Entre Assassin’s Creed : Unity, FarCry 4, Dragon Age : Inquisition, Call of Duty, DriveClub voire la dernière extension de WoW, la fin de l’année 2014 est très prolifique en jeux vidéo. Nous passons beaucoup de temps sur nos consoles et PC à enchainer les titres et -teasing !- préparer nos dossiers de Noël dont le premier sera publié le 5 décembre prochain.
Parmi les attendus mais n’ayant pas eu autant d’exposition que le dernier opus des Assassins d’Ubisoft, il y a The Evil Within. Edité par Bethesda, le papa de Skyrim ou Elder’s Scroll Online, et développé par Tango Networks, ce jeu signe le retour du “Survival-Horror” sur PC et consoles. Un genre qui a connu ses lettres de noblesse avec le premier épisode de la longue (et pas toujours réussie) série des Resident Evil. D’ailleurs, c’est le géniteur de ce dernier qui est à l’origine de The Evil Within, M. Shinji Hikami. Grand maître vidéoludique japonais du genre, il est connu pour son imaginaire gore mais débordant (d’hémoglobine ?). Les scénarios en revanche, ne sont pas toujours son fort. Heureusement, TEW a été soigné de ce côté-ci, mettant en scène des personnages à l’esprit torturé, servant à exposer la noirceur humaine au sens propre comme au figuré. Ca donne envie, hein ? Nous étions donc plein d’enthousiasme et un peu apeuré à l’idée de plonger dans ce jeu mais, après deux dizaines d’heures passées dessus, notre conclusion est claire : « même pas peur, même pas mal et peut mieux faire ».
Un scénario et un univers très… inspiré
Bethesda nous promettait un scénario original et c’est bien le cas, ce dernier est même assez réussi. Pas de spoiler si vous n’y avez pas encore joué mais sachez qu’il faut avoir l’esprit ouvert et prévoir 20 à 25 heures de jeu pour en faire le tour. Mélange entre Inception, Resident Evil, Silent Hill ou encore la Colline a des yeux, autant vous prévenir : si vous êtes sensible et tournez de l’oeil à la seule idée de faire une prise de sang, passez votre chemin. Le rouge coule à flot donc, et le monde de The Evil Within est un fantasme tout droit sorti d’un imaginaire malade où réalité et fiction se mélangent, se séparent et se remélangent.
Entre les espèces de zombies bardés de barbelés (les Hantés), vous poursuivant, les boss féminins, nues, à plusieurs bras et dégoulinant de sang ou encore les bouchers équipés de tronçonneuses ou outils tranchants et contendants en tout genre afin de venir se tailler un steak sur votre personnage, il est bien difficile de rencontrer des humains dans ce jeu. En fait, il n’y en a qu’une poignée. A commencer par vous, Sebastian, inspecteur de police alcoolique ayant perdu femme et enfant. Vous partagez votre étrange aventure avec deux de vos collègues, un médecin et un autiste. La fine équipe. Et tous ont un rôle à jouer dans le scénario qui monte bien en puissance et retombe aussi vite qu’un soufflé au fromage. Dommage.
De l’immersion et de la progression
Nous le mentionnions plus haut, l’univers de The Evil Within est glauque et résolument gore et cataclysmique. Maison délabrée, hôpital abandonné où sévissent les pires horreurs, vous allez explorer de bien beaux endroits. Même dans les parcs ou régions boisées, vous n’étendriez pas une couverture pour pique-niquer. Vous les parcourez en vue à la troisième personne, avec une caméra légèrement décalée sur le côté, plus au niveau de l’épaule, voire de trois quart arrière. Deux bandes noires, façon cinéma, encadrent en permanence la scène et la caméra est globalement assez bien gérée. Cependant, ses mouvements sont -en tout point- similaires à ceux des différents Resident Evil.
En bon survival horror nouvelle génération, The Evil Within emprunte quelques éléments à certains autres jeux comme son système d’amélioration de personnage. Ce dernier vous oblige à des choix d’orientation de gameplay mais, aussi, à faire des aller-retours entre l’Aventure et l’Asile. Cet endroit est accessible uniquement par l’intermédiaire de miroirs cachés dans différentes pièces du monde chaotique.
