une autre exception : la coexistence durable de deux opérateurs de télévision par satellite. En rachetant les parts de France Télévision et France Telecom, TF1 détiendra bientôt 50 % de TPS, à égalité avec le pôle Suez-M6. Suez est vendeur de ses actifs dans la communication, et l’autre groupe (dont dépend M6), RTL Group-Bertelsmann, est sorti de la télévision payante pour se concentrer sur la télévision gratuite. La tentation est donc grande d’imaginer TPS, dans lequel TF1 serait monté à 100 %, guerroyer durablement contre Canal Satellite. Et la France échapper au mouvement centripète qui voit les opérateurs satellitaires se rapprocher en Pologne, en Scandinavie, en Italie ou encore aux États-Unis.CQFD ? La probabilité d’une alliance nous semble grandir, à l’inverse, pour des considérations symétriques à celles qui nous la rendaient difficilement envisageable lors des rumeurs de l’automne dernier : à l’époque, des parités de fusion fondées sur les nombres d’abonnés et tours de table respectifs des deux bouquets créditaient royalement TF1 de quelque 10 % du capital de l’ensemble unifié. Impensable pour un groupe dont la maîtrise du paysage audiovisuel hexagonal constitue le c?”ur de la stratégie.Venir à la table des négociations en position d’actionnaire unique de TPS serait bien sûr une autre affaire. À court terme, cela sortirait TPS du dilemme que représente la distribution commerciale de la télévision numérique terrestre : “Y aller” mais relancer un cycle d’investissement et risquer de repousser encore un point mort prévu en 2004, ou bien laisser le champ libre à Canal Plus et ne pas contrôler la commercialisation des chaînes filles (LCI, Eurosport, TF6, etc.) ou nièces (TPS Star). À plus longue échéance, un rapprochement permettrait d’améliorer des perspectives de rentabilité dont Patrick Le Lay indiquait début décembre qu’elles n’étaient pas mirobolantes dans le cadre d’exploitations concurrentes. Côté Vivendi, une paix des braves scellée sur le mode World Company ?” la France à TF1, le reste du monde pour nous ?” ne serait pas sans logique, compte tenu de l’américano-tropisme croissant du groupe, du fait que Canal Plus pèse désormais moins de 5 % de son chiffre d’affaires, ou parce que la mise en parallèle des deals passés la même semaine avec USA Network et Echostar, d’une part, de la polémique causée par ses propos sur l’exception française, de l’autre, pourrait inciter Jean-Marie Messier à s’éloigner de l’Hexagone. Dès lors, Vivendi pourrait se montrer beau joueur dans la négociation du tour de table et du partage des responsabilités d’un bouquet fusionné.

Trois obstacles

Ce scénario se heurte à trois obstacles au moins. Le premier ?” la vente à TF1 des actions TPS de M6 et Suez ?” est sans doute le moins définitif : au-delà des psychodrames de l’année 2001, il s’agit d’une affaire d’argent. Le second s’appelle Lagardère : dans un déroulement idéal, la privatisation possible de France 2 lui donnerait les moyens d’assouvir ses ambitions audiovisuelles mais elle lui créerait un besoin de cash et le rendrait donc vendeur de sa position dans Canal Satellite. Un terrain d’accord devra être trouvé à défaut. Les instances nationales ou communautaires de la concurrence pourraient constituer l’obstacle le plus déterminant. La lecture du prochain rapport Gallot devrait donner quelques indications de la position des autorités nationales de la concurrence, dans l’hypothèse dun tel rapprochement.* consultant nouveaux paysages audiovisuels

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Bailly*