Dans cette dimension parallèle, plus calme mais tout aussi étrange, vous deviendrez plus précis avec certaines armes, plus rapide au moment de les recharger, ou augmenterez votre barre de vie, etc. Vous les payez avec une masse verte immonde que vous récoltez sur certains ennemis ou dans des bocaux cachés dans le jeu. Et, pour que vous vous sentiez encore plus mal dans vos chaussures, votre “banc de musculation maison” n’est autre qu’un ersatz de chaise électrique vous plantant des aiguilles dans le cerveau et les membres. Charmant. Les séances d’acuponcture musclée deviennent rapidement une obligation pour progresser dans les chapitres de l’histoire. C’est aussi à l’Asile que vous utilisez les clés cachées dans des statues, elles-mêmes dissimulées dans les niveaux. Il faudra les utiliser à la morgue pour déverouiller les portes des frigos et trouver des bonus. Enfin dernière utilité de cet Asile, la sauvegarde de votre progression. Certes, des points d’enregistrement automatiques s’activent à intervalles réguliers mais rien ne vaut une sauvegarde de début de niveau en cas de coup dur.
Qui veut aller loin ménage ses munitions
Au cours de votre cauchemar, il va falloir déglinguer du méchant. Mais, attention, uniquement avec parcimonie et sans mourir. Et dans un The Evil Within, la tâche est assez ardue. Là aussi, héritage de Resident Evil oblige, vous devez économiser vos munitions des différentes armes (pistolet, arbalète, fusil à pompe) car elles se font rares. De plus, les armes ont une précision assez relative donc défourailler en courant est exclu. Il faut s’arrêter, viser, tirer. Donc, mieux vaut passer discrètement derrière un ennemi, le distraire en lançant une bouteille ailleurs et, si vous n’avez pas le choix, tenter une élimination au corps-à-corps que de vider un chargeur sur son buste en espérant le faire mourir. Car techniquement, il est déjà mort et surtout, pour le (re)tuer, c’est « pruneau dans le citron » obligatoire. Vous pouvez tenter de lui mettre votre point dans la tête mais à vos risques et périls. Les créatures ont du répondant et votre barre de vie n’est pas un modèle de durabilité. Trois coups de poings suffiront à la vider. D’ailleurs, les animations de vos différents trépas valent le coup d’œil : démembrement, tête écrasée, tronçonneuse passée au travers du corps…
Plus agacés qu’effrayés
Mais nous qui nous attendions à devoir jouer la lumière allumée avec quelqu’un dans la pièce pour être rassuré, que nenni ! C’est plus un sentiment de malaise qu’une peur véritable qui vous prend pendant vos parties. Et puis, pour la première fois dans notre vie de gamer, il nous a été impossible de jouer plus de deux ou trois heures de suite sans être agacé par un détail, une mécanique de jeu. Par exemple, ces points de sauvegarde trop éloignés qui nous obligent à subir toute une cinématique. Ou encore nos tentatives désespérés pour échapper à un boss immortel (le géant à la tête de coffre-fort…vous comprendrez quand vous y serez) en essayant de ne pas mourir lors des scènes en Quick Time Event.
Nous avons été agacés aussi par la rigidité du gameplay. Certaines situations sont abordables de plusieurs façons mais ces situations sont trop rares en intérieur. On vous permet bien une ou deux fantaisies de temps en temps comme, par exemple, d’utiliser un élément mobile du décor pour écraser des ennemis. Ou vous la jouez assassin et éliminer les monstres silencieusement afin de continuer votre route sans avoir à nettoyer la zone. Mais guère plus.
Le point culminant de notre agacement : la qualité des graphismes. On a connu plus réussi. Ce n’est pas moche non plus. Pourtant, avec notre machine de guerre de test et tous les détails graphiques à fond, nous nous attendions à des textures fines, des effets léchés, des rendus réussis. Mais non. Après plusieurs heures à parcourir ce cauchemar, on sent bien que The Evil Within a d’abord été développé pour les consoles Old Gen et que le moteur graphique utilisé a été modifié en profondeur pour les lisser au maximum et gommer quelques polygones un peu trop saillants. L’influence des vieilles consoles se ressent clairement. Pire, certaines textures datent d’un autre âge et semblent figées, sans aucune aspérité. Tout comme certains effets de lumière qui desservent l’environnement en mettant bien en évidence la faiblesse des graphismes plutôt que de les dissimuler avec astuce.
The Evil Within sera-t-il à mettre sous le sapin ? Oui, seulement pour les plus de 18 ans et si vous avez envie de rompre avec la belle magie de Noël et la saupoudrer de quelques entrailles. Ce n’est clairement pas notre coup de cœur de cette fin d’année mais, malgré ses défauts et ses mécanismes convenus, nous y sommes revenus pour avoir le fin mot de l’histoire.
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